Le grand projet de l’Iran : renverser le régime jordanien, attaquer Israël depuis l’est et contrecarrer la normalisation

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Ces derniers temps, le grand plan de l’Iran est devenu clair, et le régime le poursuit malgré l’élimination de la ligne de commandement de la Force Qods en Syrie et au Liban par le bombardement israélien de Damas.

Selon le plan iranien, la prochaine étape immédiate consiste à renverser le régime en Jordanie, à attaquer Israël depuis la Judée Samarie tout en l’utilisant au Liban, en Syrie et à Gaza, et atteindre l’objectif politique de contrecarrer le projet américano-saoudien dans la normalisation

Les prochains objectifs seront le retrait des Américains d’Irak, l’affaiblissement du royaume saoudien et l’affaiblissement du régime égyptien afin de réaliser la vision de la révolution islamique iranienne.

Il n’est pas clair dans quelle mesure l’administration américaine, récemment préoccupée par l’événement tragique de l’élimination des membres de World Kitchen par Tsahal, est consciente des événements qui pourraient affecter le maintien de la présence américaine dans la région et sa position sur la scène internationale.

La vision messianique de l’Iran : exporter la révolution et éliminer Israël

Le régime de la révolution iranienne fonctionne selon un plan idéologique messianique systématique depuis sa création. La prise du pouvoir en Iran en 1979, selon le fondateur du régime révolutionnaire, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, est le point de départ de la « révolution islamique totale » iranienne et de l’idée « d’exporter la révolution », c’est-à-dire de propager et de dominer. La révolution islamique chiite et ses valeurs dans les zones d’hégémonie sunnite-arabe au Moyen-Orient, sont l’instrument pour parvenir à l’unité islamique.

Le régime iranien ne cache pas ses objectifs et ses ambitions : la prise de contrôle de la région par la révolution islamique iranienne, le renversement des régimes sunnites modérés proches de l’Occident par « l’exportation de la révolution », ainsi que l’élimination d’Israël, qu’il décrit comme le « petit diable » et la « tumeur cancéreuse », et la libération de Jérusalem de ses mains.

À cette fin, le régime iranien utilise les milices terroristes du Yémen au Liban, de l’Irak à l’Azerbaïdjan, qui servent d’arme militaire efficace pour établir la vision messianique.

Cette vision est un camouflage pour les efforts iraniens visant à accroître l’hégémonie irano-chiite dans le monde islamique aux dépens de l’hégémonie historique sunnite qui domine l’espace géographique du Moyen-Orient depuis 14 siècles.

En fait, le régime iranien utilise chacun de ces deux objectifs pour justifier et atteindre l’autre objectif. Ainsi, par exemple, les Palestiniens sont l’instrument permettant d’atteindre les objectifs du régime islamique iranien : détruire Israël et « exporter la révolution », c’est-à-dire établir le contrôle chiite-iranien sur la région aux dépens des Arabes sunnites.

Ainsi, par exemple, le régime islamique d’Iran utilise la « Journée mondiale de Jérusalem », la journée de solidarité avec les « Palestiniens opprimés », le dernier vendredi du mois de Ramadan, célébrée cette année le 5 avril, pour dissimuler leur objectif principal et mobiliser les musulmans sunnites pour la question palestinienne d’une manière qui serve la lutte de l’Iran pour l’hégémonie régionale.

Cette tendance s’exprime le plus clairement dans le slogan inventé par l’ayatollah Khomeini, fondateur du régime révolutionnaire : « La route vers Jérusalem passe par Karbala (le centre religieux chiite historique) », c’est-à-dire que la lutte pour Jérusalem passe par le contrôle iranien en des zones historiquement hégémoniques sunnites (Karbala en Irak).

L’Iran peint le conflit national entre Israël et les Palestiniens sous des couleurs religieuses – l’Islam contre les Juifs – et présente son intérêt particulier pour la destruction d’Israël comme un intérêt islamique universel.

Déjà le jour de Jérusalem en 2014, le guide suprême Ali Khamenei avait ordonné l’armement de la Judée Samarie, et ces dernières années, l’Iran s’est efforcé d’améliorer ses capacités de combat contre Tsahal dans cette région en introduisant des missiles et des armes antichar dans la région.

Il convient de noter que dans un discours prononcé le 25 mars dernier, le commandant adjoint des Gardiens de la révolution pour les questions de coordination, le général Naqdi, a déclaré que « les sionistes ont pris un raccourci vers leur destruction et ont préparé le terrain pour un événement plus terrible que le déluge d’Al-Aqsa (7 octobre). »

En outre, l’utilisation “intelligente” par l’Iran de ses agents dans l’axe de la résistance vise à l’éloigner de toute responsabilité dans le déraillement de la région vers la guerre et à se présenter comme un partenaire politique légitime face aux puissances, en particulier aux  occidentaux.

Le nouveau « concept » israélien : les bombardements en Syrie et au Liban dissuadent l’Iran d’agir contre Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et les services de sécurité israéliens affirment que les bombardements en Syrie, et plus récemment au Liban, visaient à empêcher l’Iran de s’établir en Syrie. Cette conception, affirme-t-on, est erronée. En effet, l’activité iranienne contre Israël a deux niveaux : premièrement, une action directe que Téhéran ne prend pas pour le moment, non pas à cause de la dissuasion israélienne, mais parce qu’il ne s’écarte pas de son grand plan, qui donne la priorité à l’affaiblissement des forces pro-occidentales. La deuxième, l’activité par procuration – les organes de la « résistance populaire » dans les différents pays arabes, qui est la méthode de fonctionnement iranienne depuis l’établissement du régime, et qui s’est encore aggravée ces dernières années.

Les bombardements israéliens ne dissuadent pas l’Iran d’agir de cette manière, puisque cette activité est la pierre angulaire de la stratégie politico-militaire et religieuse iranienne depuis l’instauration du régime de la Révolution islamique en Iran, qui vise à atteindre ses deux objectifs : la consolidation régionale et l’élimination d’Israël, sans se laisser entraîner dans une guerre régionale avant d’avoir terminé ses préparatifs.

À ce stade, l’Iran ne se laissera pas entraîner dans une guerre directe avec Israël, qui ne fait pas partie de son plan stratégique et qui pourrait même contrecarrer son grand plan. Selon la perception des hauts responsables iraniens, celui qui a intérêt à les entraîner prématurément dans une guerre aussi directe contre Israël, c’est Israël lui-même. Pour cette raison, ils tenteront également d’empêcher une escalade à la frontière nord, au point de dégénérer en une guerre contre le principal émissaire de l’Iran, le Hezbollah.

Le grand plan iranien se concentre désormais sur le renversement du régime jordanien comme objectif immédiat, après avoir épuisé ses activités sur le front libanais tout en évitant de déclencher une guerre totale contre Israël avant d’avoir achevé l’encerclement d’Israël.

Le comportement de l’Iran à ce stade et sa volonté d’éviter de dégénérer la région en une guerre totale avec sa participation, ne sont pas le résultat de la dissuasion israélienne, mais découlent de la prudence et d’une planification intelligente de la mise en œuvre de sa vision stratégique, messianique et religieuse.

La scène irakienne : l’implantation d’une milice pro-iranienne en Jordanie

Les responsables des milices chiites irakiennes, soutenues par l’Iran, ont exprimé leur satisfaction face à l’escalade des manifestations pro-palestiniennes en Jordanie ces derniers jours, et ont même exprimé le souhait de voir s’ouvrir un nouveau front contre Israël depuis la frontière jordanienne.

Ces facteurs ne se contentent pas de manifestations. Un haut responsable des brigades irakiennes du Hezbollah a révélé des préparatifs opérationnels pour créer une milice jordanienne de 12 000 hommes armés, qui sera subordonnée à “l’axe de la résistance” dirigé par l’Iran.

Les responsables jordaniens ont rapporté que ces derniers temps, des efforts irako-iraniens ont été déployés pour infiltrer la Jordanie en utilisant les convois d’aide irakiens pour les Palestiniens.

La scène jordanienne : l’effervescence de la rue

Depuis l’attaque terroriste perpétré par le Hamas le 7 octobre dernier, et à l’ombre de la guerre qui dure depuis six mois à Gaza, le soutien populaire au Hamas augmente en Jordanie et la tendance à l’extrémisme contre Israël se renforce, ce qui se reflète dans de nombreuses manifestations condamnant Israël et des appels explicites à la confrontation et au jihad contre lui, renverser l’ambassadeur américain en Jordanie et renverser le régime jordanien.

Récemment, l’ampleur et l’intensité des manifestations ont augmenté, l’un des principaux centres se trouvant à proximité de l’ambassade d’Israël à Amman, où des milliers de jeunes se rassemblent chaque soir après la fête de rupture du jeûne du Ramadan, afin “d’assiéger l’ambassade”. De hauts responsables du Hamas ont exprimé leur soutien aux manifestations en Jordanie et ont appelé les Jordaniens à se rendre à Hasliman et à se joindre à la campagne contre Israël.

Selon des sources jordaniennes, ces manifestations sont soutenues et dirigées par l’Iran et les éléments palestiniens qui le soutiennent en Jordanie – les Frères musulmans et le Hamas – et dans la région, dans le but de renverser le régime jordanien.

Ces derniers mois, les craintes jordaniennes d’une subversion iranienne dans le royaume se sont accrues, à l’ombre des tentatives croissantes de faire passer clandestinement de la drogue et des armes par des éléments subordonnés à l’Iran depuis la frontière syrienne. Une attaque menée par des milices irakiennes pro-iraniennes le 28 janvier dernier contre la base de soutien logistique américaine en Jordanie, au cours de laquelle trois soldats américains ont été tués, a accru ces inquiétudes.

Autorité palestinienne : soutenez le royaume de Jordanie

L’Autorité palestinienne est également consciente de toute la portée du projet iranien visant à renverser le régime jordanien, ainsi que des dimensions régionales de la crise actuelle. C’est pourquoi, le 2 avril, le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas, a entamé une conversation téléphonique avec le roi Abdallah, au cours de laquelle il a exprimé « le soutien des dirigeants et du peuple palestinien du royaume de Jordanie et leur opposition à toutes les tentatives visant à nuire sa sécurité et sa stabilité ou pour profiter des souffrances du peuple palestinien dans la bande de Gaza pour nuire à la Jordanie ainsi que de son opposition à toute intervention extérieure (de la part de l’Iran) dans les affaires intérieures de la Jordanie.

L’arène saoudienne : la ligne rouge jordanienne

La presse saoudienne s’est ralliée à la défense de la Jordanie contre les manifestations, accusant l’Iran et les Frères musulmans d’alimenter la protestation. Le rédacteur en chef du quotidien saoudien Al-Jazeera, Khaled bin Hamad Al-Malek, a écrit : « Les dirigeants saoudiens, le gouvernement saoudien et le peuple saoudien n’hésiteront pas à se ranger du côté de la Jordanie, dans la mesure où l’évolution de la situation l’exige puisqu’ils considèrent la sécurité et la stabilité de la Jordanie comme faisant partie intégrante de la sécurité et de la stabilité de l’Arabie saoudite. »

L’écrivain saoudien Khaled al-Ranami a écrit dans un article intitulé : « La Jordanie est une ligne rouge » : « L’axe de modération représenté par l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis ne restera pas les bras croisés et ne craindra aucun préjudice en Jordanie sous la forme d’une déclaration de guerre… »

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