Pèlerinage juif au Maroc : rabbi Yehouda Jabali, le faiseur de miracle de Ksar El Kébir

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Pour les musulmans de Ksar El Kébir, il s’agit de Sidi Bel-Abbas, un saint musulman enterré dans cette localité. Mais pour les Juifs, qui rappellent que Ksar El Kébir disposait, tout comme plusieurs autres villes marocaines d’un Mellah et d’un cimetière israélite, c’est un saint juif décédé vers 1780.

L’histoire de rabbi Yehouda Jabali (ou Yehouda Zabali selon d’autres récits) est ainsi anciennement ancrée dans l’histoire collective d’Alcazarquivir, construite par les califes almohades et devenue notamment célèbre grâce à la bataille des trois rois, à l’époque des Saadiens (août 1578).

L’histoire ne retient pas grand-chose de la naissance, de la vie ou de la mort de rabbi Yehoudah. Seul son mausolée, situé au centre de la ville, en dit long sur ce personnage presque mythique.

Plusieurs légendes liées à la tombe de rabbi Yehouda Jabali

En effet, dans «Saint Veneration Among the Jews in Morocco» (éditions Wayne State University Press, 1998), l’historien Yissachar Ben-Ami revient sur sa tombe. «Il est enterré dans une cour et au-dessus de lui (sa tombe) se tenait une Yechiva», soit une école juive. Il raconte aussi que selon la légende, rabbi Yehouda Jabali sort «la nuit de sa hilloulah» et «son image apparaît dans le feu». «Ma mère de mémoire bénie, avant la Hilloulah, allait avec une autre femme juive pour blanchir la pièce. Les gens rêvaient que R. Meir Ba’al Ha-Nes a été enterré près de la tombe de R. Yehouda Zabali. Il y a des petites pierres là-bas et sur ces pierres, elles allument des bougies», rapporte-t-il citant l’histoire racontée par un Juif.

Selon d’autres légendes, citées par l’auteur, d’autres personnes se rendant à la Hilloulah de ce tsadik font des rêves. «Un homme a rêvé que R. Amram Ben Diwan a été enterré près du mur [du mausolée, ndlr]. Il [rabbi Amram Ben Diwan, ndlr] lui a montré un endroit et ils y ont creusé jusqu’à trouver un jeune arbre, qui avait grandi sans cesse jusqu’à ce qu’il devienne un grand arbre couvrant tout endroit», poursuit-on.

Le mausolée de Rabbi Yehudah Jabali. / Ph. RabbimapLe mausolée de rabbi Yehouda Jabali. / Ph. Rabbimap

Visité par les Juifs du Maroc et d’ailleurs depuis plusieurs décennies, d’autres légendes sont nées autour de la cour du mausolée. On raconte que rabbi Yehouda Jabali y avait «accroché une poule qui a pondu un œuf chaque jour». Depuis, une zone de la cour a été considérée comme sacrée. «Chaque vendredi, des Juifs ramassaient des bougies et les allumaient» dans cette partie de la cour. «Quiconque ne veut pas aller au tombeau de R. Yehoudah Jabali se rend dans la cour», tout comme ceux souhaitant se marier.

La légende met toutefois en garde contre les «femmes impures». «Si une femme était impure, il lui était interdit d’entrer. Si elle entrait, ses enfants ou son mari mourraient, car l’endroit est sacré», écrit-on.

Rabbi Yehouda Jabali est également connu pour «assister les femmes sur le point d’accoucher». «Ma mère raconte qu’elle avait rêvé de lui la veille de l’accouchement de mon frère aîné. Il lui disait : n’aie pas peur, tu vas avoir un beau garçon. Ainsi, elle l’a nommé David (comme mon grand-père paternel, tradition oblige) Yehouda, comme le saint», raconte une juive marocaine sur le forum Dafina.

Source : https://www.yabiladi.com/articles/details/87344/pelerinage-juif-maroc-yehudah-jabali.html

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