Pourquoi les personnes les plus éduquées d’Amérique tombent dans le piège des mensonges antisémites

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À Harvard et ailleurs, un vieux mensonge séduit de nouveaux esprits.
Par Dara Horn, auteur de « People Love Dead Jews »  « Les gens aiment les juifs morts »
L’audition du Congrès sur l’antisémitisme dans les universités américains, au cours de laquelle les présidents de Harvard, de l’Université de Pennsylvanie et du MIT ont tous affirmé que les appels au génocide des Juifs ne violeraient les politiques de leur université quen fonction « du contexte »est déjà un thème bien usé. Il n’y a certainement plus rien à dire sur ce naufrage de l’enseignement supérieur américain, après que les retombées ont entraîné la chute de deux de ces présidents d’université et engendré « un millier d’articles d’opinion », si ce n’est que tous les discours sur la « diversitéla liberté d’expressionet la critique d’Israël » sont passés très largement à côté de « l’essentiel ».
Le problème n’était pas seulement posé sur les étudiants juifs des campus universitaires américains qui ne voulaient que protéger leur liberté d’expression et ne pas entendre les éternels critiques coutumières à l’égard d’Israël, et ne voulaient pas non plus que des gens vandalisent les bâtiments des organisations d’étudiants juifs, brisent les vitres de ces bâtiments ou y urinent. Ils ne voulaient pas non plus que des gens arrachent leur « mezouza » à la porte de leur dortoir. Ils ne voulaient pas que leurs professeurs débitent des « mensonges antisémites » et les « humilient en classe ». Ils ne voulaient pas que leurs affiches soient défigurées par des « caricatures d’Hitler » ou que les fenêtres de leurs dortoirs soient placardées de « Fuck Jews ». Ils ne voulaient pas que des gens les « frappent au visage », ou les battent avec un bâton, ou les menacent de « mort parce qu’ils sont juifs ». Dans les collèges et universités américains de classe mondiale, tout cela s’est produit et bien plus encore.
Je n’étais pas un simple observateur de ce spectacle. Je faisais partie du comité consultatif sur l’antisémitisme de l’ancienne présidente de Harvard, Claudine Gay, convoquée après le « massacre du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023 », et les réactions des étudiants à cet événement. On m’a demandé de participer parce que je suis une ancienne élève de Harvard qui a écrit un livre sur l’antisémitisme intitulé « People Love Dead Jews » « Les gens aiment les Juifs morts ». Dès que ma participation a été rendue publique, j’ai été inondée de messages d’étudiants juifs cherchant de l’aide. Ils m’ont raconté leur histoire après avoir essayé de nombreuses autres voies, déconcertés non seulement par ce qu’ils avaient vécu, mais aussi par le nombre de personnes qui rejetaient ou niaient ces attaques.
Devant le Congrès, les trois présidents d’université ont tous prononcé une version des platitudes suivantes : « La haine naît de l’ignorance » et « L’éducation est la solution ». Mais si la haine vient de l’ignorance, pourquoi les meilleures universités américaines étaient-elles remplies « de cette ignorance très spécifique » ? Et pourquoi tant de gens essayaient-ils de la justifier, de l’expliquer, voire de la nier ? Le cycle d’information de 10 secondes de notre époque ne permet pas de répondre à ces questions, car les réponses sont profondes et anciennes, enfouies sous les hypothèses les plus anciennes concernant ce que nous pensons savoir.
Depuis des milliers d’années, la ligne directrice de l’antisémitisme est la « négation de la vérité et la promotion du mensonge ». « Ces mensonges vont des théories du complot à la négation de la Shoah, en passant par la diffamation du sang et les affirmations actuellement populaires selon lesquelles le sionisme est du racisme », les Juifs sont des colons colonialistes et la « civilisation juive n’est pas indigène sur la terre d’Israël ». Ces mensonges font tous partie du grand mensonge fondamental : l’antisémitisme lui-même est un acte juste de résistance contre le mal, « parce que les Juifs sont collectivement mauvais et n’ont pas le droit d’exister ». Aujourd’hui, le grand mensonge est en train de gagner.
En 2013, David Nirenberg a publié un livre étonnant intitulé Anti-Judaism. L’argument de Nirenberg, rigoureusement exposé dans près de 500 pages d’érudition dense et plus de 100 pages de notes de bas de page, est que les cultures occidentales – y compris les civilisations anciennes, le christianisme, l’islam (que Nirenberg considère comme occidental dans sa relation avec le judaïsme), et les sociétés post-religieuses – se sont souvent définies par leur opposition à ce qu’elles considèrent comme le « judaïsme ». Cela n’a pas grand-chose à voir avec le « judaïsme » proprement dit, et beaucoup à voir avec le mal que ces cultures non juives aspirent à surmonter.
Nirenberg est un historien diligent qui résiste aux généralisations et évite de relier le passé aux événements contemporains. Mais lorsqu’on parcourt son dossier soigneusement assemblé de « 23 siècles de leaders intellectuels articulant les idéaux de leurs sociétés » en rejetant bruyamment tout ce qu’ils considèrent comme « juif », ce profond sillon neuronal de la pensée occidentale devient difficile à rejeter, ses schémas sont indubitables. Si la piété est l’idéal d’une société donnée, les Juifs sont des blasphémateurs impies ; si la laïcité est l’idéal, les Juifs sont des piétistes rétrogrades. Si le capitalisme était le mal, les Juifs étaient des capitalistes ; si le communisme était le mal, les Juifs étaient des communistes. Si le nationalisme est glorifié, les Juifs sont des cosmopolites sans racines ; si le nationalisme est vilipendé, les Juifs sont des nationalistes chauvins. L’ « antijudaïsme » devient alors un juste combat pour promouvoir la justice.
Cette dynamique oblige les Juifs à se mettre sur la défensive et à prouver constamment qu’ils ne sont pas mauvais, et même simplement qu’ils ont le droit d’exister. Vers 38 de notre ère, après que des émeutiers d’Alexandrie eurent détruit des centaines de maisons juives et brûlé des Juifs vivants, l’intellectuel juif alexandrin Philon et l’intellectuel alexandrin non juif Apion se sont tous deux rendus à Rome pour un débat devant l’empereur Caligula sur la question de savoir si les Juifs méritaient d’être considérés comme des citoyens. Apion pensait que les Juifs organisaient un rituel annuel au cours duquel ils kidnappaient un non-Juif, l’engraissaient et le mangeaient. Caligula retarde de cinq mois la réfutation de Philon, puis ne l’écoute que lorsqu’il consulte les décorateurs du palais. Les Juifs d’Alexandrie perdent leurs droits de citoyens, mais il faut attendre 66 de notre ère pour que 50 000 d’entre eux soient massacrés.
Dans l’Europe médiévale, les Juifs étaient contraints de participer à des débats avec des prêtres chrétiens qui mettaient les textes et les traditions juifs en procès public, ce qui entraînait le brûlage des livres juifs et l’exil des contestataires juifs. Les procès juridiques ultérieurs ont développé ce concept, obligeant les Juifs à se défendre contre l’accusation absurde connue sous le nom de blood libel, libelle du sang, dans laquelle les Juifs sont accusés d’avoir assassiné et consommé des enfants non juifs – une affirmation qui a des échos dans les mensonges actuels sur les Israéliens qui prélèvent les organes des Palestiniens.
L’absurdité de ces accusations est moins remarquable que le profil intellectuel élevé de leurs auteurs : des gens comme Apion, un érudit d’Homère et de l’histoire égyptienne, ainsi que des érudits chrétiens et musulmans qui comptaient parmi les personnes les plus lues de leur temps. Des affirmations tout aussi absurdes sur la perfidie des juifs ont été approuvées plus tard par des sommités de la civilisation telles que Martin Luther et Voltaire. L’antijudaïsme, affirme Nirenberg, ne doit pas être compris comme un placard archaïque ou irrationnel dans les vastes édifices de la pensée occidentale. Il s’agit plutôt d’un des outils de base avec lesquels cet édifice a été construit.
J’ai réfléchi à la thèse de Nirenberg dans les mois qui ont suivi le massacre du 7 octobre 2023 en Israël, au cours duquel le Hamas, une organisation ouvertement génocidaire dont l’objectif déclaré est le meurtre des Juifs, s’est montré à la hauteur de sa mission en torturant, violant et assassinant plus de 1 200 personnes dans le sud d’Israël et en faisant plus de 200 captifs, y compris des bébés, des enfants et des personnes âgées. Peu après les attentats, un professeur de Cornell a publiquement qualifié cette barbarie d’exaltante et d’énergisante, tandis qu’un professeur de Columbia l’a qualifiée d’impressionnante et d’exploit. Des éloges comparables se sont répandus dans les plus grandes universités américaines, émanant aussi bien des étudiants que des professeurs. Sur les campus du pays, les étudiants ont commencé à se rassembler régulièrement pour scander « Il n’y a qu’une seule solution : la révolution de l’intifada », en référence à la campagne d’attentats-suicides menée en Israël.
Les étudiants ont organisé ces rassemblements à l’intérieur des bibliothèques et d’autres bâtiments du campus. Ils ont vandalisé des biens universitaires avec des slogans tels que « Sionisme = génocide », « Nouvelle Intifada » et « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » – en référence à une zone géographique qui englobe la totalité de l’État d’Israël, où vit la moitié des Juifs du monde. À Harvard, certains étudiants ont choisi de chanter une version arabe : « D’eau en eau, la Palestine est arabe ». Sur certains campus, l’exaltation s’est transformée en menaces de mort et en agressions physiques à l’encontre d’étudiants juifs. Lorsqu’un étudiant juif de l’université de Tulane a tenté d’empêcher un manifestant anti-israélien près du campus de brûler un drapeau israélien, les manifestants l’ont attaqué ainsi que d’autres étudiants juifs, cassant le nez de l’un d’entre eux.
Il n’y avait pas que les universités. Des foules acclamant l’« intifada » se sont rassemblées dans les villes du pays, fermant et perturbant les gares ferroviaires et les voies d’accès aux aéroports. De peur que leur soutien au Hamas ne soit confondu avec un soutien aux Palestiniens en général ou à la paix, les organisateurs des rassemblements américains ont baptisé leurs actions « inondations » : « Inondation de Seattle pour la Palestine », « Inondation de Manhattan pour Gaza » en référence à l’opération « Inondation d’Al Aqsa », nom donné par le Hamas à la boucherie du « 7 octobre 2023 ». L’enthousiasme était difficile à contenir. Certains ont arraché ou vandalisé des affiches d’otages israéliens. D’autres ont pris pour cible des synagogues et des entreprises juives, les peignant avec des croix gammées et des slogans tels que « La seule religion d’Israël, c’est le capitalisme ». À New York, la photo en ligne d’un enseignant juif tenant une pancarte « I Stand With Israel » a suffi à déclencher une manifestation dans toute l’école, qui s’est transformée en émeute au cours de laquelle les élèves ont détruit des biens scolaires ; l’enseignant a dû être déplacé dans une autre partie du bâtiment pour éviter la foule d’adolescents qui criaient « Free Palestine » ! À Los Angeles, un homme a envahi le domicile d’une famille juive avant l’aube avec un couteau, pénétrant dans la chambre des parents pendant que leurs quatre enfants dormaient, en criant « Tuez le peuple juif ». Lorsque la police l’a arrêté, il a crié « Libérez la Palestine » ! .
La critique d’Israël n’est pas antisémite : les Juifs sont désormais tenus de réciter cette phrase humiliante et évidente, encore et encore, comme prix d’admission au discours public sur leur propre diabolisation, dans des « débats » avec des personnes qui sont souvent incapables de nommer le fleuve ou la mer en question. Les nombreuses préoccupations légitimes concernant la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens, et les nombreuses préoccupations légitimes concernant la guerre actuelle d’Israël à Gaza, ne peuvent expliquer ces chants et slogans éliminatoires, l’allégresse avec laquelle ils sont prononcés, l’anarchie qui les a accompagnés, ou les agressions ouvertes contre les Juifs. Le moment choisi a suffi à mettre le jeu à nu : cette exaltation de masse est apparue non pas en réponse à la guerre menée par Israël pour abattre le Hamas et sauver ses citoyens kidnappés, mais exactement en réponse à la barbarie la plus meurtrière et la plus sadique contre les Juifs depuis la Shoah, avec viols, décapitations et enlèvements d’enfants en bas âge, commise par un régime qui vise à éviscérer non seulement les Juifs, mais aussi tout espoir d’épanouissement, de coexistence ou de paix pour les Palestiniens, et qui la soutient explicitement.
Mais il y a des nuances dans la barbarie sadique contre les Juifs, nous dit-on, et parfois le viol collectif de femmes juives est en fait un mouvement pour les Droits de l’homme. Il ne semble guère juste de traiter d’antisémites des personnes qui ne souhaitent la mort que de la moitié des Juifs du monde. La phrase « Mondialiser l’Intifada », actuellement scandée dans les universités américaines, élargit peut-être un peu le filet, mais qui peut vraiment le dire ? Même la phrase « Gazez les Juifs », scandée lors d’un rassemblement organisé par les étudiants et les professeurs de l’université de New York, est très ambiguë. Comment ces Juifs pleurnichards osent-ils prétendre savoir ce qu’il y a dans le cœur des autres ?
En outre, les Juifs américains n’avaient aucune raison de se plaindre : l’un d’entre eux était-il mort aux États-Unis à cause de toute cette exaltation ? La réponse à cette question a été apportée en novembre, lorsqu’un homme juif est mort en Californie après qu’un manifestant anti-israélien l’a prétendument frappé à la tête avec un porte-voix, le type de porte-voix utilisé pour chanter des slogans entièrement non antisémites – et, bien sûr, cette question avait déjà reçu des réponses répétées avec d’autres meurtres antisémites au cours des dernières années, certains plus médiatisés que d’autres. L’un des meurtres a même eu lieu sur le campus : en 2022, un étudiant expulsé de l’université de l’Arizona, qui ne cessait de fulminer contre les Juifs et les sionistes, a abattu son professeur – qui n’était pas juif, même si l’étudiant pensait qu’il l’était. Mais aujourd’hui, les règles du jeu changent à nouveau : ces meurtres réels, ainsi que de nombreuses autres attaques physiques contre des Juifs américains, ne sont que des cas isolés, des loups solitaires, des cas de maladie mentale, sans aucun rapport avec la rhétorique antisémite qui tourbillonne dans la vie américaine.
La raison pour laquelle l’antisémitisme n’a d’importance que lorsqu’il est mortel n’est pas claire, ni le nombre de meurtres clairement antisémites nécessaires pour que l’antisémitisme se manifeste en dehors de la tête des Juifs pleurnichards. Une estimation réaliste pourrait être de 6 millions. Même dans ce cas, les Juifs ont dû passer les 80 dernières années à rassembler des documents pour le prouver.
« Un fait déconcertant dans cet assaut de la plus ancienne haine du monde est que la société américaine aurait dû être prête à y faire face ». De nombreuses institutions publiques et privées ont énormément investi ces dernières années pour tenter de désamorcer le sectarisme ; nous vivons une époque où même les fabricants de baskets se sentent obligés de dénoncer publiquement la haine. Mais les initiatives en matière de diversité, d’équité et d’inclusion n’ont pas fait le poids face à l’antisémitisme, et ce pour une raison claire : l’idée durable que l’antisémitisme est une forme de justice.
Les initiatives en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion sont conçues pour combattre les effets des préjugés sociaux en insistant sur l’équité : Certaines personnes dans notre société ont trop de pouvoir et trop de privilèges, et sont surreprésentées, de sorte que la justice exige d’égaliser les chances. Mais l’antisémitisme n’est pas d’abord un préjugé social. Il s’agit d’une théorie du complot : le grand mensonge selon lequel les Juifs sont des super-vilains qui manipulent les autres. La lutte pour la justice ne passe donc pas par la protection des Juifs en tant que minorité vulnérable. Il s’agit plutôt d’abattre les Juifs.
Pour reprendre les termes de DEI, le grand mensonge est systémique.
Mais l’antisionisme en tant que concept politique explicite a une histoire tout à fait indépendante des actions des Juifs. En 1918, 30 ans avant la création de l’État d’Israël, les bolcheviks ont créé des sections juives du parti communiste, dont ils ont exigé qu’elles soient antisionistes. Le problème, selon les bolcheviks, était que le particularisme juif, en l’occurrence, le sionisme, constituait un obstacle à la juste mission universelle d’unification de l’humanité sous le communisme, tout comme les chrétiens considéraient autrefois le particularisme juif comme un obstacle à la juste mission universelle d’unification de l’humanité sous l’égide du Christ. La justesse de cette mission était, comme d’habitude, la clé : l’affirmation selon laquelle l’antisionisme n’était pas lié à l’antisémitisme, répétée ad nauseam dans la propagande soviétique pendant des décennies, était essentielle pour que le parti communiste se présente comme le libérateur de l’humanité. Il s’agissait également d’un mensonge éhonté.
Les bolcheviks ont rapidement démontré leur prétendue absence d’antisémitisme en fermant toutes les institutions « sionistes » sous leur contrôle, une catégorie qui allait des  synagogues aux clubs sportifs, en s’appropriant leurs biens, en prenant possession de leurs bâtiments, parfois en détruisant physiquement les bureaux, et en arrêtant et finalement en purgeant les dirigeants juifs, y compris ceux qui avaient approuvé la ligne du parti et persécuté leurs compatriotes juifs pour leur « sionisme ». Des milliers de Juifs ont été persécutés, emprisonnés, torturés ou assassinés.
Plus tard, l’URSS a exporté ce message à ses États clients dans les pays en développement et, en fin de compte, aux États-Unis, dans les cercles soucieux de justice sociale. D’épaisses traces écrites montrent comment le KGB a adapté sa propagande en qualifiant explicitement le sionisme de « racisme » et de « colonialisme », et ce depuis un demi-siècle, lorsque ces termes se sont imposés comme de puissantes calomnies, alors même que les Juifs sont de races différentes et que le sionisme est l’un des premiers exemples au monde d’un peuple autochtone réclamant son indépendance. Les faits n’avaient aucune importance : les Soviétiques ont qualifié les Juifs d’oppresseurs colonialistes racistes, tout comme les Nazis avaient qualifié les Juifs d’oppresseurs capitalistes et communistes, et tout comme les Chrétiens et les Musulmans avaient qualifié les Juifs de tueurs de D’ et de profanateurs de Prophètes. Les Juifs étaient tout ce qu’une société donnée considérait comme mauvais. Pour emprunter le langage de l’IED, le grand mensonge est systémique.
Le fait même de le nommer – c’est-à-dire de dénoncer le sectarisme à l’égard des Juifs – peut être considéré comme un autre signe d’intention malveillante présumée, de Juifs s’attaquant aux principes bien-aimés de la justice pour tous. Lors d’une conférence donnée en avril 2023, l’historien David Nirenberg a présenté l’exemple d’un activiste jouissant d’une grande popularité et dont la rhétorique avant-gardiste s’est heurtée à des accusations d’antisémitisme. L’activiste a souligné, comme l’a dit Nirenberg, que l’antisémitisme n’était qu’une accusation que les Juifs utilisaient pour faire taire les critiques et écraser la liberté d’expression. Il a intenté des procès en diffamation contre les journaux qui l’accusaient d’antisémitisme, et les a gagnés. Il est regrettable pour ceux qui avancent cet argument aujourd’hui que cet activiste s’appelait « Adolf Hitler ».
Deux semaines après le massacre du 7 octobre 2023, j’ai écrit un article d’opinion pour un journal national sur les peurs intergénérationnelles ressenties par de nombreux Juifs, en décrivant quelques moments choisis parmi plusieurs milliers d’années d’attaques antisémites. Un sympathique fact-checker m’a suivi, me demandant de prouver que les pogroms de la guerre civile russe de 1918-1921 impliquaient des viols collectifs, et ajoutant un judicieux rapport devant un détail que j’avais inclus du pogrom Farhud à Bagdad en 1941, à propos d’assaillants prenant les seins coupés de femmes juives comme trophées. J’ai consciencieusement fourni des sources supplémentaires, passant au peigne fin des témoignages écœurants sur des filles juives mutilées en 1919 et en 1941, tout en évitant les vidéos de filles juives mutilées en 2023.
Alors que j’accumulais les preuves de l’existence de ces événements, je me suis souvenue d’une interview orale que ma sœur avait réalisée avec notre grand-père pour la partager avec notre famille lors de la fête de son 97e anniversaire, dans laquelle il décrivait la décision de ses propres grands-parents de quitter leur ville en Ukraine après qu’une tante eut été attaquée lors d’un pogrom. Ils l’ont attaquée, et cetera, et cetera, disent les notes de ma sœur sur l’interview. Et cetera, et cetera, me disais-je encore et encore, alors que je cherchais des sources sur les viols collectifs de femmes juives pour les soumettre au fact-checker, ma vision devenant floue. À l’époque, je ne m’étais pas demandé ce que signifiaient ces et cetera aseptisés.
La semaine même où j’ai envoyé par courrier électronique au fact-checker des documents sur les pogroms du passé, le journal, comme de nombreux autres organes d’information, a publié un gros titre sur le bombardement par les Israéliens d’un hôpital à Gaza et la mort de 500 personnes à l’intérieur. Il s’est rapidement avéré qu’il s’agissait d’un mensonge du Hamas – un mensonge similaire à la diffamation médiévale du sang, selon laquelle les Juifs auraient délibérément pris pour cible et tué des bébés innocents non juifs – et d’une projection psychologique transparente des crimes que le Hamas avait réellement commis en Israël, où les terroristes du Hamas avaient délibérément pris pour cible et tué des centaines d’adultes, d’enfants et de bébés, et avaient également tiré à plusieurs reprises des roquettes sur un hôpital. L’armée israélienne a effectivement tué de nombreux innocents à Gaza au cours de la guerre qu’elle a menée pour détruire le Hamas, et elle mérite le même examen minutieux que n’importe quel pays pour sa conduite en temps de guerre. Mais l’examen est impossible lorsque des mensonges sont substitués aux faits. Le journal a ensuite publié une note éditoriale regrettable reconnaissant son erreur. Malheureusement, le mensonge du Hamas avait déjà inspiré des manifestations de masse dans le monde entier ; les émeutiers en Tunisie ont été tellement courroucés par ce mensonge qu’ils ont incendié une synagogue historique. On m’a demandé à juste titre de prouver que les pogroms irakiens et ukrainiens avaient aussi eu lieu. Mais les porte-parole du Hamas ont été pris au mot.
Peu après la publication de cet article, j’ai été invité à visionner des séquences vidéo des attaques du c7 octobre 2023cque l’armée israélienne avait compilées à partir de caméras de sécurité, de vidéos en ligne et de caméras GoPro de terroristes du Hamas. Ces images macabres ont été rassemblées spécifiquement dans le but de lutter contre le déni. Mais même ces preuves horribles et humiliantes, documentées en grande partie par les auteurs eux-mêmes, ne suffisent apparemment pas à prouver que les expériences juives sont réelles. Lors d’une projection des images à Los Angeles, un spectateur a crié : « Montrez les viols » !
Les assaillants eux-mêmes ont fourni des images du cadavre nu et mutilé d’une femme et d’une adolescente au pantalon maculé de sang, traînée par les cheveux hors d’un camion. Depuis lors, il est apparu clairement que le Hamas recourait systématiquement au viol et à la torture sexuelle à l’encontre des femmes israéliennes. Les premiers intervenants et les médecins légistes israéliens ont trouvé des cadavres de femmes et de jeunes filles présentant des hémorragies vaginales et des fractures du bassin. Des sœurs adolescentes ont été retrouvées assassinées dans leur chambre, l’une d’elles ayant reçu une balle dans la tête, le pantalon baissé et couvert de sperme ; une femme a été retrouvée avec des clous et d’autres objets dans ses organes génitaux, tandis que d’autres ont été tuées d’une balle dans le vagin. Des témoins oculaires ont parlé d’une femme passée entre plusieurs hommes, assassinée alors que l’un d’entre eux était encore en train de la violer ; à un moment donné, son sein coupé a été jeté en l’air. C’était un détail familier du pogrom de Bagdad de 1941, tout comme trancher un fœtus dans le corps d’une femme juive enceinte est une tactique que le Hamas a reproduite sans le savoir des pogroms de Khmelnytskyi en Ukraine en 1648. Et cetera, et cetera. Mais qui le croirait ? « Montrez les viols » !
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J’ai été invité à plusieurs reprises à ces projections, mais je n’y suis jamais allé. Je ne voulais pas voir des gens se faire brutaliser. Je ne voulais pas non plus regarder des gens se faire brutaliser en entendant quelqu’un derrière moi crier «  Montrez les viols » ! .
Lors de mes déplacements à travers le pays ces derniers mois pour discuter de mon travail sur les Juifs dans les sociétés non juives, j’ai rencontré de nombreux collégiens et lycéens juifs qui semblent avoir accepté le dénigrement désinvolte des Juifs comme étant normal. Ils grandissent avec. Dans la banlieue de Dallas, des adolescents m’ont raconté, en haussant les épaules, que les fraternités juives de leurs amis dans les universités du Texas avaient été « marquées à la craie ». J’ai dû leur demander ce que signifiait ce terme : des graffitis antisémites réalisés par des vandales qui n’avaient pas de peinture en aérosol. Les synagogues sont également souvent marquées à la craie. Un autre verbe nouvellement répandu parmi les Juifs américains est le « swatting » « fauchage » : il s’agit de fausses alertes à la bombe ou au tireur actif qui obligent à évacuer les lieux et suscitent la peur. (Ce terme fait référence aux équipes du SWAT qui arrivent parfois sur les lieux, sans savoir qu’il s’agit d’un canular, et qui suscitent encore plus de peur). Ces incidents se produisent désormais si souvent dans les institutions juives américaines qu’ils en deviennent presque ennuyeux ; près de 200 personnes ont été attaquées au cours d’un seul week-end de décembre 2023. (Lorsque cela s’est produit dans ma propre synagogue en novembre, forçant la célébration de la bat-mitzva d’une jeune fille à se dérouler dans un parking, le président de la synagogue a averti les fidèles de ne pas publier de détails spécifiques à ce sujet en ligne, au cas où des personnes suivraient nos procédures d’évacuation).
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Ces dernières années, les Juifs américains ont également mis au point, à grands frais, un solide système de détection des menaces et de renforcement des cibles afin de prévenir ou de désamorcer les attaques réelles. Une organisation appelée « Secure Community Network » forme les dirigeants juifs et les membres de la communauté à la connaissance des situations et à l’autodéfense ; un rabbin du Texas qui avait été retenu en otage avec trois fidèles pendant 11 heures par un djihadiste en 2022 a affirmé que cette formation lui avait sauvé la vie, ainsi qu’à ses fidèles. Un autre groupe, Community Security Initiative, suit les menaces sur les médias sociaux 24 heures sur 24 ; une menace en ligne signalée d’attaquer des synagogues en 2022 a conduit à l’arrestation à la gare Penn de New York de deux hommes portant des armes illégales, des munitions et un brassard à croix gammée.
Malheureusement, certains acteurs malveillants trouvent un terrain d’action idéal juste après les caméras de sécurité. En décembre, un harceleur de rue a agressé un couple juif âgé, frappant le mari à la tête avec une boucle de ceinture, causant une blessure à la tête – ce qui n’était pas grave comparé à un incident précédent, au cours duquel deux hommes juifs avaient été abattus alors qu’ils rentraient chez eux après avoir fréquenté deux synagogues différentes, en février de l’année dernière. Une semaine après l’attaque à la ceinture, un homme de Washington a aspergé des personnes sortant d’une synagogue d’une substance que la police a qualifiée de nauséabonde en criant « Gazez les Juifs » ! .
À Minneapolis, une femme qui travaille dans la communication pour une organisation juive m’a raconté comment « Free Palestine » était devenu, même avant le 7 octobre 2023, une sorte de croix gammée verbale – non pas à cause de sa signification, mais à cause de la manière dont elle est déployée. Outre son utilisation dans des contextes politiques ou de protestation, elle a également été utilisée comme technique de harcèlement en ligne : Les trolls étiquettent tout message à contenu juif – y compris des documents sans rapport avec Israël – avec #FreePalestine, appelant d’autres combattants de la liberté à la noble cause de la violence verbale à l’égard des adolescents juifs qui osent poster des photos de challah. Ce vandalisme verbal est passé à la vie réelle, a expliqué la femme, et les harceleurs le gribouillent désormais régulièrement sur les bâtiments communautaires juifs, le crient à leurs camarades d’école juifs et le hurlent par la fenêtre de leur voiture à quiconque porte une kippa.
Lors d’un dîner de Chabbath auquel j’ai assisté dans une université, les étudiants ont fait un tour de table pour dire ce qu’ils aimeraient pouvoir dire à leurs amis non juifs : « J’aimerais pouvoir dire que je veux passer un semestre en Israël. J’aimerais pouvoir dire que je travaille dans une école maternelle juive. J’aimerais pouvoir dire que j’ai fait du bénévolat dans un hôpital juif ». Je suis restée assise à la table, stupéfaite. Ils se cachaient.
C’est au cours de ce cauchemar permanent que les administrateurs de Harvard m’ont recruté pour me conseiller sur le problème de l’antisémitisme sur le campus. En dépit de mon bon sens, j’ai accepté de faire partie du comité. Les étudiants juifs de Harvard qui m’ont désespérément raconté leurs histoires d’horreur les ont étayées par des piles de preuves. Ils savaient qu’ils devaient le prouver.
L’avalanche de documents déposés à mes pieds a rapidement montré que le problème à Harvard n’était pas mince. La nuit du massacre, avant que le sang ne soit sec, plus de 30 groupes d’étudiants de Harvard ont fièrement annoncé qu’ils « tenaient le régime israélien entièrement responsable de toute la violence qui se déroulait ». Le campus a été presque instantanément saturé de rassemblements anti-israéliens enthousiastes, que de nombreux médias ont dépeint comme la pièce maîtresse d’un débat sur la liberté d’expression.
Mais ces manifestations n’étaient pas simplement des événements publics en plein air devant lesquels les étudiants non intéressés pouvaient passer. Elles ont également eu lieu à l’intérieur des salles de classe pendant les cours, dans le réfectoire des premières années, dans la plus grande bibliothèque du campus et dans d’autres espaces d’étude communs. Les étudiants juifs ne pouvaient plus s’attendre à pouvoir étudier à la bibliothèque, manger dans les réfectoires ou assister à un cours sans que leurs camarades de classe ne leur répètent, parfois par le biais d’un porte-voix, que les Juifs sont des meurtriers génocidaires qui méritent une intifada perpétuelle. Les pertes civiles en temps de guerre, aussi horribles soient-elles, ne constituent pas un génocide, mais la diabolisation était le but recherché. Il en va de même pour la vague romance de l’intifada qui a ciblé, mutilé et assassiné des civils juifs. À la faculté de droit, des centaines de manifestants ont défilé dans une salle de classe pendant les cours. Des étudiants juifs ont déclaré avoir été pris pour cible et poursuivis à travers un bâtiment par leurs camarades en train de crier. Une vidéo de l’école de commerce montre un étudiant juif harcelé physiquement, accosté par des manifestants qui l’entourent avec leur kaffiyeh.
Cette diabolisation des Juifs, qu’elle soit intentionnelle ou non, s’est étendue au corps enseignant de Harvard. Les enseignants qui notent les étudiants juifs ont utilisé les listes de classe distribuées par l’université pour partager des informations sur les événements organisés par des groupes pro-palestiniens ; au moins l’un d’entre eux a même annulé son cours pour que les étudiants puissent assister à un rassemblement anti-israélien. Cette pratique des enseignants de Harvard est antérieure à la guerre actuelle entre Israël et le Hamas. Une enquête menée par un tiers avant le début de l’année universitaire a révélé qu’un professeur avait fait preuve de discrimination à l’égard de plusieurs étudiants israéliens ; Harvard a déclaré avoir pris des mesures, mais le professeur a rejeté les conclusions et a continué à enseigner. Dans un autre incident, une étudiante a affirmé qu’un autre professeur lui avait demandé de quitter sa classe au printemps 2023 après avoir appris qu’elle était israélienne, parce que son caractère israélien mettait les gens « mal à l’aise ».
Les étudiants juifs qui sont venus à Harvard dans l’espoir de suivre des cours de langue arabe ou d’études du Moyen-Orient m’ont dit qu’ils finissaient souvent par éviter complètement ces cours, se méfiant des professeurs et de leurs pairs qui leur faisaient clairement comprendre qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Une récente doctorante dans un domaine d’étude sans rapport avec le Moyen-Orient m’a raconté que, bien avant le 7 octobre 2023, ses collègues doctorants en formation le vivier des assistants d’enseignement se réunissaient rarement sans faire référence aux « salauds de sionistes » et aux « ordures d’Israéliens ». Un étudiant de Harvard a raconté comment un camarade de classe, après avoir appris qu’il était juif, lui a dit qu’ « il ne devrait plus y avoir d’État juif ni de Juifs ».
La montagne de preuves à Harvard a révélé une réalité dans laquelle l’accès des étudiants juifs à leur propre université était directement compromis.
Après le 7 octobre 2023, les plateformes de médias sociaux ont explosé de haine juive sans ambiguïté dans des commentaires tels que Harvard Hillel brûle en enfer et « Laissez-les cuire ». Dans ce contexte, de nombreux étudiants juifs religieux ont cessé de porter la kippa sur le campus ou l’ont remplacée par une casquette de base-ball ; quelqu’un a craché au visage d’un étudiant portant la kippa alors qu’il marchait dans la rue. Selon The Harvard Crimson, un étudiant juif a été invité par un employé de Harvard à « débattre » avec lui de la question de savoir si Israël avait fomenté les attaques terroristes du 11 septembre. Plus tard, l’employé a mis en ligne une vidéo montrant une capture d’écran du compte X de l’étudiant et l’employé brandissant une machette jouet ; l’étudiant a signalé l’incident aux autorités et s’est vu demander de déposer une ordonnance restrictive.
Étonnamment, les étudiants juifs, dont le nombre a considérablement diminué à Harvard ces dernières années pour des raisons que personne ne semble en mesure d’expliquer, n’ont pas réagi à tout cela en lançant leurs propres campagnes d’incitation à la haine. Au contraire, avant et après le 7 octobre 2023, les étudiants de Harvard Hillel ont tendu la main à leurs pairs parmi les activistes anti-israéliens de Harvard, leur demandant non pas de cesser et de s’abstenir, mais de dialoguer, ou même simplement de prendre une tasse de café. Ils leur ont proposé d’apprendre à se connaître. Les militants anti-Israël ont refusé de s’engager. Les étudiants juifs ont réessayé ; ils ont été repoussés à nouveau. Et encore. Ce n’est guère surprenant. Pour certains militants anti-israéliens, le simple fait de parler à des « sionistes » (étiquette appliquée aux 80 % de Juifs américains qui considèrent Israël comme un élément essentiel ou important de leur identité juive) constitue une « normalisation », c’est-à-dire le fait de traiter les Juifs comme s’ils étaient des êtres humains normaux, plutôt que des incarnations du mal.
Une fois de plus, nous sommes obligés de prouver que cela a de l’importance. Personne n’est mort, pourquoi se plaindre ? Un professeur permanent de Harvard a écrit à notre comité consultatif pour demander s’il y avait eu des actes de violence contre des étudiants juifs à Harvard ou sur d’autres campus (la réponse a été oui). « Si les inquiétudes des étudiants juifs concernant le danger physique sont, en fait, exagérées », a poursuivi le professeur avec autorité, « alors les étudiants qui ont ces craintes devraient être conseillés de quitter le campus et de rentrer chez eux ».
Mais un environnement hostile émerge d’incidents mineurs omniprésents, même ceux qui ne visent pas des individus. Imaginez que vous êtes une femme dans un bureau où vos collègues et patrons masculins se réunissent régulièrement près de la photocopieuse pour discuter de leurs clubs de strip-tease préférés. Vous évitez la photocopieuse, mais ils étendent ensuite leurs discussions à la salle de pause, au hall d’entrée, au refroidisseur d’eau, à la salle de conférence. Vous évitez également ces espaces, vous évitez ces collègues, vous vous cachez dans votre box et vous finissez par ne pas être promu. Dans une telle situation, votre entreprise serait responsable d’un environnement hostile et discriminatoire à votre égard. Elle ne pourrait pas se dédouaner en soulignant que personne ne vous a encore violée ou que ces hommes ne parlent pas de vous ou ne s’adressent pas à vous. Elle ne pourrait pas se défendre en vous conseillant de partir et de rentrer chez vous si ces conversations vous dérangent. Un environnement hostile est précisément un environnement où les professeurs titulaires conseillent aux étudiants de partir et de rentrer chez eux.
La montagne de preuves à Harvard a révélé une réalité dans laquelle l’accès des étudiants juifs à leur propre université (cours, professeurs, bibliothèques, réfectoires, espaces publics, expériences étudiantes partagées) était directement compromis. Compromis, c’est-à-dire, à moins qu’ils n’acceptent – ou au moins qu’ils n’acceptent de prétendre, comme le font silencieusement de nombreux étudiants juifs qui ne sont ni religieux ni israéliens – qu’il n’y a rien de mal à tapisser la première université américaine de diabolisation des Juifs. L’objectif était de forcer cet accord silencieux, et il a été atteint non pas par des arguments ou des preuves, mais par le veto du chahuteur le plus risible et le plus idiot : hurler, chasser, congeler ou cracher sur quiconque osait ne pas être d’accord avec le fait de soutenir les tueurs de juifs les plus efficaces depuis les nazis. « Les grands esprits de Harvard se sont donc retrouvés à débattre des subtilités de la liberté d’expression pour les chahuteurs, au lieu de se demander pourquoi leur campus était peuplé de chahuteurs ». La question de savoir pourquoi les chahuteurs de Harvard chahutaient en faveur de la barbarie du Hamas était trop dérangeante pour être envisagée, et les discussions publiques l’ont donc complètement ignorée.

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