Tsahal a pris le contrôle du navire qui se dirigeait vers Gaza

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De l’Italie à la Méditerranée orientale

Portée par la Freedom Flotilla Coalition, la mission du navire Handala est partie d’Italie à la mi‑juillet 2025. Ce bateau de 18 membres d’équipage – militants, syndicalistes et élus européens – voulait acheminer des denrées alimentaires et des médicaments vers la bande de Gaza, soumise à un strict blocus israélien depuis des années. Pour les organisateurs, la traversée revêtait une valeur symbolique : il s’agissait de dénoncer les restrictions imposées aux habitants de Gaza et de rappeler la situation des enfants palestiniens confrontés à la famine et aux bombardements.

L’équipage connaissait les risques. Quelques semaines auparavant, un autre navire de la coalition, le Madleen, avait été intercepté en Méditerranée par l’armée israélienne et dérouté vers le port d’Ashdod. Cette saisie avait suscité une vague d’indignation parmi les défenseurs de la cause palestinienne. Pourtant, les militants n’ont pas renoncé. Selon l’une des militantes à bord, le départ depuis l’Italie était un devoir moral en l’absence d’initiatives gouvernementales. Ils ont décidé de mettre le cap sur Gaza, malgré les avertissements d’Israël qui avait demandé à ses partenaires diplomatiques d’empêcher cette mission.

Approche des eaux israéliennes et changement de cap
À l’approche des eaux territoriales israéliennes, la tension est montée d’un cran. Les passagers ont rapporté que des drones et plusieurs bâtiments militaires s’étaient rapprochés du Handala. L’un d’eux a indiqué que l’équipage s’était préparé à l’éventualité d’un abordage par des forces israéliennes, se souvenant du sort réservé au Madleen. Ils ont déclaré qu’il leur restait environ huit heures et demie avant d’atteindre la côte de Gaza, répétant leur objectif : « Nous allons briser le siège de Gaza ». Les militants affichaient leur détermination en chantant et en brandissant des messages de solidarité.

Face à la présence des navires israéliens, l’Handala a modifié sa trajectoire pour longer les côtes égyptiennes sans franchir les eaux territoriales d’Israël. Les responsables à bord ont expliqué avoir tenté de contacter la marine israélienne, sans réponse. Ils se sont dits inquiets pour la sécurité des civils se trouvant sur le navire et ont décidé, par précaution, de mettre le cap vers le sud. Ils ont également envisagé de solliciter les garde‑côtes égyptiens pour une entrée d’urgence si la menace s’accentuait, tout en précisant qu’ils ne souhaitaient pas pénétrer dans les eaux égyptiennes sans y avoir été invités.

Intervention israélienne et saisie du navire
Samedi soir, alors que le Handala naviguait à proximité de la limite des eaux territoriales israéliennes, des commandos de la marine israélienne ont pris le contrôle du navire et l’ont escorté vers un port israélien. Selon l’armée, l’opération visait à empêcher la flottille de violer le blocus maritime de Gaza, jugé nécessaire pour empêcher des livraisons d’armes. Israël a déclaré qu’il avait tenté des démarches diplomatiques pour empêcher le départ de la flottille et qu’en l’absence de résultat, la saisie du navire était inévitable.

Les militants ont dénoncé une opération disproportionnée et ont affirmé que leur cargo ne contenait que de l’aide humanitaire. La militante américaine Huwaida Araf, présente à bord, a confirmé que deux navires non identifiés s’étaient approchés et que l’équipage se préparait à une possible confrontation. D’autres passagers ont expliqué qu’ils avaient reçu l’ordre de se rendre et de ne pas résister. L’intervention s’est déroulée sans violence majeure, mais les organisations pro‑palestiniennes ont accusé Israël de violer le droit maritime en interceptant des navires civils en haute mer.

Contexte politique et réactions
Cette saisie s’inscrit dans un contexte de tensions continues autour du blocus de Gaza. Alors que les autorités israéliennes affirment que la flottille est une provocation politique et un risque pour la sécurité, les organisateurs du Handala défendent une action humanitaire. Des politiciens et des syndicalistes européens à bord rappellent que la mission vise à attirer l’attention sur la crise humanitaire qui sévit dans l’enclave palestinienne. Selon eux, même si les cargaisons transportées ne suffisent pas à résoudre la pénurie de nourriture et de médicaments, le symbole d’un bateau franchissant le blocus est essentiel pour maintenir la mobilisation en faveur de Gaza.

La capture du Handala rappelle ainsi la confrontation permanente entre activistes internationaux et État israélien autour du blocus de Gaza. Si les militants revendiquent un acte de solidarité et de désobéissance civile, les autorités israéliennes y voient une tentative de violation de leur souveraineté maritime. Cette tension démontre l’impasse politique dans laquelle se trouve la question gazaouie et souligne l’absence de solution durable au conflit.

Jforum.fr

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