L’enjeu stratégique du gaz israélien

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Le contentieux sur la zone maritime d’exploration d’hydrocarbures entre le Liban et Israël dure depuis près de huit ans. Il s’est subitement aggravé depuis que le Hezbollah s’en mêle.

Il n’est pas courant de voir toute la classe politique israélienne se ranger comme un seul homme derrière le ministre de la Défense. C’est pourtant ce qui s’est produit quand Avigdor Lieberman a qualifié de « provocation » la récente signature par le Liban d’un contrat de prospection d’hydrocarbures en Méditerranée avec un consortium pétrolier international, formé du français Total, de l’italien ENI et du russe Novatek. Au cœur du litige, une zone de 850 km² dont les deux pays revendiquent le contrôle et le droit d’en exploiter les fonds marins.

Tout avait commencé fin 2010, quand Israël avait découvert au large de ses côtes le gisement Léviathan et ses ressources colossales de gaz. Aussitôt, le gouvernement israélien avait signé un accord avec Chypre pour délimiter les eaux économiques des deux pays, tandis que le Liban s’adressait à l’Onu pour revendiquer des droits dans la même zone. Depuis, Israël tente de résoudre le conflit par les voies diplomatiques, notamment par plusieurs médiations conduites par les Etats-Unis. En 2013, Israël avait même accepté le principe d’un partage, qui donnait au Liban une part plus importante de la zone disputée. Mais Beyrouth n’avait jamais donné de réponse formelle.

Durant toutes ces années, le gouvernement israélien a veillé à ne pas publier d’appel d’offres pour l’exploration du bloc 9, au cœur du contentieux, pour ne pas aggraver les tensions. Et c’est le Liban qui a pris l’initiative, en démarchant de son côté des groupes pétroliers étrangers, qui ont donc passé un accord d’exploration à la fin de l’an dernier.

Violation de souveraineté

Pour Israël, ce subit regain d’assurance du gouvernement libanais, longtemps affaibli par une crise politique interne, s’explique principalement par le rôle du Hezbollah, qui est devenu la première force politique du pays. Même la réponse du Liban aux accusations israéliennes de violation de souveraineté, affirmant qu’il « n’hésitera pas à se prévaloir de son droit à la légitime défense en cas d’attaque armée contre ses activités économiques » est dans le plus pur style de l’organisation chiite. Le leader du Hezbollah est d’ailleurs monté personnellement au créneau : « Dans cette bataille, la seule force dont vous disposez est la résistance. Si Israël vous menace, vous pouvez le menacer », affirmait Hassan Nasrallah le 16 février dans une intervention télévisée. Le chef de la milice pro-iranienne appelait encore le gouvernement libanais à « négocier en position de force » et à « dire aux Américains de répondre aux revendications [du Liban] s’ils veulent dissuader le Hezbollah de se lancer dans un conflit ».

Les dirigeants israéliens savent que le gaz en Méditerranée dépasse le seul aspect libanais. Il vient s’ajouter aux autres enjeux stratégiques régionaux et est à mettre au compte de la montée en puissance de l’Iran et de ses alliés, notamment en Syrie. D’où leur fermeté, mais aussi leur prudence.

Source www.actuj.com

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