La force de ne rien faire

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Voici un réel absurde auquel nous sommes confrontés sans même y prêter attention.

De quoi s’agit-il ? Laissez-moi vous expliquer.

Nous avons tous appris à avoir de l’empathie envers ceux qui nous entourent. Nous nous efforçons d’avoir de l’empathie envers nos enfants, notre conjoint, nos élèves et toutes les personnes avec lesquelles nous sommes en contact. Nous savons pertinemment que c’est crucial pour leur bien-être et pour une communication saine.

Si vous ne le faites pas déjà, il est grand temps de vous réveiller !

Voici quelques exemples : Raphy, un enfant de huit ans, rentre à la maison après l’école. En pleurs, il raconte à sa mère qu’un camarade de classe lui a pris le bonbon qu’il s’apprêtait à manger pendant la récréation. Sa mère, désireuse de renforcer son enfant et de lui inculquer des valeurs juives, lui dit : « Mon chéri, ne sois pas attristé ! C’est une belle action de faire du ‘Hessed. Grâce à toi, un enfant juif a été heureux en recevant un bonbon ! » La mère de Raphy n’a pas pris en compte les sentiments de son enfant. Elle n’était pas présente dans ce qu’il vivait et racontait. Raphy a certainement ressenti de la déception en perdant son bonbon. Il s’est senti démuni face à son camarade de classe. Ces sentiments font partie intégrante de lui et sont très importants pour lui. Il a besoin de les partager, de vider son cœur. Ce que lui dit sa mère est peut-être vrai, mais cela n’a pas sa place tant que les sentiments de Raphy n’ont pas été validés aux yeux de sa mère. Raphy ne pourra jamais adhérer aux paroles de sa mère tant que ce qu’il ressent n’aura pas été reconnu par elle.

Ouriel, un adolescent, n’est pas sérieux à l’école. Il revient avec de mauvaises notes. Ses parents, préoccupés et anxieux, le réprimandent dans l’espoir de le secouer et de le sensibiliser à prendre en main sa situation. Les parents ont de bonnes intentions et il est effectivement important de s’inquiéter pour Ouriel et de l’aider à se ressaisir. Mais il ne faut surtout pas oublier d’être présents avec Ouriel et de comprendre ce qu’il vit. Il n’est peut-être pas agréable pour Ouriel d’agir ainsi et tout de même c’est ainsi qu’il se comporte. Il est crucial de vivre ce que vit Ouriel, de l’écouter, d’être attentif à ce qu’il dit avec ses mots et à ce qu’il exprime par son comportement. Il faut être là avec lui.

Avoir de l’empathie, c’est être présent. Lorsque quelqu’un nous fait part de ce qu’il vit, de ce qu’il ressent, nous devons être présents avec lui, l’écouter, être attentifs, refléter ce qu’il dit. Il s’agit de mettre de côté nos propres pensées et sentiments pour être pleinement avec lui. Il ne s’agit pas d’une action active de notre part, mais d’une présence passive. Simplement être là, être présent. Il ne s’agit pas seulement de faciliter la communication, c’est un besoin vital. C’est la base d’une relation saine entre les individus. Tout le monde bénéficiera de cette attitude. Les conflits avec les personnes qui vous entourent diminueront considérablement. Vos enfants se calmeront plus rapidement lorsque quelque chose les dérange. Votre conjoint ne vous repoussera pas ou n’exprimera pas d’opposition envers vous. Bien plus qu’une solution à leurs problèmes, vos interlocuteurs ont besoin que vous soyez là avec eux, que vous leur tendiez une oreille attentive, que vous leur offriez votre cœur et votre respect. Si quelqu’un compte pour vous, montrez-lui votre estime en essayant de comprendre vraiment ce qu’il vous dit, en essayant d’imaginer ce qu’il vit. Soyez présents !

Jusqu’ici, tout va bien. La plupart d’entre nous sommes capables de le faire, à différents niveaux peut-être, mais nous essayons toujours de nous améliorer. Mais quand il s’agit de nous-mêmes, nous ne savons plus le faire ! Et c’est le comble !

Êtes-vous capable de vous écouter ? Êtes-vous capable d’être présent dans ce que vous vivez ? Avez-vous de l’empathie envers vous-même, envers ce que vous ressentez ? Êtes-vous capable de faire preuve de douceur et de tendresse envers vos émotions ? Êtes-vous capable de prendre conscience de ce qui se passe en vous, sans juger automatiquement ? Ce sont des questions importantes qui méritent d’être méditées.

Faites un test ! Observez où vont vos pensées lors de votre prochaine journée. Vous constaterez qu’elles se tournent soit vers le passé, soit vers le futur, soit vers ce qui se passe autour de vous. Mais jamais vers ce que vous vivez à l’instant présent. Vous n’êtes pas présents avec vous-même.

Le monde est pris dans une course effrénée ! Dans la rue, des ouvriers construisent des maisons, une ambulance fonce sur la route, les gens se précipitent au travail. Ça ne s’arrête jamais, tout comme vous. « Je dois payer les factures ». « Où vais-je partir en vacances ? » « Untel m’a dit quelque chose de désagréable. » « La politique est un désastre ! » « Je dois renforcer ma Tefila. » Et pendant la Tefila, « je dois me rappeler des courses que je dois faire. » Au collel, « je dois absolument terminer cette sougiya d’ici la fin de la semaine. » « Pourquoi ma ‘Havrouta se comporte-t-elle ainsi ? » etc. Nous avons beaucoup de « il faut » et beaucoup de « pourquoi ».

Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas seul dans ce cas. C’est ainsi que se comportent 8 milliards de personnes dans le monde.

Le problème, c’est que vous passez à côté de vous-même. Vous ne vous connaissez pas. Vos actions et réactions sont le résultat de toutes sortes de choses qui ne sont pas vous. Lorsque vous servez Hachem, est-ce vous-même qui le servez, ou plutôt un moteur animé par votre entourage, par des sentiments tels que la peur, la culpabilité, par des voix qui hantent votre personne ? Et si c’est le cas, c’est bien dommage, car ce n’est pas le fruit de votre personne et de votre volonté.

Rav Wolbe disait à ses élèves qu’il est très important de prendre un moment dans la journée, d’aller dans un endroit calme pour méditer sur soi-même. La Yechiva de Béer Ya’acov, qu’il dirigeait, se trouvait près de la campagne. Un jour, il envoya un élève se promener dans la nature. Celui-ci revint très vite et, voyant le rav Wolbe étonné, lui dit : « J’ai eu très peur dans la campagne, j’avais l’impression qu’une personne étrangère était présente. » Rav Wolbe lui répondit : « C’est de toi-même que tu as eu peur. Il n’y avait personne d’autre, mais en passant ainsi du temps avec toi-même, tu as rencontré ta propre personne que tu ne connaissais pas et cela t’as effrayé ».

Ce que je veux, c’est vous amener à vous écouter, à être présent dans votre propre vie, à être sensible à vos émotions sans les repousser. Trop souvent, lorsque nous ressentons de la faiblesse, nous avons tendance à la repousser immédiatement : « Arrête d’être faible ! Sois fort ! » Nous refusons de l’accepter : « Mais non, ce n’est pas possible que j’aie peur ! Vexé ? Moi ? Non mais ça ne va pas ou quoi ? Tu crois que je suis un enfant ? » « Arrête avec ta mélancolie ! Pourquoi cette voix intérieure te dit que tu es seul ! Quelle absurdité ! Tu ne vois pas que tu as plein d’amis ! »

Avec les autres, nous sommes capables de laisser une place aux sentiments, nous savons que nous devons mettre la logique de côté car notre interlocuteur vit ce qu’il vit même si cela ne correspond pas nécessairement à la raison. Et même s’il nous raconte des choses tristes, étranges ou même effrayantes, nous lui donnons notre cœur, nous le croyons, nous sommes là avec lui et nous n’annulons pas ce qu’il dit. Ce qu’il dit, a du poids pour nous. Nous devons en faire de même envers nous-mêmes.

Si vous voulez réellement savoir qui vous êtes, si vous voulez vous rencontrer, si vous voulez vous donner une place à vous-même car vous vous considérez comme important, cela demande un investissement. Et ce n’est pas facile. Cela prend du temps mais surtout du courage et de la conviction.

Je veux vous proposer un exercice peu commun. Vous allez tout de suite dire : « Ah, ça ce n’est pas pour moi. » Mais au moins, vous aurez été prévenu : vous passez votre vie à côté de vous-même.

Je vous conseille de prendre 20 minutes chaque jour où vous n’allez rien faire. 20 minutes où vous serez seul avec vous-même, sans rien faire, sans manger, sans regarder quoi que ce soit. Un moment qui n’est pas un moment de repos. Il ne doit y avoir aucune perturbation, personne pour vous déranger. Le mieux est d’être dans un endroit extérieur, dans un jardin ou une forêt. Là, laissez votre esprit se détendre, se libérer et se connecter avec vous-même. Écoutez ce qui émerge en vous. Soyez présent de manière complètement passive, avec souplesse et acceptation. Vous pouvez écouter les voix intérieures qui se manifestent. Vous pouvez même dialoguer avec vous-même, intérieurement ou à voix haute :

  • « Haïm ! Que ressens-tu en ce moment ? Détends-toi ! Oublie tout ce qui se passe dans le monde et reste avec tendresse avec toi-même ! »
  • « Arié ! Que ressens-tu à l’intérieur de toi lorsque les enfants rentrent de l’école à la maison ! Sois attentif à tes émotions à ce moment-là ! Ressens-tu de la joie ? De la satisfaction ? Ou peut-être de la peur ? Un sentiment d’étouffement ? »
  • « Tsvika ! Quand tu as rencontré untel dans la rue, qu’as-tu ressenti ? Essaye de rester avec cet instant sans repousser ce qui se passe en toi. Ne me parle pas des pensées sur l’autre, mais seulement de toi. Ne réfléchis pas et ne partage pas des pensées, mais des sentiments, ce qui se passe dans ton cœur. »
  • « Avi ! Quand tu te vois dans le miroir, quels sont les sentiments qui t’animent ? Sois franc avec toi-même ! Peut-être de la déception, un besoin d’affection, des qualités, de la force. »

En écoutant, vous vous permettrez vraiment de savoir qui vous êtes et ce que vous vivez. Vous pourrez identifier les émotions douloureuses qui vous accompagnent et ainsi travailler avec elles. Au début, ce n’est pas évident et on a l’impression qu’il ne se passe rien. Mais petit à petit, on s’habitue et notre esprit s’oppose de moins en moins à nous-même et à ce qui se passe en nous. Ainsi, nous pourrons apprendre à ressentir, à trouver du plaisir, à vivre avec tendresse. À être présents.

Il n’est pas évident de s’arrêter au milieu de la vie pour faire de tels exercices. Mais au fond, il s’agit de passer du temps avec nous-mêmes. N’est-ce pas le minimum ? Et puis nous sommes certainement le meilleur investissement que nous puissions faire dans notre vie, nous-mêmes. Cela demande un travail intensif, à long terme. Mais vous pouvez être sûr que votre vie va changer. Une nouvelle personne se présentera devant Hachem !

Lors de ta prochaine attente dans le cabinet du médecin ou durant un trajet en métro, plutôt que de te plonger dans ton téléphone, accorde-toi un moment pour respirer profondément et être pleinement présent avec toi-même, en écoutant ce que tu ressens intérieurement.

Peut-être penses-tu que cela ne te concerne pas, ou bien que ce type de travail ne te convient pas. Dans ce cas, je t’encourage au moins à prêter attention à cette réaction intérieure. Écoute cette opposition qui émerge en toi. Permets-lui de s’exprimer.

Cela fait déjà un moment que je partage avec vous des articles pour vous aider à faire un travail intérieur, à vivre mieux et à être connecté avec vous-même. Mais cet article est pour moi le plus important. C’est le premier que je voulais partager avec vous. Et comme d’autres choses qui nous tiennent à cœur, nous avons plus de mal à les libérer.

Si je trouve ce sujet si important, c’est parce que je sais qu’il y a en vous un diamant d’une grande magnificence, sûrement recouvert par des emballages, des déguisements ou peut-être même de la boue. En travaillant pour être présent avec vous-même, pour vous écouter et vous accepter, je suis convaincu que ce qui recouvre cette pierre précieuse en vous s’échappera pour laisser apparaître toute sa splendeur.

Je vous invite à consulter les articles précédents de cette série qui sont complémentaires à celui-ci :

Il était une fois un enfant…

À l’attention des courageux parmi nous !

Test de personnalité

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Chim’on Zyzek – Thérapeute émotionnel, (972) 0527145779 – simonzyzek@gmail.com

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