Antisémitisme sur les réseaux sociaux : France 24 suspend quatre journalistes arabophones

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En réaction à une enquête qui a révélé un historique d’antisémitisme virulent sur les comptes de réseaux sociaux de journalistes du canal arabophone de France 24, la chaîne a ouvert un audit interne et suspendu les journalistes mis en cause. Nous reproduisons l’article de l’organisation de veille médiatique CAMERA ainsi que le communiqué de la rédaction de France 24.

 

« Ils ont demandé à Hitler : ‘Qu’avez-vous fait des Juifs ?’ Il a répondu ‘rien d’extraordinaire, [juste] un barbecue avec les gars’ ». Cette odieuse « blague » antisémite, qui compare l’anéantissement massif de six millions de Juifs (au cours duquel d’innombrables victimes ont été gazées puis brûlées) à un banal « barbecue », trouverait sa place sur le plus vil des sites néo-nazis. Pourtant, cet « humour » particulier a été tiré du compte Twitter d’une journaliste travaillant pour la chaîne publique française France 24.

CAMERA a récemment documenté une terminologie et un contenu très problématiques chez la filiale en arabe de France 24, y compris des erreurs factuelles que la chaîne a toujours refusé de corriger. Notre nouvelle enquête sur les comptes de médias sociaux de certains des journalistes responsables de ce contenu extrêmement défaillant révèle de la haine pure et simple et une profonde ignorance, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes au sujet des journalistes qui sont rémunérés par les contribuables français. Parmi ces contribuables se trouvent des centaines de milliers de Juifs français, sans doute la plus grande communauté juive d’Europe occidentale et l’une des plus importantes au monde.

 

« Si seulement Hitler était libanais »

La journaliste libanaise Joëlle Maroun, qui a posté la « boutade » sur le barbecue d’Hitler, est la correspondante régulière de France 24 à Beyrouth depuis août 2021. Si ses employeurs avaient pris la peine d’examiner son profil sur les médias sociaux avant de l’embaucher, ils auraient trouvé de nombreux tweets exprimant une forte admiration pour Adolf Hitler, un soutien au meurtre de civils juifs innocents et d’autres déclarations ignobles.

Par exemple, à la suite des émeutes de 2014 dans la prison libanaise de Roumieh, elle a tweeté : « Roumieh est en feu ; Pour sûr, ils auraient dû avoir Hitler comme responsable ! ». Plus d’une fois, Maroun a déploré l’absence contemporaine d’Hitler, tweetant par exemple : « Levez-vous, monsieur Hitler, levez-vous, il y a quelques personnes qui ont besoin d’être brûlées. »

Maroun a également « liké » le commentaire suivant posté à la suite de son tweet : « Il aurait dû être cloné pour le moment où on en aurait besoin ».

La passion de Maroun pour le génocide des Juifs ne se limite pas au contexte historique. Son conseil pratique aux Palestiniens est le suivant : « Il incombe à chaque Palestinien de tuer un Juif et l’affaire est close. »

En réponse à un commentaire accusant Tsahal d’avoir tué « criminellement » des civils innocents à Gaza lors de l’opération « Bordure protectrice », Mme Maroun a ajouté : « Est-ce que quelqu’un a dit un Juif ? ». Tenir les Juifs collectivement responsables des actions de l’État d’Israël est tout à fait conforme à la définition de travail de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui a été adoptée par des dizaines de gouvernements, dont celui de la France.

Lorsque le terroriste international Samir Quntar a été tué lors d’une attaque à la roquette visant le bâtiment où il travaillait pour le Hezbollah, Mme Maroun l’a honoré en le qualifiant de « martyr ».

Quntar est surtout connu en Israël pour s’être infiltré dans le pays, avoir enlevé une fillette de 4 ans, abattu son père sous ses yeux et l’avoir matraquée à mort. « Il a fracassé le crâne de ma petite fille contre un rocher avec la crosse de son fusil », a raconté plus tard l’épouse et mère de la fillette.

M. Maroun a également jugé « magnifique » une émission de télévision libanaise consacrée à M. Quntar, le qualifiant une nouvelle fois de « martyr ».

Subtilement intitulée « Entre la pensée, l’environnement, la résistance et le martyre », cette émission flatteuse a décrit à plusieurs reprises Quntar comme un « héros », un « guerrier du djihad » et un « guerrier de la résistance ». En même temps, l’émission déshumanisait les victimes de Quntar, un père et ses deux petites filles, en les qualifiant de « plusieurs sionistes ». L’animateur de l’émission et ses trois invités ont fait part de leur espoir que les actes de Quntar inspireraient beaucoup d’autres personnes à suivre sa voie meurtrière.

Une proposition de paix américaine a également provoqué une éruption de fièvre antisémite, suscitant ce tweet de Maroun : « […] #Le_deal_du_siècle est le rapatriement [des Palestiniens au Liban], la dépossession, la consommation de ce qui vous revient de droit à l’intérieur [du Liban] – les terres, le gaz, etc., et le pire – la tyrannie du Juif et sa saleté. Je suis originaire du Sud [du Liban] et je connais bien ces choses. » (C’est nous qui soulignons.)

Mais il n’y a pas que les personnages terriblement malfaisants et les circonstances historiques marquantes qui suscitent les propos incendiaires de Maroun. Des sujets plus banals, comme le football, l’inspirent également à cracher de la haine. Par exemple, en réponse à un tweet déplorant la défaite de l’équipe nationale de football tunisienne face à sa rivale belge lors de la Coupe du monde 2018, Maroun a fait preuve de solidarité : « [Je suis] avec toi, Ali, en train de passer le samedi dans le cul d’un juif ».

En réalité, Maroun n’a besoin d’aucun encouragement pour propager son bon vieil antisémitisme. N’importe quel jour s’y prête : « Juillet refuse de lâcher prise ! #je_te_déteste,_toi_juif ». Et sans aucune raison particulière, elle a tweeté : « Si seulement Hitler était libanais ».

Fait notable, dans le cadre de son poste auprès de France 24 à Beyrouth, Mme Maroun a couvert des sujets liés à Israël et aux Juifs. Par exemple, elle a été interviewée à plusieurs reprises sur le différend entre le Liban et Israël au sujet de la frontière maritime.

Laila Odeh : des assassins comme des « martyrs »

Comme CAMERA Arabic l’a largement démontré, la correspondante de France 24 à Jérusalem, Laila Odeh, qui couvre de longue date l’actualité israélienne et palestinienne, a depuis longtemps laissé ses sentiments anti-israéliens imprégner ses reportages, ne respectant pas les normes journalistiques fondamentales d’objectivité et d’exactitude.

Sœur fière et endeuillée d’un terroriste du Fatah tué lors d’un affrontement avec des soldats de Tsahal près de la ville israélienne de Beit She’an en juin 1970, alors qu’elle n’était qu’une enfant, Odeh exprime son antipathie encore plus ouvertement sur les médias sociaux.

Elle y glorifie constamment les « martyrs » qui prennent pour cible et tuent des civils, et qualifie la mort des terroristes de « martyre ». Elle a appliqué cette désignation élogieuse à Muhammad ‘Asi, affilié au Hamas et au Jihad islamique palestinien, qui a posé une bombe dans un bus de Tel-Aviv en novembre 2012, blessant 28 civils (il est « monté au plus haut des cieux », s’émerveille-t-elle) ; à Ashraf Na’alwa, qui, en octobre 2018, a tué deux civils israéliens dans la zone industrielle de Barkan en Cisjordanie ; à Saleh Omar Barghouthi, affilié au Hamas, qui, en décembre 2018, a tiré sur une femme enceinte, tuant son bébé ; à Omar Abu Leila qui, en mars 2019, a tiré sur des civils près d’Ariel, tuant un civil et un soldat ; à Sami Abu Diak qui a assassiné le civil Ilya Krivich, 61 ans, en juin 2001 ; à Fadi Abu Shkhaydam, affilié au Hamas, qui a assassiné le civil Eli Kay à Jérusalem en novembre 2021 ; et à Ra’d Hazem, affilié à la Brigade des martyrs d’Al Aqsa, qui a assassiné trois civils à Tel Aviv en avril 2022.

Au sujet du terroriste Muhammad Tareq Yous, qui a poignardé à mort Yotam Ovadia, 31 ans, père de deux enfants en bas âge, elle a salué « La mort de l’un des colons dans l’opération de poignardage dans la colonie d’Adam, menée par un Palestinien qui est tombé en martyr après s’être fait tirer dessus » (c’est nous qui soulignons).

Dans d’autres messages publiés sur les réseaux sociaux, Mme Odeh a également montré son incapacité totale à agir en tant qu’observatrice bien informée et équilibrée du conflit.

Sans aucun filtre, Odeh a librement partagé :

« Parce que je suis une réfugiée palestinienne, j’exige de la Ligue arabe qu’elle m’arme pour que je récupère ma terre qu’Israël a illégalement occupée. Et parce que je suis la sœur d’un martyr, je demande à la Ligue arabe de m’armer pour récupérer le corps de mon frère martyr […]. »

Se prenant pour une psychanalyste spécialisée dans le génocide des Juifs, elle pontifie : « …Israël se décharge du complexe de son Holocauste sur les Palestiniens, il méprise Hitler tout en étant devenu une version de lui. »

Dans un éditorial sur des tirs de roquettes du Hamas et du Jihad islamique palestinien sur Israël, suivis de frappes aériennes israéliennes en représailles, Mme Odeh a fait une distinction entre le « martyre de sept Palestiniens à Gaza » et la « mort d’un colon israélien à Ashkelon », en faisant référence à Moshe Agadi, 58 ans, d’Ashkelon, père de quatre enfants (souligné par l’auteur) (c’est nous qui soulignons).

Odeh a marqué le 102e anniversaire de la déclaration Balfour par une longue diatribe dénonçant « l’établissement d’une patrie nationale pour [les Juifs] en Palestine, un euphémisme pour l’occupation » et le fait que la Grande-Bretagne refuse depuis longtemps de s’excuser pour la souveraineté juive : « À ce jour, le Royaume-Uni ne se sent pas coupable et n’a pas assumé la responsabilité de la déclaration Balfour… Le rejet des Palestiniens est resté constant et la promesse britannique a persisté sans rétractation ni même d’excuses. «

Dans son long discours contraire à l’histoire, elle impute à l’Holocauste la responsabilité de la déclaration Balfour, bien que la promesse britannique de 1917 ait précédé de plus de deux décennies le massacre des Juifs d’Europe lors de la Seconde Guerre mondiale : « Le Royaume-Uni ne présentera jamais d’excuses parce que le Juif pour lequel Balfour a ressenti de la tristesse à cause de l’Holocauste n’est pas le Juif qui a colonisé les terres de la Palestine historique du nord au sud, sans que personne ne soit assez fort pour l’expulser …. » (souligné par l’auteur).

Dina Abi-Saab : des applaudissements pour les roquettes du Hamas

Résider et faire des reportages au Moyen-Orient n’est pas une condition préalable à l’adhésion au club de la haine des Juifs de France 24 Arabic. Au cœur de l’Europe, la Libanaise Dina Abi-Saab est la correspondante de France 24 à Genève depuis février 2016, couvrant les questions liées à l’ONU, y compris les sujets impliquant Israël.

Au cours de la même période, sur les médias sociaux, elle a fêté les roquettes tombant sur la population civile israélienne et les a excusées en les qualifiant de « résistance » ; elle a accusé l’immigration juive en Israël (« Palestine ») d’être à l’origine de tous les problèmes au Moyen-Orient ; comme Odeh avant elle, elle a glorifié Omar Abu Leila, qui a assassiné un civil juif, en le qualifiant de « martyr » ; et elle a comparé le bombardement par l’armée israélienne de tours vides à Gaza – dont les occupants ont été évacués après avoir reçu un préavis de l’armée – aux attaques terroristes du 11 septembre.

Il semble que même le fait d’appeler « Israël » par son nom exige un effort particulier de la part d’Abi-Saab. En décembre 2013, plus de deux ans avant de commencer à travailler pour France 24, elle a écrit sur Facebook : « Il se peut qu’à l’avenir je doive m’#excuser auprès d’Israël, car à partir de maintenant et jusqu’à la mort, son nom restera Palestine de la rivière à la mer, et les noms des villages et des villes resteront palestiniens, et je n’ai pas cessé d’espérer qu’il [Israël] soit anéanti – ce statut [Facebook] est à garder en lieu sûr ».

Quelques sept ans plus tard, elle est restée fidèle à sa promesse, citant « la frontière libanaise avec la Palestine occupée ».

Sharif Bibi : « Nous t’éradiquerons, Israël ».

Les antécédents de Maroun, Odeh et Abi-Saab sur les réseaux sociaux devraient justifier un licenciement dans tout média occidental qui se respecte. Ces trois journalistes ont fait preuve d’une haine et d’une ignorance constantes pendant plusieurs années, alors même que leurs obligations professionnelles leur imposaient de couvrir les affaires liées à Israël et aux Juifs.

Dans le cas moins grave du Libanais Sharif Bibi, cependant, une rétractation complète et des excuses publiques pourraient suffire. Bien que ses posts reflètent presque les mêmes niveaux de toxicité et de désinformation, ils sont moins nombreux et plus espacés.

Journaliste à France 24 depuis février 2014, Bibi a pris un poste supplémentaire à InfoMigrants en 2017 (outre la société de radiodiffusion publique française, InfoMigrants, et sa filiale arabophone, est détenue et exploitée par la Deutsche Welle allemande et l’organisme italien à but non lucratif ANSA).

Malgré sa préoccupation affichée sur les médias sociaux pour les droits de l’homme des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile, Bibi a semblé étrangement indifférent au sort de la population juive d’Israël dans l’éventualité de l’anéantissement de leur pays. Il a tweeté : « Oyez – oyez – oyez – de la vue du sang des martyrs – de l’effort des révolutionnaires rouges – nous t’éradiquerons, Israël, de tes [propres] racines ».

Lorsqu’il était employé par France 24, Bibi a délégitimé Israël en le qualifiant d’« entité sioniste » et a également évité de prononcer le nom d’Israël en citant des individus et des institutions « sionistes ».

France 24 réagit

A la suite de l’enquête de CAMERA, la rédaction de France 24 a annoncé l’ouverture d’un audit interne et la suspension des journalistes mis en cause. Voici les termes du communiqué de presse :

France 24 rappelle l’attachement de toutes ses antennes à lutter contre toute forme de discrimination, et ouvre un audit interne après la mise en cause de quatre journalistes de sa rédaction arabophone. 

Après la publication d’un article sur le site de CAMERA (Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America – notre illustration), repris par le Centre Simon Wiesenthal, mettant en cause un journaliste et trois correspondants arabophones de France 24 au sujet de certains propos qu’ils auraient postés sur leurs pages personnelles sur les réseaux sociaux, la direction de la chaîne a immédiatement ouvert un audit sur ces faits présumés, comme elle l’a fait savoir en interne dès le 10 mars. Par mesure conservatoire, et comme le prévoit ce type de procédure, les quatre journalistes concernés ont été suspendus d’activité dans l’attente des résultats de l’audit.

La charte de déontologie de France Médias Monde (France 24, RFI, MCD) prévoit que les journalistes du groupe, lorsqu’ils publient sur des blogs, forums, sur les réseaux sociaux et tout espace dédié à l’échange public d’informations, doivent veiller « au respect des règles professionnelles et déontologiques (…) et à ne pas violer les valeurs d’éthique, d’indépendance et d’impartialité de l’entreprise (…) ».

Les mesures prises dans le cadre de cette situation visent à protéger l’intégrité du travail de toute la rédaction arabophone de France 24, dont les contenus éditoriaux, tant à l’antenne que sur les environnements numériques, en font une chaîne d’équilibre, non partisane, vérifiant les faits et cultivant les débats constructifs grâce au professionnalisme de ses journalistes. Comme dans l’ensemble des langues de France 24, la chaîne arabophone s’illustre chaque jour par son engagement dans la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et les discriminations.

 

Auteur : CAMERA Arabic. Adaptation française InfoEquitable.

Version originale : THE ANTISEMITIC SOCIAL MEDIA DIVAS OF FRANCE24 ARABIC

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