Les mystères derrière l’avion offert à Trump

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Le cheikh qatari au cœur d’un litige de 20 millions de dollars
Cheikh Hamad bin Jassim Al Thani, connu sous l’acronyme HBJ, figure influente du Qatar et ancien Premier ministre de l’émirat, est à nouveau sous les projecteurs, non pour sa richesse ou ses liens diplomatiques, mais en raison d’une affaire judiciaire portée devant un tribunal fédéral américain. Ce membre de la famille royale, dont la fortune personnelle est estimée à environ 4 milliards de dollars, est accusé d’avoir orchestré une fraude dans un projet immobilier de luxe international.

HBJ est également connu pour avoir offert au président américain Donald Trump un avion privé Boeing 747-8 d’une valeur de 400 millions de dollars, un geste qui avait déjà soulevé de nombreuses questions éthiques et politiques. Aujourd’hui, c’est une autre affaire, beaucoup plus contentieuse, qui ébranle son image publique.

Un entrepreneur irlandais, Paddy McKellen, a en effet intenté une action en justice à Los Angeles, alléguant avoir été victime d’une « conspiration illégale » menée par HBJ et deux autres membres de la famille royale qatarie. Selon la plainte, McKellen aurait été recruté pour superviser la rénovation et l’expansion de plusieurs biens immobiliers de prestige, notamment à Londres, Paris, Beverly Hills et New York. Parmi ces projets figurait un hôtel particulier appartenant personnellement à HBJ, situé à Manhattan, évalué à 47 millions de dollars.

McKellen affirme avoir investi d’importantes ressources humaines et financières dans ces chantiers, encouragé par des promesses contractuelles et des accords d’investissement. Or, une fois les projets achevés, les membres de la famille royale auraient non seulement refusé de le rémunérer comme convenu, mais également écarté l’entrepreneur de toute implication dans la société liée aux projets. Il aurait été exclu du conseil d’administration sans préavis, en violation directe des termes établis.

Selon le texte de la plainte, le comportement de la partie qatarie « s’inscrit dans un schéma de fraude organisée s’étalant sur plusieurs années ». McKellen accuse directement HBJ d’avoir utilisé son influence pour l’attirer dans un partenariat factice, dont le seul but était de bénéficier de son expertise sans honorer les engagements financiers.

Cette affaire vient s’ajouter à une série d’accusations déjà pesantes à l’encontre du cheikh. Dans le passé, HBJ a été critiqué par des organisations internationales pour son rôle présumé dans des affaires de corruption liées à l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Le ministère américain de la Justice aurait notamment étudié son implication dans des pratiques douteuses concernant l’attribution du tournoi.

Le cheikh a également fait l’objet de critiques pour des propos jugés antisémites. Dans une interview à un média koweïtien, il avait déclaré : « Imaginez si le pétrole était vendu par des Juifs. Quel serait le prix du baril ? Ce serait la chose la plus chère au monde. » Cette phrase, largement relayée et condamnée, avait contribué à ternir davantage sa réputation sur la scène internationale.

Enfin, la controverse autour de l’avion offert à Donald Trump n’a pas manqué de susciter des réactions, notamment aux États-Unis. Bien que l’ancien président ait régulièrement été critiqué pour ses relations avec des figures influentes du Golfe, ce « cadeau » d’une valeur exceptionnelle avait renforcé les soupçons de conflits d’intérêts et de collusions diplomatiques déguisées.

Sollicité par le New York Post, qui a révélé l’affaire, le gouvernement qatari n’a pas répondu aux demandes de commentaires. Le silence officiel, conjugué au passé controversé de HBJ, n’a fait qu’alimenter la curiosité – voire l’inquiétude – autour du rôle que jouent certaines fortunes du Golfe dans les grandes transactions internationales, parfois à la frontière entre pouvoir économique, influence politique et manœuvres juridiques.

Jforum.fr

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