La situation humanitaire à Gaza, déjà critique, est aujourd’hui au cœur d’un affrontement stratégique entre différentes forces en présence. Derrière les convois de vivres et les centres de distribution, c’est une lutte d’influence qui se joue, mettant en lumière les tensions entre le Hamas, Israël et l’ONU.
Or, cette initiative bouscule l’équilibre des pouvoirs en place. Selon des sources israéliennes, le Hamas, qui contrôlait jusqu’ici l’essentiel de l’aide humanitaire, perçoit cette nouvelle organisation comme une menace directe à son autorité. Ce groupe, tout en demeurant la principale force armée dans l’enclave, pourrait perdre son levier politique fondamental : la maîtrise de l’accès à la nourriture.
À cette tension s’ajoutent les difficultés logistiques et les dérives constatées sur le terrain. Si l’armée israélienne contrôle quotidiennement environ 60 000 colis pour garantir leur acheminement, des détournements opérés par des bandes locales et des groupes criminels ont été signalés. Selon un responsable israélien, certaines cargaisons sont interceptées non pas par le Hamas, mais par des individus désespérés ou des gangs sans affiliation directe.
La crise humanitaire s’aggrave avec le déplacement massif de la population. Près de 900.000 Palestiniens ont fui le nord de Gaza pour se réfugier dans la ville de Gaza, déjà densément peuplée. Ce regroupement pèse lourdement sur les infrastructures d’aide, un seul centre de distribution étant actuellement fonctionnel dans cette zone centrale.
Cette déclaration a été vivement contestée par le COGAT (Coordination des activités gouvernementales dans les territoires), qui a accusé l’ONU de diffuser des informations erronées. Selon le COGAT, il ne s’agirait pas de 10 000 camions, mais de centaines déjà présents à Gaza que l’ONU ne récupère pas côté palestinien. Israël assure avoir proposé plusieurs itinéraires pour permettre cette récupération en toute sécurité, même dans les zones d’opérations militaires.
La tension est montée d’un cran jeudi, lorsque le COGAT a accusé Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, d’avoir faussement affirmé que Fletcher avait récemment visité Gaza. En réalité, selon Israël, la dernière visite de ce responsable onusien remonte à février.
Ainsi, la distribution d’aide ne se résume plus à une mission humanitaire : elle est désormais un enjeu de souveraineté locale, d’image internationale et de légitimité politique. Gaza devient le théâtre d’un affrontement silencieux où la nourriture est, malgré elle, un instrument de pouvoir.
Jforum.fr