L’ossuaire de Thiais : une nouvelle catastrophe dans le domaine funéraire !

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L'entrée du cimetière de Thiais

Depuis quelques années, la municipalité de Paris prépare un nouvel ossuaire – cette fois-ci dans le cadre du cimetière de Thiais.

Il doit être ouvert dans un proche avenir.

Est-ce que la communauté juive peut s’en réjouir ? Disons-le d’emblée : il s’agit d’un nouvel écueil dans le domaine du respect des morts de notre communauté !

Nous avons questionné la porte-parole de la municipalité, Mme Quitterie Lemasson, à cet égard. Voici les questions et les réponses obtenues :

  • Question : Existe-t-il un ossuaire israélite dans la région parisienne ? On nous a parlé de l’existence d’un tel ossuaire à Thiais, mais l’adjointe à la conservatrice de ce cimetière nous a répondu qu’il n’y en avait point. Pouvez-vous me confirmer ?
  • Réponse : il n’y a pas à ce jour d’ossuaire au cimetière parisien de Thiais mais il est projeté d’en construire un, en raison de la saturation prochaine du seul ossuaire existant dans les cimetières parisiens, lequel est situé au Père Lachaise et fut ouvert en 1953. Les ossuaires sont un monopole communal (pas d’ossuaire privé possible en France) et, en tant que tel, obligatoirement laïcs (NDLR : C’est nous qui soulignons).
  • Question : Est-ce que dans l’ossuaire du Père Lachaise la séparation qui était établie dans les cimetières dans le domaine des carrés confessionnels est respectée ? Ou alors dépose-t-on les reliquaires sans tenir compte de cela ?
  • Réponse:  La loi française interdit officiellement les carrés confessionnels ou communautaires. Les divisions confessionnelles n’ont donc pas d’existence légale et n’existent que de fait, parce que le maire autorise, quand c’est possible,  les regroupements de personnes se revendiquant d’une confession ou d’une origine ethnique. Mais le Maire n’a pas le droit de demander quelque preuve ou témoignage que ce soit de cette appartenance au demandeur. Concernant les reliquaires, ils sont répartis dans l’ossuaire dans des alcôves dédiées à chacun des 20 cimetières parisiens, et placés dans toute la mesure du possible dans l’ordre dans lequel il a été procédé aux exhumations administratives.  La loi interdit à l’administration  d’établir des distinctions ou des prescriptions particulières à raison des croyances ou du culte du défunt. On ne peut donc pas trier les reliquaires au sein de l’ossuaire en fonction de critères religieux (qu’en outre l’administration ne possède pas et n’a pas le droit de présumer). Mais, de fait, comme les exhumations se font généralement par division de cimetière, les reliquaires d’une même division se retrouvent placés ensemble au sein d’une alcôve de l’ossuaire.
  • Question : Peut-on avoir une estimation du nombre de reliquaires provenant des carrés confessionnaux juifs se trouvant dans l’ossuaire ?
  • Réponse : Il n’est pas tenu de statistiques religieuses.  La loi interdit à l’administration de tenir des fichiers comportant la mention d’éléments relatifs à la vie privée des citoyens (appartenances religieuses, opinions politiques, syndicales, philosophiques, ethniques…).

Disons le clairement : en d’autres termes, il ne peut pas exister d’ossuaire réservé à une communauté religieuse spécifique.

C’est on ne peut plus clair.

Il faut ajouter ici pour mémoire que notre devoir est d’exiger la fin des « exhumations administratives » : elles ne peuvent pas être acceptées sur le plan de la Halakha, car évidemment le fait qu’il y ait un manque de place ne permet pas de sortir un corps pour en inhumer un autre – cette notion est parfaitement claire pour qui connait les textes sacrés du Judaïsme.

De plus, dans les cas rares où des exhumations seraient autorisés, il est hors de question de laisser des fossoyeurs non-juifs s’en charger – ceci est également clairement indiqué dans nos textes. Or les exhumations sont toujours effectuées par des fonctionnaires de la municipalité, et jamais en présence de délégués de la communauté (fait qui nous a été confirmé ces jours-ci par le directeur de l’une des entreprises de pompes funèbres de la place parisienne).

Il faut encore savoir qu’à partir du moment où une « exhumation administrative » a été effectuée, la famille perd tout droit de récupérer les restes funéraires, qui sont à partir de ce moment considérés comme « propriété municipale », aussi surprenant qu’une telle situation puisse être.

La Mairie de Paris nous a écrit à cet égard : « Il n’est pas possible de disposer des restes mortels des défunts placés à l’ossuaire, en raison du caractère définitif de ce placement ainsi que le rappelle une réponse récente du Ministère de l’Intérieur (Q n’ 07057 – JO Sénat du 12/09/2013) ». Donc même si, dans le fond, l’ossuaire est plein (et c’est le cas de celui du Père Lachaise), nul n’est en droit de recevoir les restes funéraires en retour !

 

Ainsi donc, l’éventuelle « bonne nouvelle » de l’ouverture du nouvel ossuaire de Thiais représente en vérité un nouvel écueil dans ce domaine pour notre communauté !

 

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