Au Liban, on admet pour la première fois : « Nous avons perdu, nous payons encore le prix du conflit avec Israël. »

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Alors que les combats continuent dans le sud du Liban, le patriarche maronite tient le Hezbollah pour responsable : « Un million et demi de Libanais ont été déplacés de leurs foyers et le monde reste silencieux. Encore une fois, nous payons le prix du conflit avec Israël. »

Ma’ariv

Dans une interview incisive accordée au journal Nidaa Al-Watan, le patriarche maronite Béchara Raï a sévèrement critiqué la poursuite des combats dans le sud du Liban et a pointé la responsabilité de la situation sur le Hezbollah. « Cette guerre destructrice a un coût énorme : un million et demi de Libanais ont été déplacés de leurs foyers, des milliers d’innocents ont été tués, et des dizaines de milliers blessés », a déclaré Raï, « tandis que le Hezbollah poursuit cette campagne destructrice. »

Le dirigeant chrétien a exhorté le Hezbollah à « tirer des leçons de la guerre » et a souligné que, selon les accords de Taëf, la souveraineté du Liban exige que les armes soient exclusivement entre les mains de l’armée libanaise. « Le Liban est le grand perdant jusqu’à présent », a-t-il ajouté, « il paie encore et encore le prix du conflit avec Israël. » En évoquant la question de la zone tampon prévue à la frontière sud, le patriarche a déclaré qu’il n’y a aucune garantie pour la sécurité des citoyens tant que les combats se poursuivent. Il a expliqué que l’Église travaille avec des ambassadeurs étrangers pour tenter de protéger les civils, « mais il semble que le Premier ministre Netanyahou ne cessera la campagne qu’une fois la sécurité des habitants du nord assurée. »

Le patriarche a appelé à revenir au principe de la neutralité positive du Liban, qu’il considère comme « la seule garantie de paix dans le pays. » « Nous prions pour que le Liban obtienne une pleine souveraineté sur tout son territoire, avec une armée et des forces de sécurité nationales, et un gouvernement unifié représentant la volonté de tous les Libanais loyaux envers leur pays », a-t-il conclu.

Les déclarations du patriarche maronite interviennent en pleine crise politique au Liban. Le pays est sans président en exercice, et selon Raï, le maintien du vide politique en temps de guerre est « un crime contre l’État. » Il a exprimé une inquiétude particulière quant aux conséquences du déplacement massif des habitants du sud sur le tissu communautaire du Liban, appelant toutes les factions à éviter d’exploiter la situation pour modifier l’équilibre démographique du pays.

En outre, le patriarche a également abordé la question de l’émigration croissante depuis le Liban, qui touche toutes les communautés. Il a exhorté les habitants contraints de partir à « conserver leurs biens au Liban et à ne pas se précipiter pour les vendre », soulignant que seule une véritable solution à la crise passera par des réformes globales et la reconstruction des institutions de l’État.

Le patriarche maronite Béchara Raï dirige l’Église maronite du Liban depuis 2011, et il est le leader spirituel de la plus grande communauté chrétienne du pays. Son influence est importante non seulement sur le plan religieux, mais aussi dans la sphère politique libanaise. Par le passé, Raï a adopté une position relativement prudente envers le Hezbollah, mais depuis la crise de 2019 et l’effondrement économique du Liban, il a intensifié ses critiques contre l’organisation. En 2020, il a lancé un appel historique en faveur de la « neutralité » du Liban, perçue comme une opposition à l’implication du Hezbollah dans les conflits régionaux.

Sa récente apparition en couverture du journal Nidaa Al-Watan marque le retour du journal sur la scène médiatique libanaise. Le journal, connu pour sa ligne indépendante, reprend ses activités à une période particulièrement sensible de l’histoire du pays. Ses déclarations virulentes dans cette interview sont considérées comme les critiques les plus explicites qu’il ait formulées contre le Hezbollah, et elles ont un écho considérable au Liban et dans le monde arabe.

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