« Si tu ne comprends pas la Guemara… alors que peux-tu appréhender le Tout Puissant ?! »

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Autour de la table du Chabbath  n° 283 Chla’h Lekha

Ces paroles seront étudiés le’ilouy nichmat du rav Gabriel ben Haim (famille Haddad) Tihié nichmato bitsror ha’hahim (Nice-Bené Braq-Elad)  

La Paracha est riche en événements : l’envoi des explorateurs, leur découverte du pays, le retour et la grande médisance colportée. On sait en effet que lorsque le Clall Israël s’est approché de la terre d’Israël le peuple a demandé à Moché d’envoyer des explorateurs pour espionner le pays, afin de le connaître et ensuite étudier la manière de le conquérir, et finalement douze hommes seront envoyés pour examiner la terre qui était alors habitée par sept peuplades.

Avec ces données, Moché a choisi douze hommes pour effectuer l’expédition. Parmi eux il y a avait Yéhochoua et Kalev qui sont restés des Tsadikim jusqu’à la fin. Seulement pour garder toute leur force contre le vent de médisance qui soufflait dans le groupe, Moché a rajouté deux lettres le Youd et le hE  (le nom d’Hachem) au nom de Hochoua pour devenir hochoua afin qu’il ne tombe pas dans la faute. Kalev quant à lui est parti prier sur les tombeaux des Patriarches à Hébron afin de ne pas trébucher dans sa tâche. On voit là qu’un homme doit toujours être sur le qui-vive pour ne pas glisser avec le groupe ! Pour les besoins de notre bulletin, on s’arrêtera sur un point intéressant: Kalev a choisi d’aller prier sur les tombeaux à Hévron. Or, nous savons que notre prière est uniquement orientée vers Hachem et personne autre ! Ni vers les anges ni encore moins vers les hommes ! Car l’axiome de base du judaïsme c’est de savoir qu’un Juif où qu’il soit, peut être en contact avec le Ribono Chel Olam ! Il suffit d’ouvrir son cœur et son sidour pour être en liaison directe avec le Ribono Chel Olam ! Donc comment comprendre le fait que Kalev a choisi d’aller prier vers les hommes reposant sous la terre ?  Qui plus est, il existe un interdit de la Tora d’aller demander aux morts, celui de « Dorech el haMétim » qu’ils dévoilent notre futur ! L’exemple donné est de ne pas aller dans un cimetière en état de jeûne pour que la nuit suivante les morts viennent se dévoiler dans les rêves ! Donc il sera interdit de faire des « séances », faire revenir les âmes déjà parties ! Le Ba’h, un commentaire sur le Beth Yossef Yoré Déa 217, à la fin, rapporte effectivement l’avis d’un Baal Hatossafot qu’on ne doit pas prier sur les tombeaux même des Tsadikim, à cause de l’interdit de « Dorech el hahamétim »/demander aux morts. Seulement, conclue le Ba’h, la coutume juive est OUI d’aller dans les  cimetières et de prier sur les tombes des Tsadikim comme le saint Zohar l’enseigne: l’interdit de se tourner vers les morts, c’est lorsque les gens étaient idolâtres ou se  comportaient mal. Sur eux est écrit l’interdit de « demander aux morts » ! Mais pour les Tsadikim, c’est différent ! Puisqu’ils ont porté leurs efforts dans la Tora alors ils s’appelleront VIVANTS alors même qu’ils sont sous terre ! De plus, lorsque le Clall Israël vient sur les tombeaux, ils sont en Techouva/repentir afin que l’âme des disparus intercède en leur faveur devant le trône divin pour le monde entier !

Seulement il reste à savoir qu’il existe une discussion entre les Poskim de savoir de quelle manière on priera sur les tombeaux des Tsadikim. D’après le Maharil (un très ancien livre de Hala’ha) on ne devra pas tourner sa prière vers le Tsadik enseveli mais uniquement vers Hachem et de dire: » par le mérite du saint enterré qu’Hachem reçoive ma prière! » Tandis que le Pri Mégadim (OH 581) pense différemment: on pourra demander au Tsadik lui-même qu’il intercède en notre faveur auprès d’Hachem!

Pour un esprit cartésien, ce sont des notions difficiles à admettre mais d’après le Baal Haakéda, parachath Vayigach, on pourra mieux comprendre. C’est que la manière dont Hachem punit le fauteur ne ressemble pas au jugement des tribunaux ! En effet, lorsque le juge punit le fauteur, il ne prend en compte que la gravité de la faute. Or, pour Hachem c’est différent. Il est écrit : « Les jugements d’Hachem allient la justice et la miséricorde ensemble » car, expliquent les commentateurs, Hachem prend en compte tout le cercle familial et amical qui pourrait être affecté par la nouvelle ! Et s’il se trouve dans le groupe un Tsadik, pour ne pas lui faire du mal, Hachem ne punira pas le fauteur, par le mérite du Tsadik. Donc lorsqu’on se rend au cimetière et que l’on épanche notre cœur auprès du Tsadik, on lui fait connaître notre peine et donc le Tsadik, son âme est affectée par nos difficultés et Hachem sera plus conciliant ! Dans le même esprit, Rachi enseigne (Houkat 20.15) que lorsque les Bené Israël ont subi les affres de  l’esclavage ce n’était pas uniquement toute la génération qui a subi l’esclavage mais AUSSI les patriarches qui n’étaient déjà plus de ce monde, qui ont également ressenti la souffrance du peuple. Donc on voit bien qu’il existe ce phénomène: les générations passées ressentent la douleur de la génération actuelle!

 Et puisqu’on a parlé tombeaux des Tsadikim… je finirais mon développement en disant un mot à partir d’une brochure du rav Biderman Chlita et d’un Dvar Thora d’un rav de la Yechivath Slobodka sur l’événement tragique qui a secoué tout Erets Israël le mois passé avec la tragédie de Méron.

Cette catastrophe dépasse de beaucoup d’autres événements qui ont pu se dérouler en terre sainte d’Israël et ce, depuis des dizaines d’années… Le lieu Meron et la date Lag Baomer sont beaucoup plus qu’un symbole. Car Méron est l’endroit de sépulture du Tsadik Rabbi Chimon Bar Yohaï qui a écrit le saint Zohar. Et le Lag Baomer est la date de son départ pour les mondes supérieurs…

Le Maguen Avraham, grand décisionnaire sur le Choul’han Aroukh, rapporte les écrits du Ari Zal (131.17). Il écrit qu’il y avait à l’époque du Ari, a la fin du 16° siècle à Safed, un homme qui avait l’habitude de dire dans sa prière quotidienne le passage que l’on récite le jour du 9 Av : « Qu’Hachem nous envoie la consolation de la destruction de Jérusalem et du Temple »… Or, ce Tsadik est venu à Méron sur la tombe de rabbi Chimon le jour de Lag Baomer et a fait comme à son habitude, la prière de la consolation sur la destruction du Temple… Après qu’il eu fini sa prière, le Ari Zal est venu à sa rencontre en lui disant : » J’ai vu en chair et en os le saint Rabbi Chimon se tenir sur son tombeau et il me dit : « Demande à cet homme : Avraham Lévy, pourquoi lit-il le passage des endeuillés le jour de ma joie ? C’est certain… il  aura besoin rapidement de recevoir la consolation de la communauté… » Fin des paroles de Rabbi Chimon. Le Ari a écrit que cet homme, celui qui  priait sur le tombeau de rabbi Chimon ne finirait pas ce mois qu’il perdrait son fils –qu’Hachem nous en garde- et qu’il recevra la consolation de ses proches… ». Fin des écrits du Ari.

De là, on voit que le jour de Lag et un jour de grande joie… Donc comment comprendre qu’une telle catastrophe ait pu se dérouler dans un lieu saint à une date si positive ?

Le Rambam (Ta’anith 1.2) écrit : « Au moment de la catastrophe et de la difficulté, un homme devra crier et implorer Hachem… Car c’est à cause de ses fautes qu’arrive l’épreuve. Et, de cette manière, on pourra enlever cette difficulté. Mais, si au contraire on ne prit pas ni on ne fait d’introspection sur nos actions et que l’on dise : c’est l’habitude du monde qu’il existe des catastrophes… c’est dû au hasard. C’est une manière cruelle de voir les choses et cela entraînera que l’homme continuera à mal agir… Le mal persévérera et les catastrophes se succéderont. Si vous dites que c’est le hasard, alors Je (Hachem) rajouterai de Ma colère… ». C’est-à-dire que le Rambam enseigne un grand principe. Les évènements difficiles de la vie ne proviennent pas d’un jeu de hasard. Par exemple de dire que c’était dû à une barrière mal placée qui entraînée la catastrophe… Ce n’est pas juste, bien que, s’il y a eu faute de la part de certains corps étatiques il faudra juger l’affaire. Mais le principe reste : il n’existe de punition que s’il y a faute au préalable. Seulement en disant cela, on aura résolu que la moitié du problème. Cependant, nous n’avons pas de prophète qui vienne nous dévoiler la raison profonde.

Une fois, un rescapé de la Shoa est venu voir le ‘Hazon Ich , la sommité en Tora –décédé en 1953. Et ce survivant était encore affecté de toutes les horreurs qu’il avait vu durant la guerre. Il demanda au Hazon Ich : « Pourquoi D’ a laissé pareille chose se faire ? » Le Hazon Ich lui demanda de s’approcher. Sur sa table était placé une Guemara. Il l’ouvrit et demanda au rescapé qu’il lui explique un Tossafoth, commentaire sur la Guemara. L’homme examina le passage et commença son explication. Dessus, le Hazon Ich lui posera une série de questions très ardues jusqu’au point où notre homme ne savait plus quoi répondre… Le Hazon Ich lui dit : »Si pour un Tossafoth, tu n’as pas de réponse à donner, alors qu’elles sont tes revendications quant à la conduite du Créateur du Monde ? Comment peux-tu prétendre comprendre la manière d’agir du Tout Puissant ?« .

Donc on aura compris que la première des choses à faire c’est de se renforcer dans la foi et la confiance en D’. Ce qu’Il fait c’est pour le plus grand des biens. Comme le verset le dit : « Juste et Droit, le D’ de la foi… Il n’existe pas d’injustice« . Car dans la Tora, il n’existe pas de punition uniquement pour châtier le fautif. Mais, il s’agit de punition afin de réhabiliter le fauteur afin de lui faire hériter du monde à venir. Donc Hachem peut agir dans ce monde sous le sceau de la justice et de la sévérité, mais c’est afin de nous faire accéder au monde à venir : le Paradis (Gan Eden).

De plus, la Tora enseigne qu’il existe le concept de sacrifice qui vient expier les fautes de la communauté. En effet, l’animal approché sur l’autel avait la faculté de laver la communauté des fidèles. Pareillement, le Clall Israël est une entité soudée et lorsque des Tsadikim disparaissent, cela amène l’expiation des fautes de la collectivité. C’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle quelques jours seulement après cette tragédie, les Ismaélites ont lancés des milliers d’engins en tout genre en direction des villes de la Terre Sainte, et pourtant les dégâts furent minimes, en comparaisons avec le nombres de roquettes envoyées, qu’Hachem panse toutes les plaies et guérisse les blessés : Béni soit Hachem !  Comment comprendre ce grand mystère, cette formidable protection du peuple de Tsion, si ce n’est que ces 45 Saints ont dû prier devant Hachem afin qu’il n’y ait pas de catastrophe ? Si mes lecteurs ont d’autres explications sur les miracles de cette guerre, je serais très content d’en avoir connaissance….

Cependant, comme la Tora est un livre d’enseignement, et donne aux hommes la marche à suivre et pas seulement du domaine des estimations, suggestions de ce qui se passe dans les Cieux… Les Rabanim ont mis en exergue le fait que cette catastrophe s’est déroulée durant la période de l’Omer entre Pessa’h et Chavou’oth, lorsque les 24000 élèves de rabbi Akiva périrent. La Guemara enseigne qu’il s’agissait d’un manque de Kavod, d’honneurs entre eux. Donc, il serait judicieux que nous fassions plus attention au respect dû à notre prochain. On fera attention à notre manière de parler. Par exemple, on s’efforcera de ne pas rabaisser ses proches même les jeunes enfants et au lieu de dire : »Tu n’es qu’un… », on prendra une bouffé d’oxygène et on dira d’un air serein : »Dis-moi, David pourquoi as- tu cassé l’assiette qui trônait depuis des années dans la vitrine ? » On essayera d’avoir un dialogue avec son entourage sa femme, ses enfants, ses collègues de travail… Ainsi on élèvera son prochain et de cette manière naîtra une atmosphère de paix et de tranquillité qui sont les meilleurs moyens afin de recevoir la bénédiction du Tout Puissant dans nos familles et la communauté.

Coin Halakha : Les semaines précédentes nous avons appris qu’il fallait recouvrir notre nudité avant de faire une quelconque prière ou étudier la Tora. Et même si notre corps est recouvert, il faudra veiller à faire une séparation entre notre cœur et le bas du corps. De même on ne pourra pas dire une parole sainte si le haut de notre corps et recouvert tandis que le bas est découvert. Si on a recouvert la partie basse en mettant un slip, même si le buste est découvert, on pourra lire le « Chema » il faudra veiller à porter un couvre chef-Kippa. Cependant, on ne pourra pas faire la prière la Amida avant d’avoir recouvert l’intégralité du corps, car lors de la prière, on doit se comporter avec grande crainte. (O.H 74.6)

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut

 

David GOLD  Sofer écriture ashkénaze et écriture sépharade

Prendre contact tél:00972 55 677 87 47 ou à l’adresse mail 9094412g@gmail.com

 

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