Le Brexit a-t-il déjà découragé les entreprises d’investir au Royaume-Uni?

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BREXIT – Pour bien investir, il faut se faire une idée de l’avenir. C’est pour cette raison que les entreprises détestent les changements intempestifs de fiscalité et de réglementation, comme souvent en France.

Mais bientôt aussi au Royaume-Uni avec le Brexit.

Le Parlement a autorisée Theresa May lundi soir à déclencher le Brexit, passant outre la volonté initiale des élus de bloquer le texte s’il ne leur donnait pas le droit de regard final sur le futur accord avec Bruxelles. Malgré les menaces agitées, aucun député de son Parti conservateur n’a voté contre le texte, bien qu’une poignée d’entre eux se soient abstenus. La lune de miel de la Première ministre britannique avec sa majorité se conjugue à la faiblesse de l’opposition, à une relative stabilité économique et à une presse très eurosceptique.

May s’apprête donc à ouvrir les négociations du Brexit forte d’une victoire face à une rébellion parlementaire, qui n’occulte cependant pas la difficulté de la tâche qui l’attend avec les responsables européens. La décision du gouvernement écossais d’organiser un nouveau référendum d’indépendance et certains signes avant-coureurs économiques négatifs montrent que son chemin sera semé d’embûches, estiment les analystes.

Activation de l’article 50 avant fin mars

A cela s’ajoute le fait que Bruxelles entend exiger une note de divorce salée, jusqu’à 60 milliards d’euros selon les estimations.

D’ici fin mars, le gouvernement britannique devrait cependant officiellement activer l’article 50 du traité de Lisbonne. Deux ans plus tard au maximum, le Royaume-Uni n’appartiendra plus à l’Union européenne. Avec quelles conséquences? Bien malin qui saura le dire.

C’était d’ailleurs l’un des arguments massues des anti-Brexit avant le référendum du 23 juin: l’incertitude quant aux futurs relations avec l’Europe, la peur des rétorsions douanières, allaient faire fuir les entreprises et les investisseurs.

Neuf mois plus tard, où en sommes-nous? Sur le plan macroéconomique, les créations d’emplois ont ralenti fin 2016, mais les prévisions de croissance pour 2017 sont plus élevées que prévues, à 2%.

La high tech et l’industrie confiantes, la finance beaucoup moins…

Côté entreprises, impossible d’être exhaustif tant elles sont nombreuses. Mais ce n’est clairement pas l’apocalypse tant redouté. La première ministre britannique Theresa May a tout fait pour les rassurer, entre baisse du taux d’imposition et intégration du corpus de droit européen au droit britannique après le Brexit.

Grâce aux annonces dans la presse, dont beaucoup sont répertoriées par le « Brexit business impact tracker » du Financial Times, on peut déjà se faire une idée assez précise.

Expansion volontariste des Google, Facebook et Amazon, confiance affichée de Honda, Nissan et Boeing, ou encore d’un cabinet de conseil de premier plan comme Deloitte, la Grande-Bretagne peut visiblement compter sur l’appui de secteurs de premier plan pour soutenir son économie.

En revanche, la fébrilité du secteur financier, banques et assurances, est déjà là. Idem pour le transport aérien avec easyJet et Ryanair. Ces entreprises sont concernées par des problématiques juridiques d’accès au marché commun qui remettent en cause leur organisation, voire leur présence au Royaume-Uni.

Voici une liste non exhaustive des prises de positions des plus grandes entreprises depuis le Brexit:

Investissements

  • Google prévoit d’agrandir son siège en plein cœur de Londres, passant de 4000 à 7000 employés d’ici 2020 (novembre)
  • Amazon va embaucher 5000 personnes supplémentaires au Royaume-Uni pour atteindre un total de 24.000 employés (février)
  • Facebook prévoit un nouveau quartier général à Londres et d’augmenter ses effectifs de 1000 à 1500 personnes (novembre)
  • Snapchat a choisi Londres pour installer son bureau international, il comptabilisera toutes les ventes hors Etats-Unis (janvier)
  • Veolia, champion français du traitement des déchets et des eaux usagés, annonce 600 créations de postes au Royaume-Uni dans les 5 années à venir dans le cadre d’un plan d’investissement de 850 millions d’euros (juillet)

Déclarations positives

  • Rolls Royce Motor conserve son siège au Royaume-Uni et continuera à y investir (janvier)
  • Honda déclare qu’il n’a « aucun plan pour l’instant » de quitter le Royaume-Uni (octobre)
  • Nissan prévoit de fabriquer deux nouveaux modèles dans son usine de Sunderland (octobre)
  • Toyota assure qu’il ne quittera pas facilement le Royaume-Uni même si les conditions venaient à changer après le Brexit (septembre)
  • GlaxoSmtihKline, le plus gros laboratoire pharmaceutique anglais, annonce 310 millions d’euros d’investissement supplémentaire sur trois sites de production en signe de « confiance » après le Brexit (juillet)
  • Boeing confirme l’importance stratégique du Royaume-Uni malgré le Brexit (juillet)
  • EDF assure que le Brexit n’est pas un obstacle à l’investissement de 16,8 milliards d’eurospour le réacteur nucléaire d’Hinkley Point (juillet)
  • Crédit Agricole renouvelle le bail de son bureau de la City jusqu’en 2025, remettant post-Brexit l’étude d’un déménagement
  • Le groupe de biotechnologie américain Alnylam annonce plusieurs centaines de millions d’euros d’investissements pour installer son quartier général européen au Royaume-Uni
  • Le cabinet de conseil Deloitte, l’un des leaders mondiaux, déclare que l’accès à la main-d’œuvre britannique qualifiée est plus important que l’accès au marché commun (octobre)

Déclarations négatives

  • Ryanair déclare déplacer des investissements prévus au Royaume-Uni sur le continent, compte tenu du climat d’incertitude (novembre)
  • WPP, le numéro 1 mondial de la publicité, annonce qu’il mettra l’accent sur son développement sur le continent (septembre)
  • Marathon, un fonds d’investissement de 12 milliards d’euros, annonce qu’il va davantage investir dans l’immobilier en Ireland, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, grands bénéficiaires des départs d’entreprises du Royaume-Uni selon lui (août)
  • JCDecaux perd 7,5% en bourse le jour où il annonce une réduction de ses investissements au Royaume-Uni faute de visibilité (juillet)

Déménagements, fermetures

  • Virgin Money annule le lancement de son offre bancaire pour les petits commerces faute de visibilité (juillet)
  • L’assureur américain Beazley, 1,7 milliard d’euros de chiffres d’affaires en 2015, veut déménager son siège Europe en Ireland (juillet)
  • easyJet lance les procédures pour acquérir un certificat de transport aérien pour l’Europe continentale, sans dire s’il a l’intention de déménager sur le continent ou de se limiter à une présence juridique (novembre)
  • L’assureur Lloyd’s of London, leader au Royaume-Uni, devrait agrandir son bureau de Berlin pour conserver l’accès au marché européen
  • La banque HSBC pourrait transférer jusqu’à 1000 emplois à Paris (janvier)
  • Goldman Sachs pourrait réduire de moitié ses effectifs de 3000 employés à Londres, en faveur de New York (janvier)
  • La banque suisse UBS estime que 1000 de ses 5000 employés à Londres pourraient être touchés par le Brexit (janvier)
  • Le russe VTB annonce le déménagement de sa branche banque d’investissement hors Royaume-Uni

Source http://www.huffingtonpost.fr/2017/03/14/le-brexit-a-t-il-deja-decourage-les-entreprises-dinvestir-au-ro/

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