Paris et Pretoria se rapprochent
À quelques mois d’un sommet du G20 qui se tiendra en Afrique du Sud, le président français Emmanuel Macron a multiplié les signaux en direction de Pretoria. Samedi soir, le chef de l’État a révélé s’être entretenu avec son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, afin d’échanger sur les grandes crises mondiales. Parmi elles, la guerre au Moyen-Orient a occupé une place centrale, aux côtés du conflit en Ukraine et des tensions persistantes dans la région des Grands Lacs africains.
Dans son intervention, Emmanuel Macron a mis en avant la volonté de la France de travailler main dans la main avec l’Afrique du Sud pour promouvoir des solutions concertées dans les instances internationales. « Nous avons eu une discussion approfondie sur les crises mondiales, en particulier la situation au Moyen-Orient, la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et les développements dans la région des Grands Lacs », a-t-il indiqué.
Paris et Pretoria se retrouveront dans quelques mois dans le cadre du G20, organisé par l’Afrique du Sud. Macron a exprimé ses vœux de succès à Cyril Ramaphosa et annoncé une coopération renforcée afin de préparer une feuille de route pour une gouvernance mondiale plus équitable et inclusive. Cette convergence est d’autant plus importante que la France doit elle-même assurer la présidence du G7 en 2026.
Les deux dirigeants ont convenu de maintenir un dialogue étroit, en vue d’une nouvelle rencontre prévue en septembre à New York, lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Ce rendez-vous s’annonce déterminant, car il devrait coïncider avec un discours majeur d’Emmanuel Macron.
En effet, un mois plus tôt, le président français avait publié un message sur son compte X (ex-Twitter) affirmant avoir pris la décision de reconnaître officiellement l’État de Palestine. Selon ses propres termes, cette reconnaissance devrait être proclamée à la tribune de l’ONU. « L’urgence aujourd’hui est de mettre fin à la guerre à Gaza et d’apporter une aide à la population civile. La paix est possible », écrivait-il alors.
Cette annonce, si elle se concrétise, placerait la France parmi les puissances occidentales ayant franchi ce pas diplomatique, une orientation qui suscite déjà de vives réactions.
Vives critiques américaines
Aux États-Unis, la décision française a été accueillie avec scepticisme, voire inquiétude. Le sénateur républicain Lindsey Graham a réagi de manière virulente. Selon lui, reconnaître un État palestinien dans le contexte actuel « renforcerait le Hamas et compliquerait la recherche d’un cessez-le-feu ».
L’ombre de la justice internationale
Ces tensions diplomatiques surviennent dans un contexte judiciaire déjà lourd. La Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye examine actuellement une plainte déposée par l’Afrique du Sud accusant Israël de génocide à Gaza. Pretoria demande à la Cour d’exiger un cessez-le-feu immédiat et le retrait complet de l’armée israélienne de l’enclave.
Cette démarche, perçue comme une offensive juridique majeure contre Israël, renforce la posture diplomatique de l’Afrique du Sud sur la scène internationale. Le soutien affiché de la France à Pretoria, même nuancé, témoigne d’une volonté de s’associer à un acteur qui défend une ligne critique envers la politique israélienne.
Le rapprochement entre Paris et Pretoria surprend certains observateurs. Historiquement, les positions françaises sur le Proche-Orient se sont voulues équilibrées, oscillant entre le soutien à la sécurité d’Israël et la défense du droit des Palestiniens à disposer d’un État. Mais en affichant ouvertement son intention de reconnaître la Palestine et en multipliant les contacts avec Cyril Ramaphosa, Emmanuel Macron donne le signal d’une orientation diplomatique plus marquée.
Dans les mois à venir, deux rendez-vous diplomatiques s’annoncent décisifs : le sommet du G20, où la France entend contribuer à la réflexion sur l’avenir de la gouvernance mondiale, et l’Assemblée générale de l’ONU, où pourrait être prononcée une déclaration historique.
Entre alliances inédites et décisions sensibles, la diplomatie française cherche à peser sur un échiquier international bouleversé par des crises simultanées : la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien et les instabilités régionales en Afrique.