«Quant aux simples miliciens, ils avaient butiné chacun pour soi» (Bamidbar 31,53).
La méthode du Yetser Hara consiste à inciter l’homme, dès le matin, à se presser sur son lieu de travail le plus tôt possible, lui donnant le sentiment qu’il est perdant à chaque instant où il y arrive tard. Il l’incite ainsi à ne pas rester à la prière en public du début jusqu’à la fin, en inévitablement de réciter toutes les bénédictions et de répondre « Amen ». Il le pousse à arriver tard et à repartir tôt.
Le Satan parvient parfois à convaincre l’homme de ne pas prier en Miniyan, mais de prier en toute haine à la maison. En période estivale où il est plus difficile de trouver des Miniyanim, l’épreuve est encore plus grande à cet égard.
Ainsi, l’homme doit réfléchir à l’idée qu’il tire un grand profit de la prière en public, car celle-ci accomplit de grandes choses, grâce à la force du nombre, comme l’affirment nos Sages (Berakhot 8a) sur le verset (Yov 36,5) : « Vois, D’ est puissant et Il ignore le dédain » : D’ ne méprise pas la prière en public.
Il est indispensable de prier en public depuis le début jusqu’à la fin, afin de répondre 90 fois « Amen », qu’il est louable de répondre chaque jour, comme l’affirme le Zohar Hakadoch : les lettres du terme Tsedaka forment les termes : Tsadik (90) Aménim, Dalet (4) Kedouchoth, Kouf (100) bénédictions, Hé (5) Livres de la Tora : il s’agit d’une Tsedaka spirituelle, grâce à laquelle l’homme donne une vitalité dans le Ciel, dans les mondes supérieurs.
En répondant Amen Yehé Chemé Rabba, on s’attire beaucoup d’influx positifs, comme l’indiquent nos Sages (Chabbath 119b) : toute personne qui répond Amen Yehé Chemé Rabba de toutes ses forces voit sa sentence déchirée, et les portes du jardin d’Eden s’ouvrent devant elle, et de sévères décrets sont abolis.
L’auteur du Pélé Yoets affirme que si l’on connaissait l’ampleur de la récompense qui attend celui qui répond Amen Yehé Chemé Rabba, tous courraient pour l’écouter et y répondre, et on se réjouirait de cette possibilité comme si on avait trouvé un grand trésor.
Cela constitue aussi une protection contre les ennemis des Juifs, comme l’indique le Zohar sur la paracha Vayélekh : lorsqu’Israël veille à répondre correctement Amen, leur prière visant à être protégés de la malveillance des non-Juifs, est agréée.
À ce sujet, le ‘Hafets’ Haïm écrit dans son ouvrage Ahavat ‘Hessed (deuxième partie, 5) : « Je suis étonné par ceux qui cherchent des Segouloth et qui, à ce titre, gaspillent des centaines et des milliers, et leur argent se perd sur des remèdes superficiels qui n’auront aucun effet, et ils gaspillent leurs forces en vain. Il serait préférable de réaliser les Segouloth figurant chez nos Sages. Voici une Segoula extraordinaire qui est à notre portée à raison de dizaines de fois par jour. C’est une Segoula mentionnée chez nos Sages pour se faire pardonner des fautes et abolir des mauvais décrets : lorsqu’on est pointilleux de répondre Amen à voix haute, on acquiert une muraille de protection qui nous entoure d’anges protecteurs.
Le ‘Hafets’ Haïm indique également dans une missive publiée en 1914, au début de la Première guerre mondiale : » Chacun a l’obligation de se rendre au Beth Hamidrach avec ses enfants et de répondre Amen Yehé Chemé Rabba… Kedoucha Berikhou. De cette façon, chaque jour, plusieurs décrets visant le peuple juif sont abolis. On ne peut estimer à sa juste valeur le nombre de délivrances pour le peuple d’Israël si toute la communauté se réunissait et répondait Amen Yehé Chemé Rabba, des milliers de personnes échappaient certainement à la mort. Ceux qui incitaient le public en ce sens ont un grand mérite, ils apportaient des délivrances au peuple d’Israël.
On raconte que rabbi Yits’hak Zéev de Brisk zatsal déclara qu’il avait au départ des difficultés à comprendre pourquoi la terrible Shoah avait frappé les Juifs d’Europe et n’avait pas gagné le rivage d’Erets Israël. Mais à son arrivée en Erets Israël, il entendit les habitants de Jérusalem répondre Amen Yehé Chemé Rabba à voix haute et avec Kavana, il comprit que par le mérite de ces Amen récités à voix haute et avec concentration, Erets Israël échappa à la Shoah.
En répondant Amen, on bénéficie également d’une protection céleste contre le Yetser Hara, le plus grand ennemi, comme l’écrit mon vénérable ancêtre, rabbi Yits’hak Eizik de Kamarna, dans son ouvrage Zohar ‘Haï : en répondant Amen, l’âme s’affine et se purifie et mérite de recevoir une inspiration et une vitalité dans toute la Tora et les Mitsvoth.
J’ai entendu de rabbi David Perkowitz zal, qui l’a entendu de l’Admour Hatsadik rabbi Aharon Katsellenbogen de Sortk zatsal, membre de la dynastie de Nashkiz qui possédait environ 60 petites synagogues en Pologne. Il commenta ce verset (Chemoth 30,12) : Vénatnou ich kofar nafcho (chacun d’eux paiera à D’ le rachat de sa personne lors du dénombrement) : les lettres de ce verset forment la phrase : Amen Yehé Chemé : ce qui constitue le rachat de sa personne à Hachem, comme l’indique la Guemara (Chabbath 119) : toute personne qui répond Amen Yehé Chemé Rabba de toutes ses forces, même s’il ya une trace d’Avoda Zara (culte des idoles), est pardonnée.
Dans cette perspective, on peut interpréter ce qui est dit ici au sujet des soldats des Bené Israël qui avaient besoin d’une protection des ennemis d’Israël : « «Quant aux simples miliciens, ils avaient butiné chacun pour soi (ich lo) » : chacun d’entre eux avait mis à profit le pouvoir de la Segoula du Ich, en d’autres termes du : Amen Yehé Chemaya : ils s’étaient renforcés et avaient prié en collectivité et avaient augmenté leur récitation du Amen Yehé Chemé Raba de toutes leurs forces : ils savaient que, par ce mérite, ils bénéficiaient d’une protection divine.
Nous devons en déduire une leçon, à notre époque où une protection divine est absolument indispensable au niveau matériel et spirituel : chacun doit se renforcer sur ce point, en inévitable de céder aux tentations du Yetser Hara qui l’incite à arriver tard à la synagogue et à repartir tôt. Au contraire, il faudra prier les trois prières quotidiennes à la synagogue du début à la fin, et répondre correctement Amen Yehé Chemé Rabba : c’est le canal qui apporte une grande abondance sur soi et sur le monde entier. Par cette faculté, on mérite une protection contre tous les ennemis au niveau spirituel et matériel.
Chabbath Chalom !