Un souvenir lumineux de l’Admour d’Erloï à Pourim

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Il y a une quinzaine d’années, je devais me rendre dans une ville éloignée, et je commandai un taxi. Le chauffeur avait l’apparence d’un Ba’al Techouva avec une petite barbe. Pendant le trajet, je réalisai que son visage m’était connu, mais j’ignorais d’où je le connaissais. Je tentai de chercher dans ma mémoire, et je trouvai enfin. Je lui demandai : « Dis-moi, tu t’appelles David ? ». Le chauffeur me lança un regard étonné, et répondit : « Oui, comment le sais-tu ? ». Je lui répondis que je me rappelai de lui du quartier. Il me raconta qu’il avait fait dix ans de prison, et habitait aujourd’hui à Eilat, il avait fait Techouva et ses garçons étudiaient au Talmud Tora, grâce à D’.

Quelques minutes de silence s’installèrent dans la voiture, nous regardions tous deux la route, et soudain, le chauffeur se tourna vers moi et me dit : « Tu veux que je te raconte un souvenir du quartier ? » « Ok », fis-je.

Pour comprendre l’histoire, il faut d’abord la replacer dans son contexte : l’époque que nous évoquons remonte à trente ans plus tôt. Deux frères résidaient dans ce quartier et semaient la terreur parmi tous les résidents du quartier : David et son frère, qui se conduisaient comme des criminels de la pègre. Dès l’annonce d’un vol, les soupçons se portaient immédiatement sur l’un des frères. Bien entendu, personne ne jalousait cette famille misérable, ils étaient détestés.

L’homme qui avait commandé le taxi réfléchit en ces instants : « Je n’avais jamais pensé avoir une relation avec ce criminel, et maintenant, je lui parle dans sa voiture, il me conduit à la destination de mon choix. »

Le chauffeur, David, poursuivit son récit : « Je te le dis, j’ai de ce quartier des souvenirs noirs. Toute personne qui m’apercevait traversait la route de l’autre côté, on craignait de s’approcher de moi. Je me souviens aussi qu’un jour, il y avait eu un vol dans le quartier, mais cette fois-là, je n’y étais pour rien, je craignis immédiatement qu’on m’impute ce vol, alors je m’enfuis aussitôt vers le village arabe avoisinant, jusqu’à ce que les esprits se calment… »

« J’ai un souvenir noir de tout le quartier, mais j’ai un seul bon souvenir d’un Juif. Depuis toutes ces années, est gravée dans ma mémoire l’image pure de ce Juif, rabbi Yo’hanan – l’Admour d’Erloï. C’était le seul à s’être intéressé à nous, ah… rabbi Yo’hanan, un tel Tsadik ! Le Gaon et Tsadik Rabbi Yo’hanan Sofer, Av Beth Din et Roch Yechiva d’Erloï et l’auteur du Imré Sofer. » Aujourd’hui, le chauffeur connaît tous les descriptifs de rav Yo’hanan, à l’époque, il ne le connaissait que sous l’appellation du Tsadik rav Yo’hanan…

Et David de poursuivre : « Une année, à Pourim, à un moment où personne ne rêvait de nous parler ou de penser à nous, rav Yo’hanan frappa à la porte avec un grand Michloa’h Manoth, il prit place chez nous, déposa le beau paquet et goûta même avec nous du Michloa’h Manoth qu’il nous avait offert, ne pouvant rien goûter d’autre pour des raisons de cacherouth ; il commença à nous parler comme si nous étions de grands Tsadikim, et donna de belles explications sur la Meguilath Esther, et d’autres thèmes joyeux. Jusqu’à aujourd’hui, je me remémore cette figure lumineuse, rav Yo’hanan, qui me suit constamment… »

Qui sait si ce n’est grâce au visage bienveillant de rabbi Yo’hanan Sofer zatsal, l’Admour d’Erloï, qui était ancré dans son souvenir, que ce Juif a mérité de faire Techouva ?

Très souvent, il est possible d’influer autrui par un sourire, un visage avenant qui peuvent avoir un effet sur l’autre même de longues années plus tard, il serait dommage de manquer ces occasions…

Cette histoire a été publiée encore du vivant du rabbi d’Erloï, et beaucoup l’ont prise comme exemple pour rapprocher les Juifs du judaïsme.

Source www.torah-box.com

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