La légende raconte qu’un âne se retrouva un jour entre deux sacs d’avoine. Affamé, il voulait manger, et devant lui se trouvaient deux sacs, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Il se tourna vers le sac de droite, prêt à commencer, mais aussitôt il aperçut celui de gauche. Il hésita. Il regarda à nouveau vers la droite… puis vers la gauche… Et ainsi de suite. Incapable de trancher, il resta figé — et mourut de faim.
Est-ce ainsi que les choses se passent vraiment ? C’est une bonne question. Mais ce qui est certain, c’est que l’homme possède une capacité que l’animal n’a pas : le libre arbitre.
Je me trouve face à deux chocolats, un blanc et un noir, et je les aime autant. Un animal, dans cette situation, pourrait rester bloqué comme l’âne. Mais moi, être humain, je peux choisir. Je peux trancher librement. Non pas parce que l’un est objectivement meilleur, mais simplement parce que je décide.
Mais allons plus loin encore. Je veux montrer ici que nous possédons une capacité plus profonde que celle de choisir entre deux options : nous pouvons choisir ce que nous avons déjà. Choisir notre réalité, même si elle ne nous plaît pas toujours. Même si, dans nos rêves, on aurait préféré autre chose.
Prenons quelques exemples :
– ‘Haïm est une personne pleine de qualités. Il est actif, impliqué, vivant. Mais il est aussi très timide, surtout en public. Après certaines rencontres, il s’en veut : « Pourquoi tu es gêné comme ça ? T’es un bébé ? Allez, sois normal ! Tu fatigues avec tes manières ! »
‘Haïm se bat contre lui-même. Il est en opposition constante avec ce qu’il vit. Or cette opposition est une des sources principales de la souffrance émotionnelle. Il est très difficile de grandir, d’évoluer ou même d’agir librement, quand on est en guerre intérieure contre ce qu’on est à un moment donné.
– Ya’acov vit un conflit intérieur vis-à-vis de sa femme : « Elle est obsédée par le rangement ! La maison doit être parfaite tout le temps ! On ne peut même pas sortir s’il y a un grain de poussière sur le plan de travail ! »
Il se sent étouffé, vidé. Il voudrait qu’elle soit différente, plus détendue, plus souple. Mais en réalité, il est en opposition permanente avec une facette de sa conjointe. Et tant qu’il reste dans ce combat, la relation ne peut s’harmoniser.
– Yits’hak a un fils difficile. Mauvaises notes, convocations répétées, comportements perturbateurs. Au fond, Yits’hak ressent une colère — parfois même un rejet — envers son fils.
« Ce n’est pas l’enfant que j’espérais », pense-t-il.
Yits’hak souffre de cette opposition intérieure à la réalité de son propre enfant, à ses limites, à ses besoins particuliers.
Dans tous ces exemples, ce qui fait le plus mal, ce n’est pas forcément la difficulté elle-même. C’est le refus de cette réalité. Le combat contre ce qui est. Cette opposition intérieure est un poison lent, qui affaiblit l’élan de vie, la confiance, et même la capacité à aimer.
Et pourtant, souvent, nous ne pouvons pas changer les choses. Ou alors le changement demande un long chemin, fait d’efforts et de patience. La réalité que nous vivons est celle que Hachem nous a donnée. Elle n’est pas là par hasard. Elle est là parce qu’elle est notre terrain de croissance.
Alors nous avons une possibilité incroyable : choisir ce que nous n’avons pas choisi.
Dire : « Ce n’est peut-être pas ce que j’aurais rêvé… Mais c’est ce que j’ai. Et si c’est ce que Hachem m’a donné, alors j’accepte que ce soit exactement ce que je dois vivre. Je décide que c’est ça ma vie. Et je la veux ainsi. Je choisis cette réalité comme mienne. »
Il ne s’agit pas de résignation, mais de puissance intérieure. Une puissance qui transforme la réalité en volonté.
– ‘Haïm pourrait se dire :
« Je suis une personne avec de nombreuses qualités, et parmi elles, il y a aussi la timidité. J’ai déjà fait des efforts pour la dépasser, mais elle est encore là. Pour l’instant, elle fait partie de moi. Alors je l’accueille. Je l’invite à résider en moi, non pas comme une ennemie, mais comme une compagne de route. Je choisis de vivre avec cette part de moi, parce qu’elle est là, et qu’Hachem me l’a donnée. Ce n’est pas ce qui me définit entièrement, mais c’est une facette de ma réalité actuelle, et aujourd’hui je me choisis avec tout ce que je suis. »
– Ya’acov, lui aussi, pourrait se dire : « Je choisis ma femme telle qu’elle est. Même si, pour moi, ce perfectionnisme dans le rangement est difficile à vivre, c’est avec cette réalité que je veux construire. Ce n’est peut-être pas la facilité, mais c’est précisément cette femme que Hachem m’a donnée. Alors aujourd’hui, je décide que je veux cette vie. Je ne me contente pas de l’accepter : je la choisis, pleinement. »
– Yits’hak, de son côté, pourrait être capable de dire : « Hachem m’a confié ce fils, avec son tempérament, son agitation, son manque d’enthousiasme pour l’école, son besoin de bouger, de s’exprimer autrement. Ce n’est pas ce que j’avais imaginé, mais c’est ce qui m’est donné. Et parce que c’est Hachem qui me l’a donné, je décide que c’est cela que je veux. Je choisis cette paternité, je choisis ce rôle, et je veux servir Hachem à travers cette réalité, telle qu’elle est. »
Et toi cher lecteur ? Y a-t-il un domaine de ta vie où tu ressens une résistance intérieure, une forme de rejet, une lutte contre ce qui est ? Et si, pour aujourd’hui, tu essayais non seulement d’accepter… mais de choisir pleinement cette réalité-là ?
Essaie d’y réfléchir : peut-être qu’en changeant ton regard, tu découvriras une force nouvelle là où tu croyais être impuissant.
Si ces conseils t’ont été utiles et que tu penses que d’autres pourraient en bénéficier, n’hésite pas à les partager avec eux. Tu as des remarques ou des questions, envoie-les-moi. Tu peux également me contacter si tu as besoin de conseils.
Je t’invite à consulter les articles précédents de cette série qui sont complémentaires à celui-ci :
J’entends des voix. Est-ce normal, docteur ?
Chimon Zyzek – Thérapeute émotionnel
0527145779
simonzyzek@gmail.com