Les enfants, levez vos mains s’il vous plaît !

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Autour de la table de Chabbatי, n° 426 Ki Tissa

Le’ilouï Nichmat d’un grand juge du Clall Israël qui nous a quitté, rabbi Ya’akov Israël ben Eliézer (rav Ya’akov Pozen de Bené Brak) תנצב« ה

Les enfants, levez vos mains s’il vous plaît !

Dans notre paracha est décrit au début, une Mitsva très particulière : le décompte du Clall Israël. Comme l’explique Rachi, on se trouve après la faute du veau d’or, et la Tora fait un dénombrement du peuple après la mort de tous les fauteurs. Chacun devait apporter la moitié d’un shekel (pièce d’argent) et de la somme finale obtenue, on établissait le nombre des Bené Israël

Pourquoi ne pas avoir décompté directement la population juive sans l’intermédiaire de la pièce ? Rachi explique que le décompte en général des hommes risque d’entrainer des épidémies, lo ‘alénou ! Explique le rabénou Behaié, que lorsqu’il y a un décompte, chaque individu est mis en exergue par rapport à l’ensemble du groupe. Et automatiquement dans le Ciel, on examine le dossier de chacun et tous les bienfaits que Hachem nous octroie individuellement (ce que l’on appelle dans le langage commun ‘Ayin hara’ : le mauvais œil). Pour éviter ce regard d’en Haut, on donnera une demi-pièce. Ainsi, on ne comptera pas les hommes mais les pièces.

Soit dit en passant, c’est peut-être la raison pour laquelle le maître d’école de tout temps compte ses élèves en leur demandant de lever la main. Il décompte les mains mais non les têtes. Ainsi il ne met pas de mauvais œil sur les chères petites blondes (voir aussi Michna Yoma 2.1). Intéressant, n’est-ce pas ?

Donc pour éviter ce mauvais œil, le Clall Israël offrira une somme d’argent, et du décompte on dénombrera le Clall Israël. Plus profondément, le fait de faire partie du groupe, entraine qu’il n’y a pas de regard sévère sur chacun car le groupe a plus d’assurance de perdurer au jour du jugement. On voit la même chose dans le passage de la femme chounamith avec le prophète Elicha’. Le prophète lui demanda si elle avait une doléance vis à vis du roi qu’il devait rencontrer. La femme refusa en disant : « Parmi mon peuple je réside ! » C’est-à-dire que là aussi elle n’a pas voulu se mettre en exergue. Et le saint Zohar explique ce passage qu’il s’agit du jour de Roch Hachana, et le Roi dont parle Elicha’, c’est Hachem ! Le prophète dit à la Chounamith que le jour de Roch Hachana, il va prier pour elle, devant Hachem, et va demander au Créateur pour cette femme. Or, elle refusera car elle préfèrera rester dans l’ensemble de la communauté et ne pas être au premier plan. La raison est, que le jour du jugement, on n’est jamais sûr d’être gagnant, tandis que l’ensemble du Clall Israël survivra jusqu’à la fin des temps. Donc il est toujours préférable de faire partie du groupe plutôt que d’être mis sur le devant de la scène. C’est la raison pour laquelle le décompte se fait par l’ENSEMBLE des pièces.

Cependant, un point reste à éclaircir. Le verset dit que cet argent sera un « Kofer néfech »/Expiation de l’âme ! En quoi le fait de donner son pécule au Temple amène l’expiation ?

On propose une explication à partir d’un verset très connu : le B.A.BA du judaïsme. « Et tu AIMERAS ton D’ de tout ton cœur, de tout ton âme et de tout ton pouvoir ». Le verset qui suit directement le Chema’ Israël que nous disons soir et matin. Le Talmud dans Yoma 82 pose LA question ! Voilà que le verset fait un crescendo : ton cœur, ton âme et… ton pouvoir (l’argent). Or existe-t-il une chose plus importante encore que sa propre âme ?! Réponse, c’est qu’il existe des gens pour lesquels leur argent est encore plus important que leur propre personne !

Dans le langage du Talmud, l’argent s’appelle Damim. Or, le sang de l’homme s’appelle aussi Dam. C’est-à-dire que l’argent gagné à la sueur de notre front et considéré comme notre sang. Plus encore, dans la grande société l’expression générale de la valeur d’une personne c’est : combien tu gagnes ?

Dans notre paracha, la Tora vient nous dire de prendre cette valeur suprême pour beaucoup/certains et offre-là à ton Créateur. La Tora vient dire à l’homme qu’il existe une valeur beaucoup plus importante qui est la Kedoucha/sainteté. Prendre de son bien et le consacrer à quelque chose de bien plus grand, c’est accéder en cela à l’expiation de sa personne car on reconnait ainsi la suprématie de la spiritualité, la Tora, sur la matière. Grâce à cet argent, les Cohanim vont acheter les sacrifices quotidiens et feront les Adanim, les socles en argent sur lesquels reposeront les poutres du Sanctuaire.

Le sippour

La force du pardon

Comme notre paracha traite du veau d’or et de son pardon, j’ai choisi de vous faire partager un véritable sippour de la vie qui nous enseignera la force de la clémence.

Notre histoire remonte à une bonne vingtaine d’années en Terre sainte. Il s’agit d’une famille juive authentique dans laquelle se trouvent deux sœurs. Pour les besoins du feuillet on appellera l’aînée Ra’hel. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, seulement avec le temps se développera une profonde discorde entre les deux sœurs. La raison n’est pas connue du rédacteur en chef de « Autour de la magnifique Table du Chabbath » mais les choses étant, il n’y avait aucun Chalom entre elles. Les deux sœurs vivaient sous le même toit, mieux encore dans la même chambre, cependant rien n’y faisait : l’inimitié persistait entre elles. Durant deux années les filles ne se parlèrent presque pas. Cela pouvait encore durer des lustres jusqu’au jour où une des professeures (en langue hébraïque, n’est-ce pas, Mora) prendra Ra’hel à part. Elle lui demandera : j’ai entendu que tu ne t’accordes pas avec ta jeune sœur, n’est-ce pas ? Oui… La prof continuera : « Ra’hel, tu es la plus grande des filles, c’est à toi qui incombe de pardonner à ta plus jeune sœur. C’est toi qui peux le mieux comprendre que cette discorde est néfaste pour toi et toute ta famille. Il faut que tu prennes les devants et que tu sollicites le pardon de ta sœur. « En aucune façon ! C’est à elle de venir à ma rencontre car je suis son ainée. Elle me doit du kavod, des honneurs. Ra’hel entendit alors des mots qui l’ébranleront : tu me connais Ra’hel, je suis mariée déjà depuis de nombreuses années et je n’ai pas encore d’enfants dans mon foyer. Je sais que c’est très dur pour toi, mais réfléchis un peu sur mon malheur : rentrer tous les soirs dans une maison froide sans aucune joie… Je t’en prie, pardonne à ta jeune sœur et par cela, j’aurais certainement le mérite d’avoir un enfant. Ces derniers mots sortent droit du cœur de sa Mora éprouvée et la feront réfléchir. Ra’hel resta pensive et dira : laisse-moi quelques jours et je te donnerai ma réponse. C’était jeudi, le Chabbath qui suivit Ra’hel prit les devants (peut-être que la Kedoucha du jour l’aida…), elle prit à part sa jeune sœur et lui dit : « Je te demande pardon pour tout ce que je t’ai fait depuis ces deux dernières années. La cadette était stupéfaite mais le ton sincère de sa sœur montrait que c’était sincère. Son cœur était entier et demandait vraiment de faire le Chalom. Cet élan du cœur fera ses effets et la cadette demandera aussi le pardon pour tous les mauvais mots échangés depuis des années. Les deux filles finalement s’accordèrent (ndlr : certainement qu’il y eu beaucoup d’émotion lors du Chabbath, mais je n’ai pas eu plus de détails). Dimanche qui suivit – en Erets la semaine commence le dimanche -, Ra’hel se retrouva en classe et rencontra son professeure. Elle lui annoncera qu’elle avait fait la paix avec sa jeune sœur : « Tout cela grâce à toi et à tes paroles du jeudi dernier ». La Mora était très touchée et la remercia du fond du cœur. Fin du premier round. DIX mois passèrent et la Mora méritera de mettre au monde un bébé en bonne santé ! Et grâce à D’ cette nouvelle maman continuera d’avoir les années suivantes d’autres enfants. Ra’hel savait que toute cette grande bénédiction était dû au Chalom avec sa cadette. Cette véritable histoire aurait pu s’arrêter là mais il y a une suite.

Avec les années, Ra’hel se maria et construira-elle aussi sa maison. Les naissances se succédèrent jusqu’au venu d’un jeune bébé qui avait des problèmes au niveau du transit intestinal lo ‘alénou. La situation ne s’améliorait pas. Tout jeune qu’il était, il fallait l’amener tous les deux jours à l’hôpital. Les choses durèrent jusqu’à ce que Ra’hel se souvienne de son histoire avec sa jeune sœur et de la grande Berakha qui suivra. Elle essaya de se rappeler s’il y avait quelqu’un auprès duquel elle avait eu de rapports conflictuels ces derniers temps. De suite elle se souvint de son dernier emploi alors que sa supérieure avait été particulièrement difficile avec elle. Elle subit des vexations constantes au point où elle demanda conseil auprès d’un rav, si elle devait quitter son poste (la parnassa n’est pas chose facile). Le rav l’écouta et lui conseilla de quitter son travail. Le dernier jour, elle prit ses clics et ses clacs et se rendit au bureau de sa supérieure : « Je m’en vais à cause de toi, Jamais de ma vie je ne te pardonnerai pour tout le mal fait« . Elle partira en claquant la porte. Ra’hel se souvint parfaitement de la scène alors qu’elle était dans l’hôpital à attendre les soins de son bébé. Alors qu’elle était encore dans la salle d’attente elle prit son téléphone certainement avec un bon filtre, comme vous vous en doutez… et composa le numéro de téléphone de son ancienne supérieure. A peine au bout du fil elle déclinera son identité et lui demanda si elle se souvenait de tout ce qu’elle avait enduré. La supérieure acquiescera. Ra’hel dira de suite : « Je te pardonne pour tout ! Je ne garde aucune rancune pour tout ce qui s’est passé ». Au bout du fil on pouvait entendre une profonde respiration. A peine Ra’hel raccrocha que tout un staff des médecins se précipitait vers le lit du jeune bébé. Ils étaient ébahis que le nourrisson n’avait déjà plus besoin de l’assistance médicale pour faire ses besoins… Incroyable !

Et pour nous de connaître la force du pardon. Comme les Sages l’enseignent : il n’existe pas de meilleur ustensile pour faire résider la bénédiction de Hachem que le Chalom.

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.

David Gold tél / 00972 55 677 87 47

Et toujours on priera pour la protection de tous nos soldats au sud et au nord du saint Pays. Et pour le renforcement de tous nos Ba’houré Yechiva et Avrékhim qui se tiennent à l’étude de la Tora pour la plus grande protection de toute la population d’Israël.

Une Berakha de bonne santé à Yoram Gold  et une bénédiction à ses parents Israël Gold et à son épouse (Merkaz Chapira).

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