Pèlerinage juif au Maroc : Rabbi Eliyahu HaCohen, «Qandil El Blad» et «maître de Casablanca»

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Bien que sa tombe, sise le cimetière juif de Ben M’sik, soit visitée par des Juifs du Maroc et de l’étranger, peu de personnes savent que rabbi Eliyahou HaCohen, surnommé entre autre Qandil El Blad (Le Luminaire de la Ville) était à la base inhumé au cœur de l’ancien médina de Casablanca.

A l’image des trois saints mystérieux d’Errachidia, celui qu’on surnomme le «maître de la ville» et qui se reposait autrefois au centre-ville de la Capitale blanche est, en effet, un rabbi inconnu. Peu d’historiens se sont intéressés à ses origines, sa naissance ou les ouvrages qu’il a laissés derrière lui. Les histoires autour de rabbi Eliyahou HaCohen sont toutes, ou presque, issues des récits transmis de génération à génération au sein de la communauté juive marocaine. Ainsi, il serait un rav venu de la «Terre Sainte», vécu et décédé à Casablanca.

Un saint inconnu inhumé à El-Bhira

Des témoignages affirment aussi qu’il serait le frère de rabbi Yahya Lakhdar. Ce dernier, inhumé dans la plaine de Chaouiya, à 100 kilomètres à l’est de Casablanca, en direction de Ben Ahmed, était un «missionnaire venu au Maroc vers la fin du XVIIe siècle». «Il a été envoyé par l’ »université hébraique » d’Al Khalil avec des lettres de crédit à la communauté juive marocaine», rapporte-t-on dans le numéro 86084 de «Near East/South Asia Report» (Editions Foreign Broadcast Information Service, 1986).

Mais quant à rabbi Eliyahou HaCohen, les seuls informations disponible font état du transfert de ses ossements vers le cimetière Ben M’sik depuis celui d’El Bhira, au cœur de l’ancienne ville, dans les années 1960. «Près de lui, sur cette grande place appelée El-Bhira – près de la Porte de Marrakech et au centre de la ville moderne, étaient enterrés d’autres saints : rabbi Yishaq Qoriat, rabbi Mas’ud Ohana et Lalla Sa’ada», raconte-t-on dans un témoignage sur le forum Dafina.

La même source fait état du transfert des ossements de ces quatre saints juifs dans la banlieue de Casablanca, «où on éleva en leur honneur un monument fastueux». «Plusieurs traditions rapportent les diverses tentatives qui furent effectuées pour transférer ces sépultures», conclu-t-on.

Une opération qui ne se déroulera pas sans incident. En effet, selon les récits rapportés et le site de la Fondation Hevrat Pinto, on raconte que les autorités marocaines devaient déplacer les ossements du saint juif pour la construction d’une route. Une nouvelle qui «ébranla tous les Juifs au plus profonds de leurs âmes».

Ses ossements transférés au cimetière Ben M’sik

Le jour des travaux, les ouvriers, tous musulmans, arrivent sur les lieux. Mais, dès qu’ils commencent à creuser la tombe du Tsadik, «ils furent cloués sur place, sans pouvoir bouger ni les pieds, ni les mains». «Saisis d’effroi, leurs amis se dirigèrent vers le Centre rabbinique de Casablanca et informèrent de ce qui venait de se passer», poursuit-on. Il fallait que les Juifs de la ville prient et donnent leur bénédiction pour que les ouvriers puissent enfin bouger leurs membres.

Ce sont les rabbins de Casablanca qui interviennent par la suite afin de «donner leur autorisation» pour le transfert de la tombe du rabbi Eliyahou vers le nouveau cimetière. De leur côté, les autorités auraient promis que le transfert serait fait avec le respect dû à ce Tsadik.

Mausolée construit sur la tombe de Rabbi Eliyahu HaCohen au cimetière de Ben M'sik à Casablanca. / Ph. Forum DafinaMausolée construit sur la tombe de Rabbi Eliyahou HaCohen au cimetière de Ben M’sik à Casablanca. / Ph. Forum Dafina

C’est peut-être la raison pour laquelle les autorités de la ville construiront un magnifique mausolée autour de la tombe de rabbi Eliyahou pour le pèlerinage.

On sait aussi que ce rav disposait d’une synagogue qui aurait été saccagée le siècle passé et plusieurs années après sa mort. En effet, dans «Mémoire brisée d’une communauté méconnue : les judéo-espagnols du Maroc» (Editions A. Amselem, 2003), Armand Amselem affirme que ce lieu de culte a été «saccagée par des musulmans». La synagogue aurait aussi servi de «refuge» pour les «familles juives et musulmanes», écrit Robert Assaraf dans «Mohammed V et les Juifs du Maroc à l’époque de Vichy (1997)».

Aujourd’hui, la tombe de rabbi Eliyahou HaCohen continue de recevoir des pèlerins juifs, qui viennent «embrasser la pierre tombale et allumer des bougies» tout en psalmodiant des prières.

Source : https://www.yabiladi.com/articles/details/85260/pelerinage-juif-maroc-eliyahu-hacohen.html

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