Le danger catalan, par Guy Millière

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La mémoire est courte de nos jours. Nul ne semble se souvenir dans le contexte présent de ce qui s’est passé au mois d’août.

Des attaques djihadistes ont eu lieu à Barcelone et à Cambrils. Elles ont fait quatorze morts et plusieurs dizaines de blessés. Elles ont été le plan B d’une cellule islamique qui prévoyait un attentat de bien plus grande ampleur, censé faire des centaines de morts. L’attentat a échoué en raison de la maladresse d’un des djihadistes qui s’est fait exploser par erreur.

Une manifestation demandant plus de fermeté face à l’islam et à l’immigration musulmane a été aussitôt dissipée par les forces de l’ordre catalanes et par une contre-manifestation gauchiste violente. Ont suivi des manifestations clamant que l’islam est une religion de paix, dont une manifestation musulmane.

Les déclarations du Premier Ministre espagnol porteuses de fermeté face au danger islamiste ont contrasté avec les déclarations de la maire gauchiste de Barcelone, Ada Colau, et de Carles Puigdemont, président de la région de Catalogne, porteuses d’apaisement et de soulignement de ce que la Catalogne resterait “ouverte”.

Quand le roi Philippe VI est venu rendre hommage aux victimes, il a été hué, et la maire de Barcelone, debout à coté de lui, semblait amusée.

La Catalogne est une région riche, la plus riche d’Espagne après le pays basque. C’est aussi une région tenue par la gauche, et dans laquelle le mouvement indépendantiste est fort depuis longtemps.

C’est une région ou la natalité est aussi catastrophiquement basse que dans le reste de l’Espagne (1,32 enfant par femme), et où l’immigration musulmane a suscité une islamisation puissante et rapide.

Carles Puigdemont, président de la region est un indépendantiste. Il a violé toutes les règles de la Constitution espagnole en vigueur pour faire procéder au vote en faveur de l’indépendance. Il a voulu une réaction musclée du gouvernement espagnol, et il l’a obtenue.

Il aurait pu demander une autonomie de gestions semblable à celle dont dispose le pays basque: cela ne lui a pas semblé suffisant.

Il a suivi la méthode gauchiste (provocation – répression – manifestations). Il a bénéficié de l’appui des forces de gauche et d’extrême gauche, en particulier Podemos, qui obtient en Espagne des scores semblables à ceux obtenus par Jean-Luc Mélenchon en France.

Un contexte de quasi guerre civile est en place.

Si Carles Puigdemont proclame l’indépendance de la Catalogne, le gouvernement espagnol réagira et enverra sans doute l’armée. Des manifestations auront lieu à Barcelone et ailleurs en Catalogne. Des émeutes sont tout à fait possible.

L’affaiblissement du gouvernement espagnol servira un acteur invisible, sauf à la mi-août à Barcelone : l’islam.

Le gouvernement espagnol ne peut pas accepter l’indépendance de la Catalogne, car il sait que cela conduirait au démantèlement de l’Espagne: l’indépendantisme basque suivrait sans doute.

Les autres gouvernements européens ne peuvent pas soutenir l’indépendance de la Catalogne, car accepter le démantèlement de l’Espagne impliquerait tôt ou tard d’accepter les revendications d’autres mouvements indépendantistes qui se sentiraient encouragés: un démantèlement de l’Italie serait envisageable (la Padanie inclut un mouvement indépendantiste puissant, la Ligue du Nord), un démantèlement de la Belgique (Flandres) et un démantèlement du Royaume-Uni aussi (Ecosse).

La construction européenne, en affaiblissant les Etats nations européens, constitués pour la plupart au dix-neuvième siècle et très ébranlés par les deux guerres mondiales, a contribué aux quêtes de racines identitaires, au renforcement des régionalismes, et contribué aux risques de démantèlement.

L’Europe n’en est sans doute qu’au commencement d’explosions et d’implosions.

Elle est dans une phase de déclin, de perte de repères, de quêtes par des populations de repères perdus ou en voie d’érosion.

Le futur européen s’annonce décidément très sombre.

© Guy Millière pour Dreuz.info.

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