Un récent enchaînement d’explosions à travers l’Iran, notamment à Mashhad, Qom et dans la région d’Alborz, révèle non pas des attaques extérieures, mais des défaillances internes majeures. Beny Sabati, chercheur au programme Iran de l’INSS, explique que ces événements illustrent l’effondrement du régime de l’intérieur : « Les réactions du régime exaspèrent la population. »
Ma’ariv
L’une des explosions les plus dévastatrices s’est produite au port de Shahid Rajaee à Bandar Abbas, tuant au moins 70 personnes et en blessant plus de 1 000. L’enquête a révélé que l’explosion était due à un incendie chimique déclenché par des produits oxydants mal stockés, comme des perchlorates ou des nitrates, utilisés dans les engrais et les carburants de fusée, selon le The Washington Post.
Sabati souligne que ces incidents ne sont pas isolés : « Les zones touchées sont éloignées les unes des autres, et la nature des explosions varie. Il n’y a pas de lien direct entre ces événements. » Il attribue ces catastrophes à l’obsolescence des infrastructures et à une négligence prolongée : « Les infrastructures vieillissent et se détériorent. Sans entretien adéquat, des accidents sont inévitables. »
Les défaillances sont particulièrement graves dans l’industrie lourde, où des matériaux dangereux sont utilisés. Par exemple, au port, des substances sensibles à la chaleur ont été stockées de manière inappropriée, conduisant à des explosions sous des températures extérieures de 45 degrés Celsius.
Concernant l’explosion dans une usine de motos, Sabati note que le propriétaire est un religieux fidèle au régime, mais cela ne prouve pas une connexion directe avec les Gardiens de la Révolution. Il met en lumière la relation entre les entreprises privées et le régime : « En Iran, il est difficile d’être propriétaire d’une entreprise sans être lié au régime ou sans verser des pots-de-vin pour survivre. »
Sabati établit également une comparaison historique : « Cela rappelle l’Union soviétique avant sa chute, avec de nombreuses négligences et des accidents fréquents. Le réacteur de Tchernobyl en est un exemple emblématique. En Iran, il y a de nombreux ‘petits Tchernobyls’ résultant de la négligence, indiquant un effondrement interne du régime. »
La réaction des autorités iraniennes aggrave la colère populaire. Le leader iranien a minimisé les accidents, déclarant : « Oui, des accidents se produisent, il faut continuer notre chemin. » Cette attitude, perçue comme un manque de responsabilité, alimente la frustration de la population.
En ce qui concerne le missile tombé à l’aéroport Ben Gourion, Sabati affirme qu’il s’agit d’une directive ancienne de l’Iran aux Houthis. Il suggère que l’Iran a donné des instructions aux Houthis il y a de nombreuses années, et qu’ils tirent quand cela leur convient. Il note que les Houthis ont intensifié leurs tirs récemment, et que cette fois, ils ont été plus précis.
Sabati estime qu’Israël devrait répondre directement à l’Iran plutôt que de cibler les Houthis : « Il y a une logique qui exige qu’Israël réagisse contre l’Iran lui-même, et non en bombardant encore les Houthis. » Il propose des actions contre les usines ou les développeurs de missiles en Iran.
Cependant, il reconnaît les contraintes : « Cela pourrait être un signal fort pour les Iraniens, mais je ne sais pas si Israël peut agir ainsi alors que des négociations nucléaires sont en cours entre l’Iran et les États-Unis. »