Joann Sfar : « Si traiter une dame de sale juive puis la massacrer et la défenestrer ça ne suffit pas, il faut faire quoi ? »

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Le dessinateur et scénariste de bande dessinée, Joann Sfar, qui a notamment coécrit la série le Chat du rabbin, a dénoncé mercredi la décision de la justice française de ne pas retenir à ce stade de l’enquête le caractère antisémite dans l’horrible assassinat début avril de Sarah Halimi par son voisin musulman radicalisé.

« Le truc, c’est que lorsque tu es juif, tu n’oses jamais dire que quoi que ce soit relève de l’antisémitisme parce que tu as peur qu’on te dise que tu pleurniches. Je ne connais l’affaire Sarah Halimi que par ce que les médias en disent. Si j’ai bien compris un type traitait la dame juive de son immeuble de sale juive à chaque fois qu’il la voyait. Puis une nuit il pète un câble, il met la misère dans tout l’immeuble, puis il s’enferme avec la dame. Il la massacre pendant des heures. La police est dans l’immeuble et n’intervient pas. Il hurle Allah hou Akbar tant qu’il peut puis il la jette par la fenêtre et elle meurt. Le type n’a jamais eu d’antécédents psychiatriques mais on le met quand même à l’asile. Si j’avais mauvais esprit, je dirais qu’en période électorale, c’était peut-être une façon de s’acheter à peu de frais la paix civile. On apprend aujourd’hui que le tribunal ne considère pas qu’il s’agit d’un crime antisémite. Finalement je ne suis pas juriste, je n’y connais rien. Il paraît que le coupable a affirmé que son motif n’était pas antijuif. C’était quoi, son motif ? Ça ne me regarde pas. Par contre, je commence à me demander ce que ça serait, un crime antijuif ? Si traiter une dame de sale juive puis la massacrer et la défenestrer ça ne suffit pas, il faut faire quoi ? », a-t-il dénoncé dans un long statut Facebook.

« J’ai honte que ça soit toujours des Juifs qui se trouvent à écrire qu’à force de vouloir éviter de faire des vagues nos forces de l’ordre nous donnent parfois l’impression qu’on gène. Je suis le moins communautaire du monde. Je suis le premier que ça énerve, quand des gens utilisent leur ethnie ou leur religion pour se faire plaindre. Mais là, c’est dur. On a un sentiment de « circulez y a rien à voir » qui me semble dangereux. A force de ne rien voir, j’ai le sentiment qu’on peut susciter des vocations. Ou alors il y a une circonstance atténuante de bêtise ? Je me souviens qu’on disait ça, au moment du « gang des barbares ». On disait qu’ils étaient tellement bêtes qu’ils ne se rendaient pas compte. Peut-être que je me trompe complètement. Qu’est ce qui se produit, en moi, lorsque j’ai honte d’écrire ces lignes ? Je déteste parler « en tant que Juif « . On ne devrait pas avoir à le faire. Pour calmer les esprits, je suggère au tribunal d’édicter une jurisprudence claire et d’affirmer haut et fort qu’un crime antisémite, ça n’existe pas. Je crois que ça soulagerait beaucoup de monde. Ça nous évitera de nous creuser la tête à nous demander ce que l’assassin aurait pu faire de plus pour que le tribunal décèle dans son geste un soupçon de haine contre les juifs », a-t-il poursuivi.

L’islamiste qui a roué de coup et défenestré Sarah Halimi en avril à Paris, a été mis en examen lundi pour « homicide volontaire » sans que soit retenu à ce stade de caractère antisémite, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.

Le meurtrier a été interrogé lundi par les magistrats instructeurs qui l’ont mis en examen pour homicide volontaire au préjudice de Mme Attal-Halimi et pour « séquestration » d’une famille voisine, a indiqué cette source. Il a été « placé sous mandat de dépôt, mais reste toujours hospitalisé », a-t-elle précisé. « Il conteste toute motivation antisémite à son acte », a ajouté une source proche de l’enquête.

Dans la nuit du 3 au 4 avril, Kada Traoré, un Musulman de 27 ans, est entré à 4 heures du matin chez Mme Halimi par le balcon, l’a torturée, a clamé des sourates du Coran et crié Allah Akbar à plusieurs reprises.

Éric Hazan – Le Monde Juif .info | Photo : DR

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