Le rythme effréné des événements en Israël, probablement sans équivalent ailleurs dans le monde ou dans d’autres périodes de l’histoire humaine, a concentré hier une série de développements dramatiques, dont certains sont toujours en cours.
Dans l’air flottent simultanément : une préparation active à une intensification de la guerre à Gaza et la mobilisation de dizaines de milliers de réservistes ; des nouvelles tragiques, hélas, provenant des combats actuels ; un missile yéménite qui a atteint de manière inquiétante et significative pour la première fois l’aéroport international d’Israël, provoquant une vague mondiale d’annulations de vols vers le pays ; des dizaines de milliers d’Israéliens bloqués dans des aéroports étrangers ; et cela avant même que nous ayons pu digérer “l’annonce” des immenses incendies – dont certains sont manifestement des actes terroristes réalisés avec des allumettes et un peu de carburant –, les éventuels manquements, sans parler de la profonde division interne qui ronge Israël de l’intérieur et paralyse toute possibilité d’analyse objective et juste de cette accumulation d’événements et de leur signification.
Et par-dessus tout plane la tragédie persistante qu’on ne peut oublier : 59 de nos frères sont encore captifs dans les cachots de l’organisation terroriste barbare – sans aucun sauveur en vue !
Concernant les deux événements principaux – le terrorisme venant de Gaza et le missile à Ben-Gourion – Israël promet une “réponse militaire appropriée”, et chacun se demande : que peut-on faire qui n’a pas encore été fait ? Un an et demi de guerre à Gaza n’a pas véritablement changé la réalité désolante, même si elle a provoqué des destructions spectaculaires. La menace a peut-être diminué, mais elle n’a pas disparu. Plus étrange encore est l’annonce d’une “réponse appropriée” à venir contre les Houthis, pourtant déjà durement frappés à plusieurs reprises par les Américains (qui, soit dit en passant, ont demandé à Israël de leur laisser la gestion du front yéménite). Que changerait une nouvelle frappe israélienne ? Des explosions mystérieuses en Iran ont suscité hier une vague de spéculations, mais on doute qu’elles puissent réellement modifier une situation aussi complexe, surtout à la lumière des négociations en cours entre l’administration Trump et les ayatollahs de Téhéran.
Il semble qu’Israël reste prisonnière d’une conception dangereuse.
Depuis le soir de Sim’hath Tora 5784, tout le monde parle de la “conception qui s’est effondrée” – celle que l’on promet d’examiner sérieusement après la guerre pour désigner les coupables.
Mais contrairement aux affirmations courantes, cette conception ne se limite pas au désir de “calme à tout prix”, à une “politique de containment” militaire, à la croyance que “le Hamas est dissuadé” ou aux “valises de dollars venues du Qatar”. La conception effondrée remonte à 77 ans, aux jours de la création de l’État, voire avant, à l’époque où a émergé une pensée selon laquelle “l’ère de l’exil est révolue, il est temps que le peuple juif prenne son destin en main”. Les architectes de cette conception méprisaient ouvertement “les Juifs de l’exil qui se sont laissés mener à l’abattoir” et ont fondé leur vision du monde sur la force et la puissance du “nouvel homme juif”, décidé à secouer la poussière de l’exil et à placer désormais sa confiance dans le bras armé, dans sa propre force, dans “notre bras long qui atteindra chaque ennemi”.
C’est cela, et ces mots sont écrits avec douleur envers des frères égarés et non par provocation – la conception qui s’est effondrée. La conception d’une indépendance acquise par une résolution de l’ONU et reposant sur les épées du “ma force et la puissance de ma main”. Mais la force du bras peut s’écrouler sans l’aide du Ciel.
Et le monde, qui autrefois avait reconnu l’État juif, se tient désormais à l’écart – ou pire, se dresse majoritairement contre lui, alors qu’il lutte pour sa survie. Sa force et sa puissance n’ont pas suffi face aux milliers de meurtriers le jour funeste, et même en combattant ses ennemis, Israël dépend encore de la grâce de “l’oncle Sam” qui prodigue des paroles de soutien tout en menant, dans son dos, des négociations frénétiques avec les héritiers d’Haman l’Agaggite – la puissance terroriste iranienne, qui proclame ouvertement vouloir effacer la présence juive de la terre d’Israël.
On nous a dit que c’était le gouvernement précédent – celui qui répétait des mots de soutien tout en obligeant Israël à retenir ses opérations militaires et à fournir régulièrement de l’aide à son ennemi meurtrier. Aujourd’hui, c’est déjà le nouveau gouvernement. Et cela vient de notre “grand ami” – alors, que peut-on attendre des dizaines d’États qui ont soutenu la plainte antisémite de l’Afrique du Sud devant les juges de La Haye ?
Notre prière est que les yeux de nos frères égarés s’ouvrent, qu’ils comprennent Qui est le Gardien d’Israël, vers Qui il faut se tourner et crier en temps de détresse : “Protège le reste d’Israël !” Puissent-ils comprendre que le véritable protecteur de la communauté juive en terre d’Israël n’est ni la force militaire, ni les stratagèmes politiques, mais la Providence divine sur Ses enfants – grâce aux érudits de la Tora qui se consacrent à l’étude et méritent l’accomplissement de la promesse : “Si vous marchez dans Mes statuts – Je ferai régner la paix sur la terre.”
Yated Nééman, Iyar 5785