Israël signe un accord historique avec l’Egypte

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Accord gazier historique entre Israël et l’Égypte : un tournant énergétique et stratégique
Israël vient de signer le plus important contrat d’exportation de son histoire, avec un accord de fourniture de gaz naturel à destination de l’Égypte, estimé à 35 milliards de dollars. Cette transaction, conclue entre le consortium NewMed Energy (anciennement Delek Drilling) et ses partenaires du champ gazier Léviathan, ainsi que l’entreprise égyptienne Blue Ocean Energy (BOE), constitue un tournant majeur dans les relations énergétiques régionales.

L’accord porte sur la livraison de 130 milliards de mètres cubes (BCM) de gaz naturel, répartis sur une période allant jusqu’à 2040. Il s’agit à la fois du contrat le plus volumineux et du plus lucratif jamais conclu par Israël en matière d’exportation.

Une mise en œuvre en deux étapes
L’application de l’accord suivra un déploiement en deux phases.
Dans un premier temps, à compter de 2026, 20 BCM seront exportés, à condition que deux projets d’infrastructure clés soient achevés :

Le renforcement de la capacité du gazoduc Ashdod-Ashkelon, qui permettra un flux accru vers l’Égypte via la ligne EMG reliant Ashkelon à El-Arish.

La construction d’un nouveau gazoduc reliant Ramat Hovav à Nitzana, point de passage stratégique vers le territoire égyptien.
La seconde phase de l’accord, bien plus ambitieuse, concernera l’exportation de 110 BCM supplémentaires. Elle dépendra de l’achèvement de la phase 1B du développement du champ Léviathan, avec une augmentation de la capacité de production annuelle passant de 21 à 23 BCM.

Un partenariat énergétique à portée géopolitique
Depuis 2020, Israël exporte déjà du gaz vers l’Égypte dans le cadre d’un contrat signé en 2019 portant sur 60 BCM. Le nouvel accord vient renforcer ce partenariat, en inscrivant Israël comme un acteur énergétique incontournable dans la région.

Pour les autorités israéliennes, cette avancée ne se limite pas à une réussite économique. Elle reflète également un progrès stratégique. Le PDG de NewMed Energy, Yossi Abu, a qualifié cet accord de « bouleversement dans le paysage énergétique régional », ajoutant que « Léviathan n’est pas seulement une source de gaz, c’est un levier de transformation géopolitique ». Il a tenu à souligner la contribution de toutes les parties prenantes, notamment celle de Yits’hak Techouva, principal actionnaire du groupe.

Un levier pour l’indépendance énergétique
Le champ Léviathan, situé au large des côtes israéliennes, est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands gisements découverts en Méditerranée orientale. Les réserves restantes sont estimées à près de 600 BCM, ce qui suffirait à couvrir les besoins en gaz du marché intérieur israélien jusqu’en 2064, tout en assurant des volumes importants pour l’export.

Ce potentiel confère à Israël un avantage stratégique sur le plan énergétique : assurer sa propre sécurité d’approvisionnement tout en devenant fournisseur pour ses voisins.

Déjà en juin 2024, le ministère israélien de l’Énergie avait évoqué la possibilité d’approuver l’exportation de volumes supplémentaires compris entre 118 et 145 BCM. Une telle orientation laisse entrevoir d’autres accords similaires dans les mois ou années à venir, avec des pays de la région ou au-delà.

Vers une intégration régionale renforcée
Selon Yossi Abu, NewMed Energy est déjà en discussion avec d’autres partenaires au Moyen-Orient pour la conclusion de nouveaux contrats. L’objectif affiché est clair : renforcer l’interconnexion régionale grâce à la coopération énergétique.

Dans un contexte marqué par des défis géopolitiques constants au Moyen-Orient, cette stratégie s’inscrit dans une logique de stabilisation par les intérêts communs. Le gaz devient ainsi non seulement une ressource économique, mais aussi un instrument diplomatique.

L’accord signé avec l’Égypte place Israël dans une position de fournisseur clé d’énergie pour ses voisins. Il témoigne également d’une volonté croissante d’intégration économique régionale par-delà les clivages politiques.

Au-delà des chiffres et des tuyaux, c’est une dynamique plus large qui se dessine : celle d’un Israël énergétiquement souverain, économiquement ambitieux, et diplomatiquement actif sur la scène régionale.

Jforum.fr

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