La Russie a-t-elle encouragé l’Iran à attaquer Israël ?

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L’attaque iranienne contre Israël soulève des questions sur les liens avec la Russie

L’offensive de missiles sans précédent lancée par l’Iran contre Israël samedi 13 avril, a marqué une nouvelle escalade explosive des tensions régionales. Au-delà de l’acte militaire en lui-même, cet épisode met aussi en lumière les relations complexes qu’entretiennent Téhéran et Moscou, deux partenaires aux intérêts souvent convergents mais parfois divergents.

Avec plus de 300 projectiles – missiles balistiques, missiles de croisière et drones – tirés depuis son sol, l’Iran a frappé un grand coup en s’attaquant directement pour la première fois à l’État hébreu. Un défi de taille pour la défense antimissile israélienne, qui a réussi à intercepter 99% des menaces grâce au précieux concours des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Jordanie et même de l’Arabie Saoudite.

Mais tandis que les projectiles pleuvaient, toutes les capitales ont également observé la réaction de Moscou avec la plus grande attention. Allié militaire et diplomatique de l’Iran, la Russie a finalement condamné « cette nouvelle et dangereuse escalade » tout en appelant « toutes les parties à la retenue ».

Un classique de la rhétorique du Kremlin, aux yeux de plusieurs experts, qui soulève bien des interrogations sur les réelles intentions russes dans ce conflit. « C’est une position hypocrite standard qui n’a pas changé depuis l’ère soviétique », dénonce ainsi Ian Matveev, ancien collaborateur de l’opposant Alexeï Navalny.

Pour le Pr. Meir Litvak de l’Université de Tel-Aviv, Moscou aurait en réalité tout intérêt à attiser discrètement les tensions entre Israël et l’Iran. « Plus l’attention américaine se détourne de l’Ukraine, mieux ce sera pour la Russie. L’escalade fait aussi monter les prix du pétrole, ce qui l’arrange. »

Un constat que partage M. Matveev : « Ces tensions détournent les ressources occidentales et obligent les régimes hostiles comme l’Iran à se rapprocher encore de Poutine. »

Pourtant, si une partie des observateurs voit la main de Moscou derrière les agissements belliqueux de l’Iran, Nikita Smagin, du Conseil russe des affaires internationales, souligne que le Kremlin doit aussi composer avec certaines réalités.

« La Russie n’a pas intérêt à une grande guerre qui la forcerait à choisir un camp au Moyen-Orient, où elle est déjà engagée en Syrie. Elle ne voudra pas être détournée de son front principal ukrainien. »

D’autant que les récents revers de l’armée russe, selon M.Smagin, ont déjà contraint Moscou à une forme de dépendance envers des pays comme la Turquie, les Emirats ou… l’Iran, désormais fournisseur clé de drones et missiles aux russes.

Un lien de subordination qui pourrait se tendre davantage en cas d’une escalade majeure du conflit avec Israël, l’Iran devant alors prioritairement pourvoir à ses propres besoins militaires plutôt qu’à ceux de Moscou. Une dépendance grandissante aux équilibres incertains pour le Kremlin.

Reste que dans cette partie d’échecs géopolitique à multiples rebondissements, l’attitude de la Russie restera scrutée avec la plus grande attention par tous les acteurs. Car si Moscou semble ménager pour l’heure une certaine équidistance, son potentiel de joueur d’inflammateur de conflits n’est plus à démontrer.

Jforum.fr

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