Le rabbi de Kalov, par. Reé : le respect des mitsvoth durant les vacances

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« C’est alors, au lieu choisi par l’Éternel, votre D’, pour y asseoir Sa résidence, c’est là que vous apporterez tout ce que Je vous prescris » (Devarim 12,11).

Mon vénérable ancêtre, rabbi David de Dinov, se rendit un jour en été à Baden-Baden, un centre de villégiature allemand où se trouvent des sources d’eau chaude bienfaisantes. Il réalisa que la majorité des Juifs n’étaient pas pointilleux sur le respect de la Tora et des Mitsvoth comme chez eux, mais passaient leur temps dans une atmosphère de relâchement. Il en fut très affecté.

Il déclara alors : « Nos Sages (Sanhédrin 108a) affirment que les sources thermales de Tibériade sont des sources d’eau chaude laissées par le Saint béni soit-Il après le déluge. La question se pose : pourquoi avoir laissé une trace du déluge ? Hachem redoutait que dans les générations suivantes, certains se révoltent contre le Saint béni soit-Il en se demandant comment Il avait sanctionné si durement la génération du déluge, et de ce fait, Il laissa des lieux de sources thermales. Lorsqu’on se rend dans ces lieux et qu’on observe la conduite des personnes présentes, on comprend le sens des actions des hommes de la génération du déluge, et on reconnaît que Hachem avait raison. »

L’une des raisons du relâchement général dans la pratique des Mitsvoth, que l’on constate malheureusement aussi à notre époque dans de nombreuses sites touristiques, tient aux épreuves présentes en ces lieux. Il est plus difficile d’y trouver ce qui est impératif pour les hommes scrupuleux dans la pratique des Mitsvoth, comme les aliments portant une excellente cacherouth, tous les livres de Kodèch, et autres objets indispensables à la Tora et à la prière. Il est donc difficile de se démarquer de l’ambiance néfaste qui prévaut dans de nombreux lieux, donc certains se permettent de se relâcher dans plusieurs domaines de la pratique des Mitsvoth.

On relate que le célèbre Maguid de Kelm, rabbi Moché Its’hak Darchan zatsal, séjourna un été dans le village de vacances de Roublin, où se rassemblent des milliers de personnes de toute la Russie, surtout de la ville voisine de Riga. Le Chabbath, le Maguid se rendit à la synagogue, et remarqua que certains résidents de Riga priaient sans talith, car ils n’avaient pas apporté de talith sur leur lieu de villégiature.

À l’issue de la Tefila, le Maguid monta sur l’estrade et déclara : « Mes amis, je vais vous faire part d’un récit authentique. Un jour, en été, je me trouvais à Riga, je frappai à la porte d’une maison pour y rencontrer ses propriétaires, mais on me répondit que l’homme était absent. Je demandai où il était, et on me répondit qu’il était parti à Roublin. J’entendis soudain un bruit de pleurs dans la pièce avoisinante. J’entrai dans la chambre, et m’aperçus qu’elle était vide. Seul un talith était déposé dans un coin et sanglotait. Je lui demandai : « Talith, talith, pourquoi pleures-tu ?» et le talith de répondre : « Comment ne pas pleurer, le propriétaire des lieux a emporté avec lui tout son argent, son or et tous ses biens, et il m’a laissé ici tout seul. » Je le consolai en ces termes : « Cesse de pleurer, le jour viendra où le maître des lieux partira pour une destination plus éloignée, et il laissera de côté tout son argent, son or et ses autres biens. Il n’emportera alors que ce talith. »

Les propos du Maguid qui sortaient de son cœur, pénétrèrent dans le cœur des fidèles, qui intégrèrent la leçon. Lorsqu’on enterre un homme après sa mort, il n’emporte avec lui que le talith de Mitsva, dont l’usage est d’en envelopper le défunt. C’est le signe qu’il emporte dans le Monde à venir uniquement le mérite des Mitsvoth réalisées dans ce monde. Renforçons-nous à ce sujet : si on déploie tant d’efforts pour les plaisirs temporels de ce monde dans les lieux de villégiature, à plus forte raison faut-il faire d’efforts pour pratiquer toutes les Mitsvoth, même lorsque ce n’est pas facile, car c’est le seul investissement qui tiendra dans le monde futur, et pas uniquement de notre vivant dans ce monde transitoire.

De même, en vacances, nous avons un rôle déterminant à jouer dans notre service divin. Nos ouvrages sacrés affirment que des étincelles de sainteté sont éparpillées aux quatre coins de la terre, et le rôle des Bené Israël en exil consiste à rassembler ces étincelles. Lorsqu’un Juif se consacre à des œuvres de sainteté, et se consacre également à ses affaires matérielles en faveur du Ciel, il attire ainsi la Présence divine en ce lieu, et les étincelles de sainteté reviennent à leur source d’origine.

De ce fait, lorsqu’un Juif se trouve dans un lieu où peu de Juifs sont présents, il a une mission fondamentale de rassembler le maximum d’étincelles de sainteté. Ainsi, on relate que rabbi Moché de Sambour interrogea un jour son frère, mon vénérable ancêtre, rabbi Tsvi Hirsch de Ziditchov : pourquoi, lorsqu’il se rend dans des villages, parmi les non-Juifs pour commercer, puis s’apprête à prier Min’ha, ressent-il une lumière de sainteté très intense, qu’il ne ressent pas dans la ville ? Le rabbi de Ziditchov lui répondit que personne n’est présent pour rassembler les étincelles de sainteté dans les villages de non-Juifs et en conséquence, lorsqu’un Juif arrive, animé de pensées de sainteté, elles s’accrochent aussitôt à lui et attirent une grande lumière.

De même, les ouvrages sacrés indiquent que chaque Juif a un rôle spécifique consistant à faire remonter certaines étincelles qui appartiennent à la racine de son âme selon des calculs divins, et Hachem orchestre les choses de sorte que chacun arrive, au cours de sa vie, dans tous les lieux où se trouvent les étincelles qu’il est censé rectifier. Notre maître, le Baal Chem Tov, interprète ce verset dans les Tehilim (37,23) : « L’Éternel affermit le pas de l’homme [intègre], et Il prend plaisir à sa conduite. » : Hachem veille à ce qu’un homme se rende quelque part, afin qu’il rassemble des étincelles de sainteté pour Hachem, loué soit-Il.

Nous pouvons affirmer que notre verset nous met en garde ici : « C’est alors, au lieu choisi par l’Éternel, votre D’ » : le lieu choisi par l’Éternel votre D’, pour vous. C’est afin d’«y asseoir Sa résidence » : afin d’y faire résider la Chekhina de Hachem», et de ce fait : « c’est là que vous apporterez tout ce que Je vous prescris» : veillez à y apporter toutes les Mitsvoth que vous accomplissez dans votre foyer.

Chabbath Chalom !

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