Le rabbi de Kalov, par. Pekoudé : accomplir les mitsvoth dans la joie

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« Une clochette, puis une grenade ; une clochette, puis une grenade, au bord de la robe, tout autour, pour le saint ministère, ainsi que l’Éternel l’avait ordonné à Moché » (Chemoth/Exode 39,26)

Le rav Efraïm Zalman Margaliot de Brode zatsal, auteur du Beth Efraïm, réservait chaque jour un horaire pour l’étude de la Tora jusqu’à ‘Hatsoth de la mi-journée, et demanda à la rabbanith de ne l’interrompre sous aucun prétexte, même si une bonne affaire venait à se présenter.

Un jour, des commerçants de Lamberger se présentèrent au domicile du Beth Efraïm, en expliquant à la Rabbanith qu’ils étaient pressés de quitter rapidement la ville : ils avaient besoin urgemment d’une somme d’argent, et de ce fait, ils proposaient une marchandise de qualité à vendre à prix très bas, grâce à laquelle son mari pourrait gagner facilement plusieurs dizaines de milliers de roubles.

La Rabbanite leur répondit que le rav se consacrait à ses heures réservées à l’étude du Talmud et qu’ils devaient attendre jusqu’à ‘Hatsoth. Ils argumentèrent qu’ils ne pouvaient pas attendre, et que pour une si grande somme, son mari serait d’accord de faire une pause dans son étude. Mais compte tenu de sa grande vertu, l’épouse ne voulut pas prendre la responsabilité d’un Bitoul Tora, et resta sur sa position : elle ne pouvait interrompre l’étude de son mari à aucun prix. Les marchands repartirent et vendirent leur marchandise à un autre commerçant.

À l’heure de ‘Hatsoth, lorsque le Beth Efraïm quitta sa pièce où il étudiait, la Rabbanith lui raconta ce qui s’était passé. Lorsque le Gaon apprit qu’il avait raté quelques milliers de roubles pour n’avoir pas arrêté son étude, il se réjouit intensément. Il expliqua que dans le Ciel, on paie le salaire d’une Mitsva selon la manière dont l’homme juge celle-ci dans ce monde. S’il apprécie tellement la Tora au point de ne pas reporter son étude pour quelques minutes en échange de plusieurs milliers de roubles, désormais, pour chaque minute d’étude, sa récompense sera multipliée par mille.

Nous apprenons de ce récit que la joie éprouvée par l’homme lors de l’accomplissement d’une Mitsva exprime la valeur qu’il porte à cette Mitsva, et son salaire est en fonction.
Rabbénou Bé’hayé, dans son ouvrage Kad Hakéma’h, stipule que la joie découlant des Mitsvot est une Mitsva de la Tora, qui fait partie intégrante du service divin et a même plus de valeur que la Mitsva. L’auteur du Or’hoth Tsadikim écrit : « Toute personne qui accomplit les Mitsvoth dans la joie bénéficie d’un salaire mille fois supérieur à celui pour qui la Mitsva est un poids. »

Rabbi Zoucha d’Anipoli interprète ainsi ce verset dans Tehilim (126,5) : « « Ceux qui ont semé dans les larmes, puissent-ils récolter dans la joie ! »: « Celui qui sème dans les larmes » : il est question de ceux dont le service divin est réalisé dans l’amertume, et « dans la joie » : ceux dont le service divin est réalisé dans la joie, tous deux « récoltent ». La différence entre les deux, c’est que : « C’est en pleurant que s’en va. » Le bénéfice gagné par le premier se résume uniquement à cela : « Celui qui porte les grains pour les lancer à la volée » : c’est-à-dire qu’il n’obtient que ce qu’il lance à la volée, mais pas plus. En revanche, celui qui « revient avec des transports de joie », qui réalise son service divin dans la joie, s’apparente à cela : « pliant sous le poids de ses gerbes » : ses gerbes, sa récompense, dépassent largement ce qu’il a semé. »

L’auteur de l’ouvrage Or Zaroua’ mentionne une histoire prodigieuse survenue à Worms : un homme très simple se dévoila en rêve, après sa mort, au rav de la communauté et lui raconta qu’il avait mérité d’entrer au Gan Eden avec de grands honneurs, uniquement par le mérite d’une Mitsva : il récitait toujours les Brakhoth joyeusement, à la maison comme à la synagogue.

Par le mérite de la joie de la Mitsva, on peut acquérir un niveau élevé de spiritualité. Ainsi, le Ari zal dévoile qu’il a eu accès à un savoir extraordinaire et à l’esprit prophétique grâce à la joie qu’il éprouvait dans son étude de la Tora et son accomplissement des Mitsvoth, il s’en réjouissait plus que s’il avait découvert un grand trésor.

Dans la même veine, on raconte que rabbi Avraham de Tchernov, auteur du Avné Nézer, rencontra un jour un homme qui avait été autrefois son ami avec qui il avait étudié dans sa jeunesse et qui se distinguait également par ses connaissances en Tora, ses bonnes actions et son service divin. Son ami lui demanda : « Comment as-tu mérité, plus que moi, que le monde entier te recherche et te considère comme un homme vertueux et saint ? Je ne vaux pourtant pas moins en Tora et en bonnes actions.»

Le rav de Tchernov lui répondit par une question : « Dis-moi, mon ami, as-tu le souvenir du moment où tu as ressenti la plus grande joie de ta vie ?» Il répondit : « Oui, je m’en souviens, c’est lorsque j’ai gagné en une fois dix mille pièces d’or. »

Le rav lui répondit : « Sache que j’éprouve cette joie mille fois chaque jour lorsque je m’apprête à mettre les Tefilines, pas uniquement au moment où je les mets, mais aussi lorsque je les sors de leur étui et que je les tiens en main pour les mettre, j’éprouve déjà une joie intense. »

Nous remarquons que de nombreux Tsadikim, dont mon vénérable ancêtre rabbi Yits’hak Eizik de Kalov, que son mérite nous protège, investirent d’importantes ressources dans la musique, qui produit un état d’esprit favorable à la prière ainsi que dans les repas du Chabbath. En effet, les mélodies contribuent à servir le Créateur dans la joie, et grâce à cela, on mérite un grand salaire sur le plan spirituel et matériel.

C’est pourquoi Hachem nous prescrit de placer des grenades et des clochettes sur le manteau du Cohen Gadol qui s’apprête à effectuer son service dans le sanctuaire, à titre de rappel pour les Bené Israël : si un Juif désire acquérir de multiples mérites comme la grenade remplie de graines, il faut suivre le Choul’han ‘Aroukh : à Roch Hachana, on est tenu de consommer des grenades afin que nos mérites se multiplient comme la grenade ; au moment de l’accomplissement de la Mitsva, on est tenu de ressembler à la clochette qui évoque la joie, car par le biais de la joie dans la Mitsva, on obtient d’incommensurables mérites.

Chabbath Chalom !

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