Boycott ciblé d’Optical Center
Ces dernières semaines, la chaîne de magasins Optical Center est au cœur d’une vive controverse politique et médiatique. À l’origine de cette affaire, une initiative de Laurent Lévy, PDG de l’enseigne, qui a choisi d’offrir des lunettes et des lentilles de contact à des soldats israéliens. Ce geste, présenté par l’intéressé comme une contribution humanitaire, a immédiatement suscité la colère de plusieurs figures politiques, notamment au sein de La France Insoumise (LFI).
La campagne ne s’est pas limitée à de simples publications. Très rapidement, elle a été amplifiée par des collectifs militants propalestiniens, qui ont diffusé des vidéos appelant au boycott actif de l’enseigne. Certaines d’entre elles vont jusqu’à affirmer que les lunettes distribuées aux militaires israéliens seraient utilisées pour « viser des enfants », une allégation choquante relayée dans plusieurs clips diffusés sur TikTok et Instagram. Les réseaux sociaux ont ainsi servi de caisse de résonance à une indignation militante qui prend la forme de visites dans les magasins, slogans à l’appui, parfois jusqu’à des pressions sur les franchisés locaux.
Le cas d’Optical Center s’inscrit dans une dynamique plus large, portée notamment par le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Ce dernier milite pour une pression économique sur Israël, à travers le refus de consommer les produits ou services d’entreprises jugées complices de sa politique. Optical Center, du fait de son soutien matériel à l’armée israélienne, a donc été ajouté à la liste des cibles de ce mouvement mondial, comme d’autres enseignes dans le passé.
La personnalité du dirigeant Laurent Lévy ajoute à la polarisation. Proche de la droite israélienne, il est souvent présenté par ses détracteurs comme un fervent défenseur de la politique de colonisation. Certaines de ses déclarations sur les réseaux sociaux ont été perçues comme hostiles à la cause palestinienne, contribuant à renforcer les appels à sanctionner son entreprise.
Enfin, plusieurs voix s’élèvent contre les risques de dérapages engendrés par ce type de campagnes. Pour certains, la frontière entre solidarité politique et harcèlement est franchie. Des commerçants franchisés, n’ayant souvent aucun lien direct avec les prises de position du siège de leur marque, se retrouvent exposés à des menaces ou à des pertes économiques sans recours possible. Dans un climat déjà tendu autour de la guerre à Gaza, ce type de mobilisation soulève des questions éthiques et juridiques sur les limites de l’action militante dans l’espace public et numérique.
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