Le Somaliland change l’équation sécuritaire

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D’après des responsables de la défense, l’ouverture officielle des relations avec le Somaliland offre des options opérationnelles inédites. Situé dans la Corne de l’Afrique, à proximité immédiate du golfe d’Aden et du détroit de Bab el-Mandeb, le territoire occupe un emplacement clé sur l’une des routes maritimes et aériennes les plus sensibles du monde. Cette position permettrait à Israël d’améliorer ses capacités de surveillance, de planification et de réaction face aux menaces émergentes venant du sud.

Le modèle de coopération envisagé rappellerait celui qu’Israël entretient depuis plusieurs années avec le Tchad, combinant liens sécuritaires discrets et coordination politique étroite. Durant cette phase préparatoire, le Mossad aurait joué un rôle central. Son directeur, Dadi Barnea, aurait noué des relations personnelles étroites avec le président du Somaliland, Abdel Rahman Mohamed Abdallah, instaurant un climat de confiance propice à une coopération approfondie.

Bien que jeune – le Somaliland a fait sécession de la Somalie au début des années 1990 – le territoire est décrit par des experts régionaux comme plus stable et plus développé que nombre de ses voisins. Il dispose d’infrastructures stratégiques rares dans la région, dont un port en eau profonde et un aéroport doté de l’une des plus longues pistes du continent africain, atouts précieux pour des opérations aériennes de longue portée.

Cette dynamique s’inscrit dans un environnement régional hautement militarisé. Plusieurs pays riverains de la mer Rouge, tels que Djibouti ou l’Érythrée, accueillent déjà des bases américaines et chinoises, devenues des points névralgiques de la rivalité entre grandes puissances. Selon certaines sources, Israël entretient des liens étroits avec les installations américaines de la région, ce qui élargit encore son éventail d’options opérationnelles.

Le message adressé à la Turquie est également central. Ankara a renforcé sa présence militaire en Somalie et soutient activement le gouvernement de Mogadiscio, opposé à l’indépendance du Somaliland. En reconnaissant ce dernier, Israël signale qu’il entend défendre ses intérêts face aux ambitions régionales turques, tout en consolidant un axe stratégique avec des partenaires partageant des préoccupations similaires.

Sur le plan opérationnel, cette reconnaissance répond aussi à une menace révélée lors de la guerre dite des « Épées de fer ». Les Houthis du Yémen, alliés de l’Iran, ont démontré leur capacité à frapper Israël malgré une distance de près de deux mille kilomètres d’Eilat. Le manque de renseignements de proximité et la distance compliquaient jusqu’alors les opérations aériennes israéliennes.

L’opération aérienne « Long Hand », lancée en juillet 2024 après une attaque de drone à Tel Aviv, avait mis en lumière ces contraintes, nécessitant des ravitaillements en vol systématiques pour garantir le retour des appareils à la base de Ramon. La proximité géographique du Somaliland pourrait désormais faciliter la planification d’opérations plus profondes et plus flexibles contre des cibles yéménites.

Officiellement, les autorités israéliennes restent prudentes sur l’ampleur exacte de la coopération militaire. Mais en interne, le message est clair : la reconnaissance du Somaliland marque une évolution stratégique majeure, capable de transformer durablement la posture aérienne et régionale d’Israël.

Jforum.fr

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