Le rav Moché Shapira zatsal

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L’un des grands maitres à penser de notre génération est décédé ce Chabbath Vayigach à Jérusalem : le rav Moché Shapira zatsal.

Il naquit à Péta’h Tikva en 1935, et avait 82 ans. Sa famille était proche des grandes personnalités du monde des Yechivoth qui se trouvaient alors déjà dans le pays, en particulier des cadres de la Yechivath Mir. Son père était un neveu du Saba de Kelm.

Dans sa jeunesse, rabbi Moché étudia à la Yechivath Poniéwezh dont le rav Dessler zatsal, était alors Machgia’h. Lorsque celui-ci sut que rav Moché était un proche [puisque tous les deux s’affiliaient au Saba de Kelm], il le prit pour étudier avec lui nombre de sujets des plus profonds.
Rabbi Moché se rendait de manière suivie chez le ‘Hazon Ich, et sur ses conseils, il se rendit à Jérusalem à la Yechivath ‘Hévron, et se rapprocha du rav de Brisk, le rav Yits’hak Zeèv Soloveitchik zatsal, duquel il apprit beaucoup en matière de conduite.

A ‘Hévron, il prit rapidement une place très importante parmi les autres disciples, quand, déjà alors, sa profondeur et sa compréhension phénoménale lui valaient une grande renommée.

Plus tard rav Moché prit part à la fondation de nombreuses institutions toraniques, et en particulier, commença à dispenser, tous les jeudis soirs, un cours s’adressant essentiellement aux jeunes de la Yechivath Or Saméa’h, l’une des premières destinées à des personnes revenant à la pratique. Ses cours, donnés durant près de 20 ans, eurent une très grande influence sur un public des plus larges, qui venait de manière fidèle écouter les paroles du maitre.
Car il faut bien préciser que les capacités intellectuelles du rav Schapira étaient hors pair (dans le Yated Nééman, le lendemain de son décès, il a été désigné comme ayant été « hagaon hamoufla », le génie époustouflant, expression inusitée, mais reflétant bien la réalité), en particulier dans le domaine de la pensée juive, dans lequel il était réellement l’une des plus importantes personnalités de la génération. Les sources du rav Schapira étaient les écrits du Gaon de Vilna, mais aussi de certains rabbis ‘hassidiques, sans oublier sa source d’inspiration essentielle : le Maharal de Prague. Du fait de ses capacités remarquables, il était capable de passer de l’une des sources à l’autre, et de montrer les relations entre les éléments, construisant dans ses cours de vraies merveilles de la pensée.
A une certaine période de sa vie, rav Moché fut amené à travailler main dans la main avec rav Yits’hak Hutner zatsal, cet autre grand maitre de la pensée juive contemporaine, qui eut une grande influence sur lui.
Les dernières années de sa vie, rav Moché se dévoua particulièrement pour aider les personnes le désirant à revenir à la pratique, voyant dans ce mouvement de la Techouva un élément important dans le rapprochement de la Gueoula cheléma. Outre ses cours à Or Saméa’h, il accepta également de diriger des Kollélim fondés par le fond Wolhsohn, destiné à répandre la connaissance de la Tora dans des zones où elle n’a que peu d’impact.

Le rav Schapira accepta aussi d’entreprendre nombre de voyages à l’étranger, dont en France, où le regretté Grand rabbin de France, le rav Yossef ‘Hayim Sitruk zatsal, sut le faire venir dans le cadre de congrès rabbiniques… Aucun doute que des interventions de ce grand maitre ne pouvaient qu’impressionner le public. Du reste, pour rav Sitruk lui-même, rav Schapira était un maitre.
Rav Moché était également très actif en Russie, se rendant souvent dans ce pays et œuvrant en particulier dans le cadre de la Yechivath Torath ‘Hayim, fondée sous la direction du rav Moché Soloveitchik zatsal de Zurich.
L’un de ses disciples fut le regretté Benny Lévy zal, qui trouva en lui un maitre dès son arrivée à Jérusalem.

Le rav Schapira n’a pas laissé d’écrits, mais ses cours ont été enregistrés, et plusieurs livres en ont été tirés : Afiké Maïm, Mima’amakim et Reé Emouna.●

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