Deguel HaTora pose une menace claire sur la table

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Le parti Deguel HaTorah adresse une menace explicite à Netanyahou : s’il n’est pas trouvé rapidement une solution à la question de la loi sur la conscription, son pouvoir est en réel danger. Un éditorial en première page du journal du parti met en garde Netanyahou contre un effondrement spectaculaire – comme celui de Churchill.

JDN

Lenteurs du député Yuli Edelstein dans l’avancement de la loi sur la conscription, manque d’implication sérieuse du Premier ministre – les partis orthodoxes sont très frustrés. Depuis plusieurs jours, le Judaïsme unifié de la Tora et Shas boycottent les votes en séance plénière avec la coalition, au point que la nomination d’Israel Eichler comme ministre du Logement a été suspendue. Le président de la commission des lois continue de repousser la présentation du texte aux représentants orthodoxes.

Les députés orthodoxes se retrouvent entre le marteau et l’enclume. Ils ont tenté de faire avancer une proposition de dissolution de la Knesset – jusqu’à ce que la guerre en Iran éclate et offre à Netanyahou un regain de popularité, complexifiant la situation.

Ce matin, le journal du parti Deguel HaTora consacre son éditorial de la une à une menace subtile, mais tranchante et directe envers le Premier ministre, actuellement hébergé à Blair House pour récupérer quelques heures de sommeil.

L’éditorial présente une rétrospective historique sur le déclin de Winston Churchill, après sa victoire contre l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Il affirme que la grandeur militaire et politique de Churchill ne lui a pas évité la chute, sa négligence de la gestion interne du pays ayant entraîné la perte du pouvoir – malgré sa victoire brillante.

Le message à Netanyahou est limpide :

« Ne laisse pas ta réussite contre l’Iran, aussi importante soit-elle, t’aveugler. Si tu ne t’occupes pas des problèmes du public orthodoxe — sans loi sur la conscription, sous des sanctions sévères — tu risques de perdre leur soutien. Tu pourrais finir comme Churchill : général admiré, mais chez toi, sans coalition ni gouvernement. »

Netanyahou, qui aime se comparer à Churchill et rougit à peine lorsqu’on le lui fait remarquer, devra aujourd’hui faire connaissance avec un aspect moins flatteur de l’héritage churchillien.

Extrait intégral de l’éditorial : « Les leçons du passé »

Winston Churchill était le Premier ministre du Royaume-Uni pendant la Seconde Guerre mondiale. Homme d’État remarquable, politicien admiré et stratège brillant, il mena le Royaume-Uni à la victoire contre l’ennemi cruel qui menaçait son pays et le monde. Il avait commencé sa carrière par un service à l’étranger, poursuivie par une riche activité politique. Par sa sagesse, sa diplomatie et sa ténacité, il forma une alliance qui mit fin à la guerre sanglante menaçant tous les citoyens du monde, et les Juifs de la diaspora en particulier.

Il existe un consensus parmi les historiens sur le rôle décisif de Churchill dans la défaite du nazisme. Dès les accords de Munich qu’il dénonça comme une « honte », jusqu’à ses appels vibrants au peuple américain, il renforça son lien avec le président Roosevelt et l’amena à rejoindre la guerre, aux côtés de l’URSS.

Mais Churchill n’était pas qu’un stratège : il était un leader. Beaucoup de Britanniques affirment que c’est son leadership qui les a tenus debout durant les années sombres. Ses discours sont encore aujourd’hui une source d’inspiration.

Et pourtant, après la guerre, tout bascula.

On aurait pu croire — à juste titre — que sa place à la tête du gouvernement était assurée. Mais non. À la fin de la guerre, le peuple britannique, épuisé, réclamait du changement, surtout en santé, éducation, économie, emploi. Churchill, grisé par sa victoire, ne ressentit pas les attentes du peuple. Il promit des réformes creuses et continua à prononcer des discours de victoire au lieu de reconstruire l’intérieur du pays.

Il se concentra sur les affaires internationales, obtint même plus tard le titre honorifique de citoyen américain – mais perdit le contact avec son électorat. Très vite, il devint évident que son talent en temps de guerre ne suffisait pas à faire de lui un chef pour le temps de paix. Son opposition, le Parti travailliste, bâtit silencieusement une alternative. Tandis que Churchill se perdait dans ses rêves d’ordre mondial, il fut remplacé par Clement Attlee.

Churchill ironisa en disant qu’« une voiture vide s’est arrêtée devant le 10 Downing Street, et Clement Attlee en est sorti ». Mais cette pique n’effaça pas la réalité : il avait perdu, car il avait trahi les attentes de ceux qui l’avaient soutenu. Il revint au pouvoir plus tard, mais ne retrouva jamais sa grandeur aux yeux du peuple britannique.

En résumé : L’éditorial avertit Netanyahou que les victoires militaires ne garantissent pas le maintien au pouvoir, surtout s’il néglige les besoins de ses alliés les plus fidèles – en l’occurrence, les partis orthodoxes, très remontés contre l’inaction sur la loi de conscription.

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