Paracha Yitro : l’éternité du peuple d’Israël

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Par le rabbi de Kalov

« Yitro, prêtre de Midian, beau-père de Moché, apprit tout ce que D’ avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple, lorsque l’Éternel avait fait sortir Israël d’Égypte » (Chemoth/Exode 18,1).

Quelle joie pour nous d’observer ces derniers temps des milliers de Juifs se rassembler pour célébrer dans l’allégresse la clôture et le début de l’étude du Chass, et parmi eux, de nombreux Juifs qui ont passé des examens dans le cadre d’organismes comme Dirchou.

Il convient de méditer sur le miracle qui se déroule sous nos yeux : le Créateur, loué soit-Il, protège Son peuple pour l’éternité, afin qu’il ne se perde pas parmi les nations qui s’évertuent à le faire chuter sur le plan matériel et spirituel.

Il y a 80 ans, les nazis s’étaient fixés pour but d’anéantir les Juifs du monde entier sur le plan physique, tandis que les communistes visèrent à éliminer l’âme des Juifs, mais avec l’aide de D’, ils ne sont pas parvenus à leurs fins jusqu’au bout ; ces oppresseurs ont disparu, tandis que le peuple juif perdure.

Lorsque je suis arrivé de Roumanie aux États-Unis en 1948 après avoir survécu à ces oppresseurs, je réalisai qu’un nouveau malheur spirituel nous menaçait. Les épreuves et les grandes tentations offertes par les États-Unis ont conduit de nombreux Juifs à mépriser leur religion ancestrale, au point que certains Juifs me poursuivirent du fait que je portais des péoth bien visibles, et prétendirent que cinquante ans plus tard, il n’y aurait plus de Juifs orthodoxes respectueux de la Tora et des Mitsvoth… Mais nous avons réussi à relever le défi, avec l’aide de D’, et aujourd’hui, nous avons le privilège de voir aux États-Unis des dizaines de milliers de Juifs, jeunes et vieux, qui se consacrent exclusivement à l’étude de la Tora ou à une profession tout en se fixant des cours de Tora chaque jour, et sont scrupuleux sur leur pratique des Mitsvoth.

On relate qu’un jour, un roi de France était assailli de doutes sur la foi. Il convoqua les plus grands prêtres à qui il donna un mois pour réunir des preuves de l’existence d’un Créateur Qui dirige le monde. Le jour venu, chacun d’eux apporta de longs textes sur cette question ; chaque participant lut devant le roi les preuves essentielles qu’il avait apportées, mais le roi ne fut satisfait d’aucun d’entre eux.

Au terme de la lecture des dissertations, le monarque repéra un prêtre qui n’avait apporté aucun texte. Il lui demanda : où sont tes preuves ? Le prêtre répondit que sa preuve se trouvait dans la pièce attenante. Le prêtre sortit et ouvrit une porte, et fit entrer un Juif d’un âge vénérable, portant des péoth et une barbe, avec une Guemara en main. Le prêtre s’expliqua : « Voici ma preuve : si après de si longues années de persécutions, de pogroms et de guerres contre le peuple juif, ils sont toujours présents et encore attachés à leur Tora et à leur foi, c’est la preuve de l’existence d’un Créateur Qui dirige le monde.» Ce témoignage fut accepté par le souverain.

Il y a plus de deux cents ans, le rav Ya’akov Emden, dans son introduction à son Sidour, méditait sur le miracle de la pérennité du peuple juif en exil en dépit de tous ceux qui se dressent contre les Juifs pour les éliminer, sur la pérennité de la Tora d’Israël en dépit de tous ceux qui cherchent à la détruire ; ces faits, relevait-il, sont plus remarquable à ses yeux que tous les miracles et prodiges réalisés par D’, loué soit-Il, à nos ancêtres en Égypte, dans le désert et en Erets Israël. Il conclut en expliquant que plus l’exil a duré, plus le miracle s’est vérifié, plus la puissance de D’ s’est avérée. Depuis l’époque du rav Ya’akov Emden jusqu’à aujourd’hui, nous avons vécu d’autres persécutions, des guerres difficiles sur le plan matériel et spirituel, et la grandeur de D’ s’est encore davantage manifestée par le biais de l’éternité du peuple d’Israël.

L’Admour de Klauzenbourg relatait que pendant la Shoah, lorsque Hitler, que son nom soit effacé, conquit un pays après l’autre et fit transférer les Juifs à Auschwitz, un professeur non-juif qui résidait à Klauzenbourg lui demanda ce qu’il adviendrait du peuple juif au final. L’Admour lui répondit que s’il lui posait une question personnelle, à savoir s’il survivrait à la guerre, il ne pouvait lui donner de réponse, mais s’il visait la globalité de la nation juive, la réponse était claire et incontestable : ils survivraient à la guerre. Il expliqua longuement comment on voit, à partir du passé du peuple juif, une force supérieure, le Gardien d’Israël, protéger constamment Son peuple de manière surnaturelle, conformément à la promesse des Prophètes. Le professeur non-juif réfléchit aux propos de l’Admour, et admit qu’il n’y avait pas d’autre explication à l’éternité du peuple juif.

Retenons également ce principe fondamental pour les guerres spirituelles de notre époque contre la Tora et les Mitsvoth : un grand nombre d’ennemis s’élèvent contre nous pour nous empêcher d’étudier la Tora. Les épreuves de la technologie menacent de détruire la Emouna et la sainteté du peuple juif.

De nos jours, le Yétser Hara’ (mauvais penchant) tente de focaliser notre attention uniquement sur les Juifs qui quittent la voie du judaïsme afin de sombrer dans le désespoir, selon lequel le peuple d’Israël n’aurait pas la force de lutter contre ces grandes épreuves qui ne cessent de s’intensifier. D’après la nature, dans quelques années, il n’y aurait plus de Juifs respectueux de la Tora et des Mitsvoth. Nous devons nous renforcer sur ce point et nous concentrer précisément sur l’essor remarquable du monde de la Tora dans le passé et le présent, en songeant que ce résultat est dû à l’aide divine. Il convient de nous renforcer en Emouna et dans la Providence divine qui continuera toujours à nous procurer Son aide, comme Il nous l’a promis dans Sa Torah (Devarim/Deutéronome 32,21): « La bouche de sa postérité ne l’oubliera point. »

Nous pouvons interpréter les versets de notre Paracha à cette lumière : Yitro, prêtre de Midian, beau-père de Moché, apprit tout ce que D’ avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple, lorsque l’Éternel avait fait sortir Israël de l’Égypte. » Rachi dit : qu’a-t-il entendu qui l’ait incité à venir ? Le passage de la mer des Joncs et la guerre d’Amalek. Il apprit comment D’ avait fait sortir Son peuple pour lui donner la Tora, réalisé le miracle de l’ouverture de la Mer des Joncs pour les sauver de l’emprise des Égyptiens qui voulaient les faire revenir en Égypte pour les faire plonger dans les 50 portes de l’impureté, et les sauva d’Amalek qui voulut les tuer. Yitro renforça sa foi dans la Providence du Créateur, qui supervise constamment Son peuple de manière surnaturelle ; dans son sillage, devenons, nous aussi, des membres actifs de ce peuple éternel et prenons part à l’étude de la Tora.

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