Le principe de la canne blanche électronique n’est pas nouveau mais l’utilisation de ce genre d’appareil n’est pas toujours simple. Une équipe de chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem a mis au point un boîtier censé être plus commode. Nommé EyeCane, il guide la personne non-voyante au moyen de vibrations et d’effets sonores dont l’intensité augmente selon la proximité de l’obstacle. Sa maîtrise ne demanderait que quelques minutes.
Aujourd’hui encore, et malgré toutes les avancées en matière de détection d’obstacles et de cartographie en 3D, les personnes non-voyantes s’en remettent majoritairement à la canne blanche ou au chien-guide pour pouvoir se déplacer. Il existe bien des dispositifs électroniques qui se servent de rayons infrarouges ou d’ultrasons pour détecter et évaluer la distance des obstacles. C’est le cas du boîtier français Tom Pouce ou de l’Ultracane britannique qui s’installent sur une canne blanche classique et fonctionnent en émettant des vibrations.
Bien que performants, ces dispositifs ont du mal à gagner les faveurs des usagers en raison notamment de l’apprentissage préalable à leur maniement qui demande quelques jours de formation. C’est précisément à cette problématique de la facilité d’usage que s’est attaquée une équipe de l’Université hébraïque de Jérusalem. Des chercheurs ont mis au point un boîtier électronique baptisé EyeCane qui, selon eux, corrige les défauts des produits existants en matière de poids, d’autonomie de batterie, d’interface et surtout de temps d’apprentissage.
Le boîtier EyeCane est léger (moins de 100 grammes), compact (4 × 6 × 12 cm) et dispose d’une autonomie d’une journée. Dans leur article scientifique publié par la revue Restorative Neurology and Neuroscience, ses concepteurs assurent qu’il a été pensé pour pouvoir être fabriqué à bas coût, sans toutefois donner de détail chiffré. D’un point de vue technique, EyeCane utilise la projection de rayons infrarouges pour détecter les obstacles et évaluer leur distance. Un rayon est pointé vers l’avant pour une détection à longue distance (portée de cinq mètres) des obstacles à hauteur d’homme tandis qu’un second rayon est braqué à un angle de 45° vers le sol.
Lorsque l’utilisateur balaie l’espace devant lui, EyeCane émet des vibrations et des sons dont l’intensité augmente en fonction de la proximité de l’obstacle. Les vibrations sont transmises au niveau du pouce pour le rayon pointé vers le sol et sur le poignet pour le rayon haut. Les chercheurs expliquent qu’ils ont choisi de confiner les rayons infrarouges dans un pinceau étroit (moins de 5°) pour obtenir une meilleure précision. La contrepartie est que l’utilisateur doit scanner son environnement en permanence.
Des essais ont été effectués avec des volontaires valides auxquels on avait bandé les yeux ainsi que des non-voyants. Après moins de cinq minutes à utiliser le boîtier, les uns comme les autres parvenaient à évaluer correctement les distances avec un taux de réussite de 70 %. Une seconde expérimentation a consisté à faire circuler les participants dans un couloir, les uns avec une canne blanche classique et les autres avec un EyeCane, en comparant le nombre de points de contacts qu’ils effectuaient pour se guider. Le groupe se servant d’une canne blanche faisait en moyenne 28,2 contacts avec les murs tandis que ceux qui se guidaient avec l’EyeCane n’en faisaient que trois. Les chercheurs disent vouloir poursuivre les essais pour approfondir la fiabilité de leur boîtier qui n’a pour le moment pas vocation à être mis sur le marché.