Le rabbi de Kalov, par. Chemini : Les dangers du libre-arbitre pour les enfants

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“Tu ne boiras ni vin ni liqueur forte, toi non plus que tes fils, quand vous aurez à entrer dans la Tente d’assignation afin que vous ne mouriez pas” (Vayikra 10,9)

Nous vivons une période difficile, au cours de laquelle dans divers pays, les gouvernements tentent de s’immiscer dans les programmes scolaires de nos établissements privés, en nous imposant des sujets d’étude moralement incompatibles avec nos valeurs, prétendant qu’il faut accorder aux enfants le libre-arbitre.

Cette tentative émane d’une tendance minoritaire qui s’est répandue dans le monde, arguant qu’il faut permettre à chaque jeune de faire de sa vie et de sa santé ce qu’il veut, et l’adulte, aussi expérimenté et mûr fût-il, ne peut imposer à l’enfant son point de vue sur ses tendances. De ce fait, on propose aux enfants diverses approches et avis du monde entier, pour “élargir leurs horizons” et se familiariser avec le monde entier.

Or, la réalité prouve que cette voie bouche en fait la tête de l’enfant, car leur jeune cerveau se remplit de doutes et de confusion, et il grandit dans une atmosphère d’incertitude. Certains se dégradent terriblement, et finissent par devenir anxieux, voire à se suicider, que D’ préserve.

Donc, protéger les enfants de ces préjudices n’est pas coercitif, car l’enfant lui-même désire être protégé, sachant que chaque Juif est doté d’une âme sainte qui souhaite suivre la Tora. Or, il est sujet à l’influence du Yetser Hara’ qui tente de le détourner de la voie du bien, et nous l’aidons à surmonter son penchant.

Nous découvrons dans la Guemara (Kiddouchin 50a) que celui qui est tenu de donner le divorce, selon la Tora, à sa femme, mais refuse de le faire, y est obligé par la force, jusqu’à ce qu’il déclare : “Je le veux”. Le Rambam dit à ce sujet que même dans ce cas, on considère que le Guet (acte de divorce) est Cacher et a été donné de plein gré. Nous savons en effet que dans son for intérieur, l’homme désire se plier à la volonté du Créateur.
Le Ben Ich ‘Haï (dans son Niflaïm Ma’assékha) mentionne un récit illustrant l’idée que l’enfant ne désire pas qu’on lui accorde le droit de choisir : un voleur avait commis de nombreux vols, jusqu’à ce qu’il soit arrêté et condamné à la pendaison sur la place publique. Avant d’appliquer la sentence, on lui demanda d’exprimer sa dernière volonté, comme c’est l’usage avant une exécution. Le voleur exprima le souhait de voir sa mère pour prendre congé d’elle. Le fils serra sa mère dans les bras et soudain, on entendit un cri terrifiant, et la maman s’évanouit. Il s’avère que le voleur n’avait pas embrassé sa mère, mais l’avait mordue à l’oreille.

Lorsque les juges l’interrogèrent sur cette conduite, le voleur répondit : “Lorsque j’étais petit, j’ai raconté à ma maman que j’étais dans un magasin et que j’avais subtilisé un petit article, sans que le vendeur ne s’en rende compte. Ma mère ne s’était pas mise en colère contre moi et avait même remarqué : ‘Qu’est-ce que tu es intelligent !’ Le lendemain, je dérobai un article d’une valeur supérieure, et au lieu de protester contre mon vol, elle m’encouragea en m’expliquant que j’étais libre de suivre cette voie. J’ai plongé de plus en plus dans le vice au point de devenir un grand voleur. En conséquence, j’ai mordu l’oreille de ma mère qui a entendu que je volais, mais ne m’en a pas fait le reproche. Je fais ce récit en public, car de nombreux parents sont présents ici, et je veux qu’ils comprennent les conséquences lorsqu’ils voient leur enfant se conduire mal et qu’ils se taisent.”

Lorsque les juges entendirent ce récit et constatèrent que ses propos avaient eu un impact positif sur le public, ils décidèrent de le gracier.

A notre époque, même les nations du monde sont d’accord sur le principe que les parents doivent bannir certaines pratiques à leurs enfants. Ils ne permettent pas à leur enfant de côtoyer pendant plusieurs semaines des voleurs et des meurtriers, afin que l’enfant se familiarise au vol et au meurtre, afin qu’il puisse décider s’il veut devenir bandit ou non. Ils ne laissent pas non plus l’enfant faire l’expérience de diverses drogues et substances nocives. En effet, ils sont certains que ces pratiques sont mauvaises, même si l’enfant n’est pas encore en mesure de le comprendre.

C’est la même règle que nous appliquons, lorsque nous estimons que d’autres dangers menacent notre enfant, au même titre que le vol et le meurtre, comme l’hérésie et l’abomination et autres interdits mentionnés dans la Tora. Nous souhaitons donc que le point de départ du choix de nos enfants se situe au-delà de ces fondations élémentaires.
Lorsqu’un homme qui a traversé une crise difficile décide de mettre un terme à sa vie en se jetant du haut d’un immeuble, on tente de déjouer sa tentative de suicide, sans tenir compte du libre-arbitre et du raisonnement de cet homme qui a décidé que sa vie n’en était pas une, car c’est uniquement cet état temporaire d’anxiété qui recouvre d’une certaine façon sa volonté de vivre, et le rôle de la société consiste à l’aider à surmonter ces peurs, même par le biais d’une force coercitive. Par la suite, il nous en sera reconnaissant. C’est le même parallèle que le Juif vit sur le plan spirituel : il nous incombe de protéger les enfants pour éviter qu’ils ne sombrent dans une mort spirituelle.

Nous retrouvons ce sujet en allusion dans notre verset : “Tu ne boiras ni vin ni liqueur forte” : c’est une allusion aux savoirs des nations du monde, incluant l’hérésie et les abominations, comme l’indique le Zohar, qui sont comparées au vin qui introduit la confusion en l’homme, “ toi non plus que tes fils, quand vous aurez à entrer dans la Tente d’assignation” : soyez vigilants qu’ils ne s’abreuvent pas de sujets incompatibles à un établissement d’étude juive où réside la Présence divine, “afin que vous ne mouriez pas ” : pour échapper à la mort spirituelle. Ainsi, la Tora deviendra “une règle perpétuelle pour vos générations”, et ils pourront “distinguer entre le sacré et le profane, entre le pur et l’impur et le pur.”

Chabbath Chalom !

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