« Lorsqu’une affection lépreuse sera observée sur un individu, il sera amené devant le Cohen » (Vayikra 13,9).
Illustration : ‘Habad on line
Mon vénérable ancêtre, rabbi Yits’hak Eizik de Komarna, écrit dans son ouvrage Otsar Ha’haïm qu’un jour, dans son rêve, on lui prescrivit du Ciel d’écrire et de diffuser dans son ouvrage, que lorsqu’on profère du Lachon Hara’ (médisance) sur des rabbanim, on recule la date de la fin de la Galouth (l’exil).
Le Rabbi écrit également dans Adam Yachar que la période précédant la venue du Machia’h sera une période où les maladies proliféreront. En cause, les propos de Lachon Hara’. C’est pourquoi, à notre époque, il nous incombe de nous renforcer et de bannir ces propos.
L’idée fondatrice, stipulant que les maladies contagieuses adviennent par la faute du Lachon Hara’, trouve sa source chez la prophétesse Miriam, qui s’exprima contre Moché Rabbénou. Suite à cette faute, elle contracta une maladie contagieuse : la tsara’at (lèpre). À ce sujet, nos Maîtres (Devarim Rabba, Ki Tetsé 6) affirment : « Ces plaies ne surviennent qu’en raison du Lachon Hara’. »
Le moteur principal de la médisance, qui conduit aux controverses et divisions, est l’orgueil, comme l’indiquent nos Sages (Sota 47b) : « Plus ceux qui sont orgueilleux dans leur cœur sont nombreux, plus on relève de controverses au sein du peuple juif. » Celui qui se laisse entraîner par le mauvais penchant de l’orgueil en vient à penser que dans tous les domaines, il se trouve à un niveau plus élevé que les autres. Il s’évertue ainsi à rabaisser les qualités des autres et à leur trouver uniquement des défauts, et déclenche le feu de la querelle.
Nous découvrons dans la paracha Metsora qu’un homme orgueilleux, qui a proféré de la médisance et a déclenché des controverses, est touché par les plaies de la tsara’at, une maladie contagieuse. Il est alors tenu de s’éloigner des autres, pour éviter la multiplication des controverses, comme l’indiquent nos Maîtres (‘Erkhin 16b) : comme il a créé la division entre l’homme et son prochain, la Tora affirme qu’il devra s’isoler.
« C’est pour le bien du Metsora, afin qu’il cesse de regarder constamment les autres, pour tenter de découvrir leurs défauts et manques. Au contraire, isolé, il ne verra que lui-même et pourra déceler ses propres fautes, et s’engager à rectifier ses actes » (Séfer Ha’hinoukh, Mitsva 169).
On raconte aussi que lorsque s’abattit une épidémie dans la ville de résidence de rabbi Israël de Salant, un homme l’aborda. Il n’était pas un grand Tsadik, mais estima que l’épidémie s’abattait sur la ville pour punir les actions répréhensibles d’un résident de la ville.
Le rav lui répondit : « Hachem a prescrit d’envoyer le Metsora en dehors du camp, car la Tsara’at intervient pour punir la médisance, toutes les fautes et les défauts que l’homme détecte chez son prochain et raconte aux autres, de ce fait, on lui dit : si tu es spécialiste pour trouver des fautes, sors en dehors du camp, en un lieu où tu ne verras personne, et découvre tes propres fautes, qu’il t’incombe de rectifier. »
« Celui qui soupçonne et rabaisse toujours les autres en affirmant qu’ils ont tel ou tel défaut spirituel, comme l’orgueil, c’est le signe qu’il est lui-même défaillant dans ce domaine et y pense souvent, et en déduit que les autres y pensent également » (Kidouchin 70a).
Mon vénérable ancêtre, rabbi Yits’hak Eizik de Kalov, interprète ainsi le terme de Metsora : Motsé Ra’ (trouve du mal) : en effet, le Metsora est coupable de Lachon Hara’, et cet homme découvre le mal en lui, en prétendant que les autres possèdent ce même défaut.
Aharon Hacohen, et ses fils à sa suite, instauraient la paix entre l’homme et son prochain, en enseignant aux Bené Israël à se contenir et à ne pas se laisser entraîner par l’orgueil factice du Yétser hara’, comme il est dit (Malakhi 2,7) : » C’est que les lèvres du Cohen doivent conserver la science. »
À ce sujet, à l’époque de rabbi Hakadoch de Rouzyne, on découvrit un non-Juif très cultivé, qui connaissait le Kodèch et était spécialiste du Tanakh et des commentateurs. Lorsque le rabbi de Rouzyne devint célèbre, ce chercheur non-juif voulut le jauger. Le chercheur se présenta chez le rabbi et lui posa une question : « Il est écrit dans la paracha de ‘Houkath (Bamidbar 21,1) : » Le Cananéen, roi d’Arad, qui habitait dans le Néguev (au midi) » et Rachi commente ainsi : » Il entendit qu’Aharon était mort et que les nuées de gloire avaient disparu. » Comment est-il possible d’expliquer, par la logique, que les nuées de gloire avaient été créées par le mérite d’Aharon Hacohen ? »
Le Rabbi lui répondit : « On connaît cette affirmation des chercheurs, stipulant que du corps humain, des narines et de la bouche, émanent de fines vapeurs. Mais si, au lieu d’un homme, se trouvent deux hommes qui s’apprécient, les vapeurs se mélangent et fusionnent, mais lorsqu’il n’y a pas d’affinité de l’esprit entre eux, il n’y a pas non plus de rapport entre les vapeurs qui s’élèvent.
Nos Sages affirment dans la Michna de Avoth (2,12) : « Devenez des élèves d’Aharon, qui aime et poursuit la paix » : il se trouve qu’Aharon fit régner l’amour et l’amitié parmi 600.000 Juifs qui devinrent alors comme un homme doté d’un seul cœur, et ainsi, toute la vapeur qui s’éleva du peuple d’Israël se mêla et forma les nuées de gloire. C’est pourquoi on les qualifie de « nuées de gloire », car c’était un grand honneur pour Israël, chez qui régnaient l’amour, la paix et la fraternité. »
Nous pouvons, dans ce sillage, interpréter notre verset : « Lorsqu’une affection lépreuse sera observée sur un individu, il sera amené devant le Cohen » : la plaie indique qu’il a dit du Lachon Hara’ et a entrainé une controverse, et il lui incombe de se rendre chez le Cohen pour qu’il use de son influence pour s’écarter de la médisance et vivre en paix.