6 février 1945 : exécution de l’ultra antisémite Robert Brasillach

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De Gaulle sait qu’il va lui falloir composer avec les FTP communistes pour asseoir son autorité et prendre les rênes du pouvoir dans un avenir qui se précise, même s’il n’est pas très proche des communistes.

Les contacts ont été pris dès la disparition de Jean Moulin et c’est dans cet objectif que le 10 octobre 1943, de Gaulle signe la circulaire qui programme la mise en place des exécutions à prévoir dès la libération et même avant, comme le souhaitent les communistes. Il prouve ainsi sa pleine responsabilité dans l’exécution de milliers de victimes par les partisans FTP durant l’épuration.

Le 20 mars 1944, Pierre Pucheu sera le premier membre du gouvernement de Vichy à être exécuté dans le cadre de l’épuration. Il avait créé les « sections spéciales », responsables de l’exécution de plusieurs otages.

Pucheu avait demandé au Comité national français, créé par Jean Moulin et dirigé par Giraud et De Gaulle, la possibilité de rejoindre l’Afrique du Nord et de s’engager dans l’armée avec son grade de capitaine de réserve. Après une longue hésitation, sa demande sera acceptée, mais, dès son arrivée, il fut intercepté, jugé et condamné à mort.

De Gaulle reçut ses avocats la veille de l’exécution, le 19 mars. Il refusa la grâce, mais expliqua « qu’il garde toute son estime à Pucheu, mais que dans le drame que vit la France, nos personnes ne comptent pas, notre seul guide doit être la raison d’Etat. »

Il prend cependant l’engagement formel de s’occuper personnellement de l’éducation de ses enfants.

Pucheu avait eu des responsabilités politiques et on pouvait l’accuser d’avoir du sang français sur les mains, mais ce n’était nullement le cas de Robert Brasillach, l’un des plus brillants écrivains de sa génération.

Journaliste, écrivain et critique passionné de cinéma, mais aussi rédacteur en chef du journal collaborationniste et antisémite « Je suis partout », il sera jugé uniquement pour ses écrits, donc pour sa liberté d’expression utilisée pour intelligence avec l’ennemi. Défendu par Me Jacques Isorni son procès, le 19 mai 1945, dura 6 heures et, après une délibération de vingt minutes, il sera condamné à mort.

Malgré une pétition de nombreux intellectuels et artistes, dont Albert Camus, François Mauriac, Jean Cocteau, Colette, Paul Valery, Paul Claudel, Marcel Aymé, Roland Dorgelès, Jean Paulhan, Daniel Rops, Thierry Maulnier, Jean Anouilh, Jean-Louis Barrault, etc. De Gaulle, alors chef du gouvernement provisoire, refuse sa grâce, obéissant ainsi aux ordres des communistes, dont il était alors l’allié intéressé. Il affirmera plus tard qu’il considérait Brasillach comme responsable par ses écrits de l’assassinat de Georges Mandel. Cela soulageait sans doute sa conscience bien chargée.

Robert Brasillach fut exécuté le 6 février 1945 au fort de Montrouge et son corps repose au cimetière de Charonne, à Paris.

L’un de des plus éminents magistrats, Philippe Bilger, affirme que le procès de Robert Brasillach fut indigne, car, jugé sur ses écrits plus que sur ses actes, il est l’exemple déshonorant d’une justice expéditive.

De Gaulle écrit dans ses mémoires : « Le talent est un titre de responsabilité, il est donc une circonstance aggravante, car il accroît l’influence de l’écrivain ».

De combien de morts sont responsables les talents oratoires et la plume talentueuse de l’écrivain de Gaulle ?

Selon le ministre de l’Intérieur Jules Moch, ont été comptabilisées

  • 10 822 exécutions, dont 8 775 exécutions sommaires, avant le relais pris par l’épuration judiciaire qui condamnera à mort et fera exécuter par les cours martiales 769 sentences et 791 par les cours de justice.
  • 300 000 personnes seront arrêtées ou internées.
  • 95 112 affaires examinées par les cours de justice qui prononceront 7 037 peines de mort, dont 4 397 par contumace.
  • Près de 50 000 femmes sont tondues ou humiliées sous prétexte de relations avec les Allemands.
  • 279 magistrats sont sanctionnés sur 2 200.

L’épuration aura été finalement plus meurtrière que la révolution de 1789.

(Davantage de détails dans mon livre « J’accuse de Gaulle)* »

© Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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