2024 : Vœux contrariés

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J’ai essayé hier d’écrire un message de vœux pour la nouvelle année. Je n’y suis pas arrivée. Quelque chose s’est cassé en moi en 2023, exactement le 7 octobre 2023. Je suis devenue l’héritière d’une promesse brisée et je ne vois aujourd’hui aucune structure collective capable de réparer ce qui a été abimé. Le pire est devant nous et la plupart de nos dirigeants et de nos représentants politiques baissent les yeux face à la folie meurtrière islamiste et se montrent prêt à abandonner les Juifs à la haine antisémite.

Or, nous sommes, nous peuples d’Europe, des enfants de la Seconde Guerre mondiale, nous avons grandi dans l’idée que l’on pouvait empêcher la barbarie et la guerre. Nous avons grandi dans l’idée que l’éducation et la connaissance nous préserveraient de l’horreur, dans l’idée que nous pouvions bâtir des sociétés solidaires, bâties sur des valeurs humanistes, que les Nations pouvaient coopérer au lieu de s’affronter.

Nous avons cru que « plus jamais ça » était une promesse parce que cette phrase était un engagement personnel et collectif, elle exprimait la faculté de distinguer le bien du mal en politique et le refus de la violence totalitaire.

Affirmer « plus jamais ça » c’est tracer une limite entre ce qui est humain et ce qui ne l’est pas. Cela parle de ce que nous devons à nous-mêmes, aux autres et au monde.

– Nous nous sommes construits dans le rejet de l’abomination nazie, dans le refus de donner le pouvoir aux bêtes immondes, fussent-elles puissantes et dangereuses.

– Nous avons cru que la civilisation pouvait et devait triompher.

– Nous avons cru que ceux qui ont donné leur vie par millions pour la liberté nous avaient offert une éternité de paix.

– Nous avons cru que le crime contre l’humanité qu’était la Shoah pouvait être à jamais éradiqué.

C’était faux !
…Sauf que les nouveaux nazis ne viennent pas de l’extrême-droite mais de l’autre côté de la Méditerranée…

Les islamistes du Hamas ont montré qu’ils n’avaient aucune limite dans l’abomination. Mais pire encore, ils ont fait la démonstration qu’ils étaient soutenus par la majorité des civils de Gaza, qui ont applaudi les horreurs commises, ont craché sur les corps démembrés complaisamment exhibés à l’arrière des pick-ups, ont insulté et torturés les otages qu’ils gardaient…

Mais qu’il y ait toujours des ventres féconds susceptibles de faire jaillir des bêtes immondes, l’histoire nous l’apprend, souvent à nos dépens.

Dans la vie il est rare de n’être pas attaqué, en revanche ce qui est destructeur est de n’être pas défendu par ceux dont c’est le rôle et de ne pas trouver dans le collectif un soutien qui parait pourtant évident.

Que des êtres humains deviennent des cibles pour ce qu’ils sont, que les Juifs se retrouvent encore en première ligne face à la barbarie est déjà atroce. Mais que les crimes contre l’humanité qui ont été commis le 7 octobre n’aient pas déclenché en Occident un réflexe de solidarité est effrayant. Cet Occident qui s’est construit dans le mythe de la lutte contre le nazisme et du combat pour la liberté baisse les yeux face à l’inimaginable violence du Hamas et ne se tient pas droit et ferme à côté de l’État hébreu. Et ce, alors même que la faiblesse de l’Occident est justement un des moteurs de la violence islamiste.

En 2023 quelque chose s’est brisé…

– Difficile d’ignorer qu’une grande partie de la gauche, LFI en tête, a qualifié les néo-nazis du Hamas de résistants alors que l’on sait parfaitement ce qu’ils ont fait, que l’on possède les images, les récits, les témoignages.

– Difficile d’ignorer que les soi-disant féministes de Me Too n’ont pas eu un mot face aux viols systématiques de fillettes et de femmes, aux tortures et aux assassinats massifs de femmes et d’enfants.

– Le Président de la République a mis du temps à rendre un hommage aux morts et otages français enlevés en Israël et l’a fait de façon fort insuffisante. La télévision publique ne nous a pas montré le visage des otages de façon récurrente comme ce fut le cas lors de la guerre du Liban.

Pire encore, le crime contre l’humanité commis le 7 octobre a entraîné une explosion d’antisémitisme sur notre territoire.

Cet antisémitisme, majoritairement arabo-musulman, montre l’influence des islamistes en France et en Europe et la réalité de la menace qui existe sur notre continent.

Le fait que l’on parle de négociations visant à ce qu’un certains nombre de Palestiniens puisse être accueilli en Europe en échange de la libération d’otages devrait nous inquiéter, tant la plupart sont infusés par une forme de sauvagerie que nous sommes incapables d’appréhender.

Selon un sondage réalisé à Gaza, les trois quarts des Palestiniens soutiennent le massacre du 7 octobre, certains s’y sont joints spontanément et la population civile a dissimulé et maltraité les otages.

Accueillir ce type de profil dans des sociétés fracturées dont les gouvernements sont fragiles et ont des liens très distendus avec leur population est juste dangereux.

Nul ne sait de quoi l’avenir sera fait et le pire n’est jamais sûr…

Trop de politiques cependant refusent, par pure lâcheté et électoralisme, de dénoncer et de combattre le retour du crime contre l’humanité, alors que les mêmes instrumentalisent le souvenir de la Deuxième Guerre mondiale et de la Shoah pour faire croire que l’ascension du RN correspondrait au retour du nazisme. Ce que les faits démentent. L’ascension de ce parti est largement liée au refus de prendre en compte les attentes, peurs et demandes de la majorité des Français et à l’absence de ligne claire du pouvoir ou des partis traditionnels qui y aspirent.

En attendant, la maison mère du Hamas, les Frères musulmans, continuent d’administrer des lycées en France, tiennent une grande partie de la formation des imams, sont influents auprès de la commission européenne…

Même le 7 octobre n’a pas dessillé les yeux de nos dirigeants…

Ou alors, malgré ce qui s’est passé le 7 octobre, ceux-ci pensent qu’il vaut mieux faire le dos rond, car les islamistes sont déjà si puissants que la partie est perdue et le combat voué à l’échec.

En tout cas on ne peut qu’être sidéré face au manque de flagrant de solidarité des dirigeants des pays occidentaux avec l’État hébreu alors que l’idéologie qui leur a infligé tant d’horreurs, ne nous hait pas moins. Après le samedi vient le dimanche.

Je croyais naïvement que si l’Europe n’avait pas su réagir dans les années 30 face à la montée du nazisme, c’était par naïveté et méconnaissance. Cela me rassurait finalement. Aujourd’hui je me dis que même si on avait connu les horreurs commises par les Nazis, cela n’aurait rien changé. Et cela a cassé quelque chose. De profond.

Alors je ne sais pas ce que je peux souhaiter…

Avant j’aimais citer cette phrase : « Il vaut mieux allumer une bougie que maudire l’obscurité », mais c’est la devise d’Amnesty International. Une association dont la belle image masque une réalité assez putride : celle-ci placée face aux massacres du 7 octobre a refusé de qualifier de terroristes les nervis du Hamas

J’ai du mal à émettre des vœux car en ce moment je n’y crois plus, ils sonnent faux. J’ai sans doute tort et on ne devrait jamais se refuser le cadeau de l’espoir. Alors disons que je vous souhaite individuellement le meilleur et que je nous souhaite collectivement de retrouver le chemin du courage.

C’est la meilleure dot que nous ayons face aux épreuves.

Céline Pina, Facebook

Ancienne conseillère régionale PS d’Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: « Ces biens essentiels » (Bouquins, 2021).

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