Freddy Eytan – Le Cape
Depuis 77 ans, Israël se pose en protecteur des différentes minorités religieuses du Moyen-Orient. Hier, l’Etat juif était venu au secours des kurdes d’Irak, puis des maronites chrétiens du sud-Liban et aujourd’hui l’aide est consacrée au druzes syriens.
Depuis plus d’un siècle existe avec la minorité religieuse druze une véritable « alliance de sang ». Plus de 150 000 sont installés dans le nord du pays notamment sur le plateau du Golan. La minorité druze est fidèle à l’Etat juif et solidaire au combat sioniste. A la différence des arabes israéliens – exemptés du service militaire obligatoire par souci d’éviter des problèmes d’allégeance – le nombre des druzes s’engageant dans les rangs de Tsahal et de la police des frontières est en augmentation constante, ainsi que le nombre de ses officiers.
Suite à la chute de Bachar al-Assad, précipitée par la défaite du Hezbollah, l’armée israélienne a étendu ses positions sur les hauteurs du Golan pour justement éviter que le nouveau pouvoir islamiste lance des attentats terroristes contre les villages israéliens et ne s’attaque aux minorités, aux druzes en particulier. Israël a multiplié à leur égard des gestes d’ouverture en envoyant une aide humanitaire et en autorisant à deux reprises des délégations de dignitaires religieux à se rendre en Israël pour un pèlerinage, malgré l’état de guerre entre les deux pays.
Ces jours-ci, suite à l’appel urgent du chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajrin, qui dénonçait une « campagne génocidaire injustifiée » visant sa communauté, et après des affrontements confessionnels qui ont fait plus d’une centaine de morts, l’aviation de Tsahal a lancé plusieurs attaques notamment dans les environs du palais présidentiel de Damas.
Le message est clair et direct au nouveau chef islamiste du régime syrien, Mohammed al Jolani. Il est aussi dirigé indirectement à la Turquie d’Erdogan, son principal allié.
Israël ne souhaite pas intervenir militairement dans un conflit intercommunautaire ni ouvrir un front supplémentaire, mais face à l’impuissance de l’ONU et des pays occidentaux dont la France, l’Etat juif ne peut demeurer indifférent à la menace islamiste.
La rencontre à Jérusalem du chef spirituel des druzes israéliens, le cheikh Muwafeq Tarif, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou prouve que l’alliance est solide mais qu’elle est mise à chaque fois à une rude épreuve.
Durant plusieurs décennies elle a réussi à surmonter des querelles politiques inutiles dont des clauses discriminatoires injustes et humiliantes prises parfois par le gouvernement notamment celles qui concernent la loi sur l’Etat-nation. Il est clair qu’une alliance doit être respectée par les deux parties et de ce fait l’union forte qui existe entre Juifs et druzes ne doit pas arriver à la rupture, au divorce.
Soulignons que les druzes se sont parfaitement intégrés au sein de la société israélienne et le taux d’éducation demeure très élevé. Ils occupent aujourd’hui des postes d’influence dans tous les secteurs et parlent couramment l’hébreu.
La situation en Syrie demeure instable et risque de déclencher une nouvelle guerre civile. Toutefois, Israël ne peut affronter seul toutes les menaces, proches et lointaines. Le gouvernement devra décider qu’elles sont vraiment les priorités pour garantir, avant tout, la sécurité et la défense des Israéliens.
La reprise des opérations militaires à Gaza ne peut garantir la libération de tous les otages ni anéantir complétement le Hamas. Certes, les succès de Tsahal sont considérables au nord et au sud mais pour obtenir une victoire totale et remodeler le Moyen-Orient seul un règlement politique coordonné avec les Etats-Unis demeure la seule solution.
Le voyage tant attendu du président Trump en Arabie saoudite est crucial pour connaître la marche à suivre sur le dossier palestinien comme sur les négociations avec l’Iran.