Le survol de la France par l’avion officiel du Premier ministre israélien lors de son déplacement vers les États-Unis n’est pas passé inaperçu. En route pour la Floride, où il doit rencontrer de hauts responsables américains et s’entretenir avec le président Donald Trump, Benjamin Netanyahu a emprunté un itinéraire aérien incluant l’espace aérien français, malgré l’existence d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI).
L’appareil gouvernemental israélien, connu sous le nom de « Wing of Zion », a ainsi traversé un pays signataire du Statut de Rome, traité fondateur de la CPI. Ce simple survol, juridiquement distinct d’un atterrissage ou d’une escale, a néanmoins suscité interrogations et commentaires, tant sur le plan du droit international que sur celui des équilibres diplomatiques européens. Il illustre les zones grises dans lesquelles évoluent aujourd’hui les relations entre Israël et plusieurs États occidentaux depuis le déclenchement de la guerre à Gaza.

Cette visite aux États-Unis s’inscrit dans un contexte diplomatique particulier. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas, les déplacements internationaux de Netanyahu se sont considérablement raréfiés. Selon des documents officiels récemment rendus publics, le chef du gouvernement israélien n’a visité, en dehors des États-Unis, qu’un nombre très limité de pays, la Hongrie étant le seul autre État mentionné dans cette période.
Ces informations ont été révélées par le Mouvement pour la liberté d’information, à la suite de demandes fondées sur la loi israélienne en la matière, de procédures judiciaires et d’une ordonnance de tribunal. Les documents détaillent les voyages effectués par Netanyahu en 2025, incluant les dates, les destinations, les agendas politiques, les personnes composant les délégations officielles, ainsi que des éléments partiels sur les coûts des vols et de l’hébergement. Leur publication met en lumière une diplomatie plus contrainte, façonnée par les développements judiciaires internationaux.
Le mandat d’arrêt délivré par la CPI à l’encontre de Netanyahu, ainsi que de l’ancien ministre de la Défense Yoav Galant, constitue un précédent lourd de conséquences politiques. Il a également provoqué des tensions en coulisses au sein des capitales occidentales. Il y a environ deux semaines, le procureur de la CPI, Karim Khan, a révélé dans un document officiel que de hauts responsables britanniques auraient exercé sur lui des pressions « sans précédent » afin d’empêcher l’émission de ces mandats.
Selon ces révélations, un responsable britannique aurait averti Karim Khan, lors d’un échange téléphonique en avril 2024, que Londres envisagerait de suspendre son financement à la Cour, voire de se retirer du Statut de Rome, si des mandats d’arrêt visant des dirigeants israéliens étaient effectivement émis. Bien que l’identité de l’interlocuteur n’ait pas été officiellement confirmée, plusieurs sources ont établi un lien temporel avec la période où David Cameron occupait le poste de chef de la diplomatie britannique.
D’après le procureur, les arguments avancés par la partie britannique reposaient notamment sur le caractère jugé « disproportionné » de poursuites visant un Premier ministre israélien en exercice et un ancien ministre de la Défense, dans un contexte de conflit armé. Ces éléments soulignent les tensions persistantes entre considérations juridiques internationales et réalités géopolitiques.
Le survol de la France par le « Wing of Zion » apparaît ainsi comme un symbole discret mais révélateur : celui d’un dirigeant contraint d’adapter ses déplacements à une nouvelle donne judiciaire mondiale, tout en continuant à s’appuyer sur ses alliances stratégiques majeures, au premier rang desquelles figure Washington.
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