De qui l’omerta politique, judiciaire et médiatique fait-elle donc le jeu ?

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Editorial par Jean-Marc Lévy, vice-Président d’Israël Is Forever Alsace

L’Histoire bégaie et elle bégaie mal. Le 4 avril 2022, cinq ans pratiquement jour pour jour après le meurtre antisémite de Sarah Halimi, on apprend qu’un jeune Français de confession juive, Jérémy Cohen, qui est mort, suite à une collision avec un tramway, le 16 février dernier à Bobigny, était en réalité en train d’échapper à des racailles qui l’avaient tabassé, puis finalement pourchassé jusqu’à ce qu’un tramway le percute.

Ce que les medias relatèrent comme un « simple accident voyageur » s’avère être en fait un assassinat très probablement antisémite (pour l’instant la justice ne retient qu’un homicide involontaire). Pour arriver à cette manifestation de la vérité, il aura fallu plus d’un mois et demi durant lequel la famille lança un appel à témoins dans leur quartier, reçut une vidéo de l’agression déjà en possession des enquêteurs depuis le 10 mars, et, craignant que l’affaire soit étouffée, prit l’initiative d’alerter le candidat à l’élection présidentielle Eric Zemmour – il faudra essayer de comprendre pourquoi lui et pas un autre – en pleine campagne pour lever l’omerta médiatique, juridique et politique.

A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, cette affaire qui est un fait de société est éminemment politique, car elle se fracasse sur le bilan calamiteux du Président sortant, Emmanuel Macron, candidat à sa propre succession, qui n’a rien fait sur la question de l’antisémitisme, hormis jouer sur son pourrissement en France. Toute l’inaction de l’Etat régalien durant le quinquennat commence avec le meurtre de Sarah Halimi et se termine avec l’enterrement de première classe du rapport de la commission d’enquête sur l’affaire Halimi et avec la mort de Jérémy Cohen, susceptible de devenir une nouvelle affaire Halimi. Tout le bilan sur l’inaction, le laisser-aller et la prolifération de l’antisémitisme (augmentation de 75% des actes antisémites d’après le dernier rapport du SPCJ) est résumé dans les faits ou les événements suivants :

La négation du caractère antisémite du meurtre de Sarah Halimi, que l’on a appris entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017, pour ne pas donner de grain à moudre à la candidate opposée à Emmanuel Macron.

Présenté par la macronie et ses soutiens comme une cause nationale, une majorité de députés (53%) de l’Assemblée Nationale avaient déserté l’hémicycle lors du vote pour l’adoption de la résolution 2403 visant à lutter contre l’antisémitisme. Une cause nationale, vraiment ?

Durant tout le quinquennat, l’antisémitisme a été relégué au rang des maladies psychiatriques et les propos antisémites ont rarement été sanctionnés.

L’assassin antisémite de Sarah Halimi, vieille dame juive, a pu passer entre les mailles de la justice française, parce que le culte de l’excuse sociale et l’argument psychiatrique ont été systématiquement mis en avant par une juge idéologisée à l’extrême-gauche qui a bâclé son instruction en rejetant des preuves à charge et en refusant tout ce qui pouvait concourir à la manifestation de la vérité (y compris sur la question du délai d’intervention des policiers).

La Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Sarah Halimi a été torpillée par la macronie (le Président Meyer Habib (UDI) refusant de signer le rapport de la députée rapporteur LREM) pour ne pas faire de vagues et étouffer l’affaire devrait, pour le moins, interroger sur la volonté réelle de lutter contre l’antisémitisme, sur fond de soutien à toutes les résolutions révisionnistes de l’ONU ou de l’UNESCO.

Compte-tenu du contexte très particulier avec lequel l’antisémitisme est traité dans ce pays, on comprend bien alors pourquoi la famille a choisi de faire appel à un candidat qui ne fera aucune concession sur ce sujet. A quelques jours de l’élection présidentielle, le Président Macron a assuré la famille de « sa compassion », mais de la part de ce pouvoir, c’est bien tout ce qu’elle aura ! L’affaire Jérémy Cohen concentre tous les ratés de l’Etat régalien macronien, puisque Emmanuel Macron qui veut « éviter le Far-West », a de fait laisser perdurer une ultraviolence et s’installer la loi de la jungle dans certains quartiers, en jouant sur l’anarchie et un nihilisme d’Etat dans cette France orange mécanique. Quel est donc d’ailleurs cet Etat minable où les familles des victimes sont obligées de mener elles-mêmes l’enquête et de réveiller une justice laxiste ? Mais sans doute les violences antisémites relèvent-elles seulement d’un sentiment d’antisémitisme…

Il n’aura pas fallu vingt-quatre heures pour que toutes les bonnes âmes de service, mauvais représentants autoproclamés, mais vrais courtisans, et tous les spécialistes du « pas-d’amalgame » fassent la tournée des stations de radio et des plateaux télé pour mettre en garde contre l’émotion suscitée – à quoi sert donc sinon l’overdose d’images sur l’Ukraine ? – et à la récupération politique, craignant que ce qu’ils appellent un fait divers fasse « le jeu de… ». Selon eux, sans doute, comme en 2017 pour l’affaire Halimi, ne fallait-il pas en parler… A l’inventaire des réactions à vomir, nous voudrions mentionner notamment celle de Romain Gubert, chef du service international de l’hebdomadaire Le Point, « s’inquiétant » de ce que cette affaire (et la campagne) soit instrumentalisée de l’étranger – comprendre Israël – ou celle de nos duettistes de sévice public Léa Salamé et Claude Askolovitch qui rejouaient dans la matinale du 5 avril sur France Inter le numéro bien rôdé asséné durant toute l’affaire Halimi, parlant « d’instrumentalisation » et de « récupération », eux qui ont participé à la banalisation de l’antisémitisme en gloussant et en ricanant lorsque des pseudo-humoristes hitlérisaient leurs opposants politiques ou les affublaient de moustaches bien nazies !

Nous voudrions alors retourner sans aménité la question à tous ces idiots utiles et alliés objectifs de l’antisémitisme : de qui l’omerta politique, judiciaire et médiatique fait-elle donc le jeu ? De qui, depuis vingt ans, le déni de réalité fait-il le jeu ? De qui le double standard permanent qu’ils manient sans cesse fait-il donc le jeu ? De qui l’impossibilité de nommer l’idéologie à l’œuvre dans cette résurgence de l’antisémitisme issu des « quartiers » fait-elle le jeu ? A ces questions, la réponse est invariablement la même : leur silence assourdissant, leur façon de détourner le regard du réel sont aussi une récupération. Cette récupération fait le jeu de l’antisémitisme et de tous les antisémites. Grâce à eux et à leur  antifascime d’opérette, l’antisémitisme a assurément de beaux jours devant lui !

© Jean-Marc Lévy pour Israël Is Forever Alsace

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