Des migrants chrétiens auraient été jetés à la mer par des musulmans au large de l’Italie

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Quinze immigrés, dont un mineur de 17 ans à peine débarqués en Sicile, ont été arrêtés, jeudi 16 avril, par les carabiniers et conduits en prison sous l’accusation d’« homicides multiples aggravés par la haine religieuse ». Selon les témoignages des passagers de cette nouvelle odyssée, ces quinze hommes – mais il pourrait y en avoir d’autres – auraient jeté à la mer douze de leurs compagnons d’infortune à la suite d’une dispute survenue à bord. Les agresseurs sont de confession musulmane, originaires du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ; leurs victimes étaient de foi chrétienne, venues du Ghana et du Niger.

Eplorés, les survivants ont raconté aux associations humanitaires et aux enquêteurs la peur et la tension qui régnaient sur un canot pneumatique à moitié dégonflé contenant 105 passagers partis dimanche 16 avril d’une plage de Tripoli. Et chacun de prier son D’. « Ici, on n’implore qu’Allah ! », aurait lancé un migrant en français. « J’ai vu de mes yeux neuf Ghanéens et trois Nigériens être jetés à l’eau, raconte ainsi Yeboah. J’ai survécu parce qu’avec mes compagnons, nous nous sommes agrippés les uns aux autres pour résister à nos agresseurs pendant une heure. Puis un navire est arrivé pour nous secourir. »

« JE ME SOUVIENS QUE LES MUSULMANS DISAIENT EXPRESSÉMENT QU’ILS NE TOLÉRAIENT PAS LA PRÉSENCE DE CHRÉTIENS NIGÉRIENS ET GHANÉENS À BORD »

« Je me souviens, a expliqué Lambert, que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord. » L’enquête coordonnée par le parquet de Palerme devra faire la lumière sur cette tragédie inédite dans le canal de Sicile. S’agissant d’homicides commis dans les eaux internationales, le ministre italien de la justice a accordé les autorisations nécessaires.

Depuis près de dix jours, les arrivées massives de migrants en provenance de Libye se succèdent sans discontinuer sur toutes les côtes du sud de l’Italie, charriant leur lot de d’histoires misérables. Dimanche, des témoins ont raconté que leur embarcation se serait renversée, entraînant la mort de près de 400 passagers. Lundi, un capitaine de navire de secours racontait comment des passeurs se présentant comme des « gardes-côtes libyens » ont pu récupérer leur embarcation sous la menace d’armes.

A Augusta, en Sicile, le 16 avril.

Les récits des rescapés confinent à l’horreur. Des immigrés racontent les mauvais traitements qu’ils ont subis avant d’embarquer, entassés dans des hangars par les passeurs. Certains disent avoir été portés de force à bord d’un chalutier hors d’âge ou d’un canot pneumatique rapiécé. On apprend qu’une femme est morte en accouchant sur le bateau qui l’avait récupérée. Un miracle, aussi, parfois : une autre a donné naissance à son enfant à peine arrivée sur la terre ferme.

Problème européen

Jeudi 16 avril, autre drame : 41 personnes sont mortes noyées, selon quatre naufragés survivants repérés en pleine mer par hélicoptère et sauvés par un navire de la marine italienne. Venus d’Afrique subsaharienne et partis de la région de Tripoli, leur embarcation a dérivé pendant quatre jours avant de sombrer, ont-ils raconté à l’Organisation internationale pour les migrations. Depuis le 1er janvier, ils seraient désormais plus de 900 à être morts en Méditerranée contre près de 22 000 (dont 10 000 au cours de la dernière semaine) qui sont venus à bout, sains et saufs, de leur traversée.

Plusieurs organisations internationales et humanitaires somment l’Union européenne de réagir et d’en faire plus pour éviter de nouveaux drames. Mais celle-ci est impuissante. La situation qui pourrait empirer « dans les prochaines semaines et les prochains mois en raison de l’amélioration des conditions climatiques et de l’instabilité durable dans les pays voisins », a déclaré Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne. « La Commission ne peut pas tout faire toute seule, a-t-elle poursuivi. Elle n’a pas la panacée qui permettrait de résoudre tous les problèmes d’un seul coup. Nous n’avons pas les financements ni le soutien politique pour créer un système européen de gardes-frontières. »

Paolo Gentiloni, ministre italien des affaires étrangères, a demandé, de son côté, un « renforcement de l’opération Triton »« Le problème est européen, analyse-t-il, mais le remède est italien. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90 % sur nous. » L’ONU, elle, reconnaît que l’Italie « porte sur ses épaules un problème énorme pour le compte de l’Union européenne ».

Source www.lemonde.fr

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