Pour ne pas dire : « J’ai tout… mais je n’ai rien ! »

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Autour de la Table du Chabbath n°280, Bamidbar/ Chavou’oth

Ces paroles de Tora seront étudiées Le’ilouï Nichmat du jeune Ya’akov El’hanan fils de Boaz (habitant Elad) décédé dans la tragédie de Méron.

Dans quelques jours, nous fêterons Chavou’oth. Cette fête est plus qu’un symbole : elle marque l’identité du peuple juif. Ainsi, le peuple vient de sortir d’Égypte et après 49 jours de pérégrinations dans le désert il reçoit la Tora des mains miséricordieuses du Créateur. De cette succession d’évènements nous apprendrons que  toute cette grande sortie avait pour but de recevoir la parole sainte de D’ sur le mont Sinaï. De plus, les commentateurs enseignent que depuis le 15 Nissan (date du départ), le Clall Israël commença à faire le décompte des jours qui le séparait du Don de la Tora. De là, on apprend que notre seule liberté est de pratiquer la Tora !

Nécessairement, la fête de Chavou’oth rend obsolète une bonne partie des idéaux et religions qui circulent dans le monde. En effet, cette fête témoigne de l’amour que porte D’ à Son peuple en lui donnant la sainte Tora. C’est grâce à cela que le peuple juif s’élèvera d’entre toutes les nations du monde et donnera ainsi un sens à l’histoire universelle.

Les Sages enseignent que lorsque Moche Rabbénou est monté au Ciel pour recevoir la Tora, les anges du service divin ont refusé de lui transmettre la Tora. Ils  lui dirent : « Que fait un homme de chair et de sang parmi nous ? »/ C’est-à-dire que l’homme -qui est fait de matière- n’est pas apte à recevoir un bijou si précieux et pur qu’est la Tora. D’ demanda à Moché de répliquer. Parmi ses arguments, il leur dit : « N’est-il pas écrit dans la Tora (le premier des Dix Commandements) : ‘Je suis ton D’ Qui t’a fait sortir d’Égypte de la maison d’esclavage… ». / Est-ce que vous avez passé 210 années à travailler dur pour Pharaon ?’ Les anges n’ont pas pu répondre, et ainsi il remportera la bataille et il fera descendre la Tora sur terre. Magnifique !

Le rav Guinsburger (rav il y a deux siècles en Allemagne) fait remarquer que le Clall Israël (Moché) a réussi dans son plaidoyer grâce à la carte de l’esclavage. C’est grâce aux 210 années d’esclavages qu’en fin de compte le peuple s’élèvera d’une manière prodigieuse grâce au don de la Tora. Nous apprenons aussi que la Tora s’acquièrt au travers des épreuves. Les psaumes disent : « Heureux l’homme qui est aguerri par les épreuves qui lui sont envoyées par D’ afin qu’il apprenne la Tora ». C’est-à-dire que toutes les difficultés de la vie sont justifiées si en fin de compte l’homme se rapproche de D’.

Ce même phénomène, on le retrouve dans l’histoire mouvementé de Ruth. On le sait, cette femme était mariée avec un des fils du juge Elimelekh. Seulement son mari décéda (ainsi que son beau-père) et elle restera seule en terre de Moav. Noémie –sa belle-mère- décida de revenir en Terre sainte, Ruth décida coûte que coûte de l’accompagner. Les choses ne sont pas simple car il faut qu’elle fasse une conversion en bonne et due forme (voir mon livre qui consacre un chapitre –fête de Chavouot- à ce sujet). Plus encore, sa belle-mère la dissuadera de venir. Seulement Ruth n’est pas une fille a se laisser désarçonner par la première embûche. Elle fera des pieds et des mains pour suivre Noémie dans les plaines de Bethlé’hem. Là-bas, elle vivra dans la plus grande des pauvretés en glanant à droite et à gauche des épis de blé laissés par les ouvriers des champs. S’il s’agissait d’une fille de la populace de Moav, son abnégation aurait été le signe de son niveau moral, mais Ruth était la fille du roi de Moav ! Il s’agissait d’une princesse du moyen-orient de l’époque qui vivait dans le plus grand luxe à la cour royale ! Et pourtant, elle choisit de vivre dans la plus grande pauvreté en Terre sainte. Qu’est-ce qui peut bien pousser une personne normalement constituée à faire des choix pareils ? Il semble bien que Ruth avait parfaitement compris l’insignifiance d’une vie basée que sur la matérialité. Les piscines, les belles voitures, les châteaux et les beaux tailleurs ne forment qu’un apparat, bons à mettre en première page sur les bi-mensuels à deux sous, mais ne touche en rien à l’essence de la personne. Dans ce même esprit, j’ai appris dernièrement que l’imprésario des Beatles, qui était un Juif éloigné de toute pratique, a dit avant de finir son court passage sur terre : « J’ai tout eu dans la vie,  mais je n’ai RIEN ! » C’est le constat d’échec d’un homme qui n’a pas eu la chance de connaître la Tora et les Mitsvoth. Ruth a compris que ce n’est que le Créateur du monde, c’est-à-dire Sa Tora qui peut la remplir d’une véritable satisfaction, et lorsqu’elle a fait son premier Chabbath ou ses prières, elle a dû ressentir une joie et une allégresse qui ne ressemblait à aucun autre plaisir sur terre. C’est pour cette plénitude, la recherche de la proximité avec D’, qu’elle a tout lâché pour monter en Erets. Ruth a tout fait pour se rapprocher de D’, et ce n’était qu’au travers de la Tora.

Sa vie n’a pas forcément été un roman à l’eau de rose. Cependant, en lâchant le monde des paillettes, et en embrassant une vie de pureté dans la pratique des Mistvoth, elle s’élèvera d’une manière exceptionnelle. C’est d’ailleurs elle qui donnera naissance au grand père du roi David. De lui descendra le Machia’h (Messie) de la fin temps… We want Mashiah, we want Mashiah… Now ! ?

« Paris-Match » ou Méa Chéarim?

Il s’agit de l’histoire vraie d’une jeune dame américaine il y a une trentaine d’années : Rahel Stern qui était artiste-peintre hors pair à New York. Au faîte de sa gloire ses œuvres étaient exposées dans les galeries-chics de la métropole américaine ainsi que dans d’autres villes outre atlantique sans oublier l’Angleterre. Rahel avait une passion, c’était la peinture des animaux et en particulier des chiens ! Son coup de pinceau était remarquable et c’est avec beaucoup de talent qu’elle arrivait à donner vie à ces ravissants molosses ! L’effet était saisissant et le public avait la larme à l’œil lorsqu’il contemplait ces magnifiques peintures car de ses tableaux se dégageaient beaucoup ! Au-delà de son coup de pinceau, Rachel voulait éveiller dans le public des sentiments d’amour et de fraternité… Et elle y réussissait bien ! Cependant, d’une manière presque surnaturelle, notre jeune dame newyorkaise disparut subitement de la scène ! Plus de trace de Rahel Stern ! Pas de réponse à son téléphone, son IPhone ne répondait pas…! La chose intriguait le monde de ses copains artistes, jusqu’à ce qu’un bruit couru qu’elle avait choisi de prendre une année sabbatique. Se ressourcer dans une grande ferme au Connecticut avec pleins de chiens et de moutons… Mais en fait, c’était faux ! Rahel avait simplement réalisé que ses œuvres étaient bien belles,  mais elles n’étaient qu’une pâle imitation de la vie ! Les toiles des quadrupèdes étaient intéressantes mais il y a avait quelque chose de beaucoup plus profonds à découvrir ! Rahel cherchait une signification à sa vie : le pourquoi de sa venue sur terre (chose que beaucoup refusent d’affronter, car c’est tellement plus facile de vivre sans aucune raison valable) et elle arriva à découvrir le judaïsme ! Comme elle s’intéressait très sérieusement à ce domaine, elle commença à passer des Chabbatoth à Brooklyn dans des familles d’ultras ! Leur manière simple de vivre, lui parlait plus encore que tous les beaux discours… Et Rahel savait que pour garder entièrement la Tora et les Mitsvoth elle devait se détacher de sa vie de paillettes tellement prometteuse. Elle se voyait déjà mariée, avec sur la tête un beau foulard et autour d’elle une ribambelle de petits enfants auprès de son mari Avrekh érudit en Tora ! Elle sentait bien que ses nouvelles aspirations spirituelles contredisaient grandement sa vie à la Paris Match ou Vogue version new yorkaise ! Rahel commença à lire très sérieusement les livres de Tora, peut-être une version américaine de la « feuille de Shabbath »…, et s’appliqua à la pratique de la Tora. Elle prit alors la décision de continuer son ascension spirituelle en Terre sainte! Elle se dit que le meilleur endroit pour pratiquer la Tora et les Mitsvoth en toute liberté serait sous le ciel miséricordieux d’Israël. Là-bas, éloignée de toute sa vie de starlette, des restos à 350 dollars le repas et loin de toute la bohème new yorkaise, elle se sentit dans un état de profond bien-être, pour la première fois de sa vie. Elle vivait dans un appartement à Jérusalem et prenait des cours dans un séminaire pour jeunes filles anglophones de la capitale éternelle… Avec le temps elle se dit qu’elle allait exploiter ses talents d’artistes au service du Grand Patron ! Au début, elle peignait ses toiles pendant ses heures de loisirs mais avec le temps elle eut besoin d’une rentrée pécuniaire. Au bout d’un an et demi de sa nouvelle vie juive authentique elle eut droit à un examen difficile. Rahel avait dégoté dans la ville une petite boutique-atelier tenu par Ofer et Aviva Regav qui lui encadraient ses toiles afin de les vendre. Une fois tous les deux mois elle fournissait le fruit de son travail, et après avoir été encadrées, ses toiles étaient vendues, et ainsi elle continuait son parcours de Techouva et d’apprentissage de la vie de Tora. Un jour, elle apporta dans l’atelier deux belles toiles. La patronne Aviva Régav les lui prit et lui dit que dans quelques temps elle pourrait revenir reprendre ses tableaux encadrés. Ra’hel était toute contente et elle sortit de la boutique. Seulement juste après avoir engagé son pas dans la rue elle se dit qu’elle n’avait pas demandé un reçu pour le dépôt de ses toiles… Mais en final elle choisit par fainéantise de ne pas revenir sur ses pas et rentra à sa maison. Deux semaines passèrent, elle revint à la boutique et demanda à voir ses tableaux. Ofer lui tendit son beau tableau, bien encadré. Seulement de suite Ra’hel demanda de voir son 2°. Ofer lui dira qu’elle n’avait déposé qu’un seul tableau ! Rahel était sidérée : « Où est mon tableau », dit-elle sur un ton de colère ! Aviva arriva et tentera de l’amadouer car c’était une bonne cliente. La patronne demanda de voir le reçu mais Ra’hel répondit qu’elle avait oublié de le réclamer. Aviva demanda alors à son mari s’il se souvenait de sa deuxième toile, il répondit par la négative ! La patronne disait aussi ne pas savoir et tenta de rassurer Ra’hel en lui disant que certainement elle l’avait laissé chez elle. La cliente dit : « C’est sûr que j’ai amené les deux tableaux dans ta boutique ! « Ra’hel menaça alors la patronne d’entamer une poursuite judiciaire, mais Aviva resta sûr d’elle : elle ne se souvenait en aucune manière du deuxième tableau. Rachel sortit de la boutique en claquant la porte. Arrivée à la maison, elle s’installa sur son fauteuil et commença à réfléchir: voilà qu’elle avait plaqué tout son monde de paillettes pour se faire gruger par des gens religieux dans la ville sainte de Jérusalem ! Peut-être que finalement les paillettes c’est la condition normale et unique d’exister sur terre ? Peut-être que son avancée dans la pratique n’est pas justifiée puisqu’il y a des gens religieux qui se comportent comme ceux de New-York ?! Rahel commença à prendre le combiné téléphonique pour appeler la police… Puis elle réfléchit qu’elle n’avait pas grand-chose à attendre car elle n’avait pas de reçu ! Puis elle commença à se souvenir qu’au séminaire on lui avait enseigné une Mitsva particulière qui est « juger son prochain positivement » même quand cela apparaît négatif ! Elle réfléchit une deuxième fois puis son esprit raisonna très vite : il n’y a pas de doutes, Ofer a dû encadrer sa toile alors que la seconde était plaquée à la 1ère ! Elle partit à la boutique et demanda à Ofer de décadrer sa première toile. Ofer lui dira sèchement que s’il arrivait quoique ce soit elle devrait payer son travail : elle accepta. Ofer décoffra et voilà qu’apparut le deuxième dessin qui avait été malencontreusement collé au premier. Fin de l’histoire: Ra’hel était soulagée, il n’existe pas que des gens sur terre qui veulent profiter de la simplicité de son prochain… Ra’hel put continuer sa progression spirituelle sans rebrousser chemin !

Shabbat Chalom ! et de bonnes fêtes de Chavou’oth aux Avrékhim, Ba’houré Yéchivoth et tout le Clall Israel. Qu’on puisse recevoir la Tora avec engouement, joie et la bonne santé.

David GOLD  Sofer écriture ashkénaze et écriture sépharade

Prendre contact tél:00972 55 677 87 47 ou à l’adresse mail 9094412g@gmail.com

 Une bénédiction au jeune Adam (famille Melloul/Raanana) à l’occasion de son mariage avec sa Kala  (famille Amsellem /Raaanana). On leur souhaitera qu’ils aient le mérite d’avoir une belle descendance dans la Tora et les Mitsvoth. Mazel Tov !

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