Un député allemand qualifie un monument de la Shoah « de honte » et s’excuse

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L’Afd avait d’abord refusé de lancer la procédure d’exclusion contre Björn Höcke

Le politicien du parti d’extrême droite allemande Afd exclu de son parti pour avoir qualifié le mémorial de la Shoah de Berlin de « monument de la honte » a présenté ses excuses samedi.

« J’ai malheureusement transformé un sujet important en ‘discussion de bar' », a déclaré Björn Höcke, leader de la faction de l’AfD de Thuringe lors d’une réunion. « Je me suis laissé emporter par l’ambiance, j’ai laissé de la place à l’interprétation. C’était une erreur, pour cela, je voudrais m’excuser ici » a poursuivi Höcke.

Le comité exécutif du parti d’extrême droite a voté lundi dernier en faveur de l’éviction de Höcke, mais il appartient cependant au groupe d’arbitrage de la faction du parti de la ville de Thuringe de décider s’il sera effectivement expulsé de l’AfD.

AFP

Lors d’un rassemblement à Dresde le mois dernier, Höcke a déclaré que l’Allemagne devrait commémorer les victimes allemandes de la Seconde Guerre mondiale plutôt que les Juifs, et a ensuite déploré l’existence du Mémorial de la Shoah à Berlin.

« Les Allemands sont les seules personnes au monde à planter un monument de honte au cœur de leur capitale », a-t-il déclaré, ajoutant que « cette politique ridicule d’adaptation nous paralyse. Nous devons transformer la politique de commémoration à 180 degrés. »

Quelques jours plus tard, s’adressant aux membres du parti lors d’une réunion à Arnstadt, Höcke leur a assuré que son expulsion ne serait pas effective compte tenu de sa participation aux élections nationales de septembre et que selon lui ses propos n’ont aucun effet sur le parti et n’ont pas violé ses règles.

« Je n’ai aucune intention de quitter l’AfD, je le promets », a-t-il affirmé à une foule enthousiaste.

Les excuses de Höcke ont été suivies par une interview dans le magazine allemand Der Spiegel, dans laquelle il déclare que ses remarques étaient une erreur car il s’est exprimé concernant « un mauvais sujet au mauvais moment avec une attitude mal placée « .

TOBIAS SCHWARZ (AFP/File)

Ses excuses ont été rejetées par de nombreux individus les jugeant comme une tentative d’éviter l’expulsion de son parti.

Il s’agissait d’un « demi-repentir », a déclaré un journaliste de Tagesspiegel qui a assisté à la réunion de Höcke samedi, ajoutant: qu’ »il s’est excusé pour la forme mais pas pour le contenu ».

Un autre commentateur l’a accusé de choisir un libellé qui ignore la responsabilité personnelle.

« Il a essayé de réinterpréter l’histoire » a-t-il déclaré.

« Björn Höcke veut relancer l’idéologie ethnique et raciste des nationales socialistes. Sa conviction est claire depuis des années » a affirmé le commentateur.

L’Afd, mouvement anti-immigration, très eurosceptique et anti-élites, a le vent en poupe, capitalisant notamment sur les craintes suscitées par l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015 en Allemagne.

Les sondages le créditent d’un peu plus de 10% des intentions de vote en vue des élections législatives de septembre, ce qui le place en bonne position pour espérer entrer à la chambre des députés.

Ceci constituerait une première pour un parti de ce type depuis 1945.

Polina Garaev est la correspondante d’i24NEWS en Allemagne.

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