Le rêve du Guide suprême iranien, Ali Khamenei, d’anéantir Israël, reste bien vivant. L’objectif de l’attaque qu’il planifie depuis plusieurs fronts est clair : la conquête de Jérusalem. Voici comment Israël devrait s’y préparer.
Ma’ariv – Dr Yossef Menashri
Le jour où Israël célèbre Yom Yerushalaïm, marquant le retour de Jérusalem sous souveraineté juive après 2 000 ans, il est essentiel de se souvenir de l’ambition déclarée de l’Iran de « libérer » Jérusalem – au centre de laquelle se trouve la mosquée Al-Aqsa. Téhéran ne cache pas cette aspiration, mise en évidence notamment dans une affiche provocatrice diffusée en mai 2020 par le bureau de Khamenei, intitulée « La solution finale », une expression tirée du lexique nazi.
L’affiche représente des terroristes de différentes milices soutenues par la force Al-Qods, réunis à Jérusalem, armés, après avoir réussi à détruire Israël. On y reconnaît des membres du Hezbollah, du Hamas, de Fatemiyoun (milices chiites afghanes) ainsi que des milices chiites irakiennes, brandissant des portraits de Qassem Soleimani et Abu Mahdi al-Muhandis, assassinés en janvier 2020. Tous ces groupes se revendiquent des figures emblématiques comme Khomeiny, Khamenei, Soleimani, Ahmed Yassine et Imad Mughniyeh.
En mai 2021, un an après la diffusion de cette affiche, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré qu’une attaque contre Jérusalem déclencherait une guerre régionale. Il affirmait alors : « Ceux qui touchent aux symboles de l’islam devront affronter bien plus que la résistance de Gaza. »
Il a ajouté que la « bataille pour Jérusalem » (Harb al-Quds) marquait un tournant : pour la première fois, Gaza se battait non pour elle-même, mais pour Jérusalem.
Dans un discours prononcé en novembre 2023, peu après le début de la guerre actuelle, le chef des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, a appelé à reproduire l’attaque du 7 octobre dans une version « plus perfectionnée », simultanément à l’est, au sud et au nord, afin d’anéantir Israël.
Depuis des décennies, les hauts responsables du régime islamique iranien scandent, lors de la « Journée mondiale de Jérusalem » (instituée par Khomeiny), mais aussi à Gaza, Beyrouth, Bagdad ou Sanaa : « Mort à Israël ».
L’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas a été la preuve ultime qu’il faut prendre au sérieux les menaces de ces ennemis. Et ce n’est pas tout : depuis 2015, selon des déclarations de hauts responsables iraniens, Téhéran met en œuvre un plan opérationnel visant à réaliser l’ordre de Khamenei : détruire Israël dans les 25 ans.
En 2018, Hossein Amir-Abdollahian (devenu ensuite ministre des Affaires étrangères du président Raïssi, mort dans un crash en 2024) avait confirmé l’existence de ce plan opérationnel.
L’attaque du Hamas en octobre 2023 correspondait mot pour mot à ce que le leader du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, avait annoncé dans un discours prononcé le 17 décembre 2022 : « Nous viendrons à vous, avec l’aide d’Allah, comme un déluge rugissant. Nous viendrons à vous avec un flot sans fin de roquettes, avec une marée humaine de combattants, avec des millions de notre peuple. »
Conclusion : Israël doit prendre très au sérieux l’appel de Salami à mener une attaque coordonnée et meurtrière pour détruire Israël – d’autant plus que des sources affirment que des milieux iraniens envisageaient pendant la guerre des incursions terrestres depuis la Syrie (avant la chute d’Assad) et depuis la Jordanie.
Israël doit donc :
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Neutraliser les capacités ennemies ;
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Éroder leur motivation ;
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Adopter une stratégie offensive systématique contre l’Iran et ses alliés régionaux ;
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Achever la construction de la barrière frontalière avec la Jordanie ;
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Exploiter les opportunités géopolitiques (affaiblissement du Hezbollah, chute possible du régime syrien).
Autre leçon clé de la guerre actuelle : Israël doit impérativement renforcer son indépendance sécuritaire.
La dépendance à l’égard de l’armement étranger – notamment américain – rend Israël vulnérable, soumis à des délais et à des considérations politiques étrangères.
Il faut :
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Développer une industrie militaire nationale de pointe ;
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Garantir une capacité de réponse rapide, souveraine et adaptée ;
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Protéger les citoyens israéliens par des décisions indépendantes.
L’auteur est chercheur spécialisé sur l’Iran et les milices chiites à l’Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste.