L’expulsion du franco-palestinien Salah Hamouri

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Par Jacques BENILLOUCHE – Temps et Contretemps

Salah Hamouri est né le 25 avril 1985 à Jérusalem d’une mère française, Denise Guidoux, originaire de Bourg-en-Bresse (Ain), professeur de français à Jérusalem, et d’un père palestinien, Hassan Hamouri, restaurateur à Jérusalem-Est. Il est donc français par sa mère et palestinien de Jérusalem. Il ne dispose pas de la nationalité israélienne car, après l’annexion de Jérusalem-Est, les habitants arabes n’ont eu droit qu’à un simple permis de résidence. Il dispose cependant d’une carte d’identité délivrée par les autorités et du droit de voter aux élections locales. Il a fait ses études secondaires dans une école privée catholique à Jérusalem.

En 2005, il a été inculpé en Israël pour avoir projeté de tuer le rav ‘Ovadia Yossef et pour son appartenance au FPLP (Front populaire de libération de la Palestine). En 2008, après trois ans de détention administrative, il avait accepté une procédure de plaider coupable afin d’échapper à une peine éventuelle de quatorze ans. Il a été finalement condamné par un tribunal militaire à une peine de sept ans d’emprisonnement. Il est sorti de prison de façon anticipée en 2011, dans le cadre d’un échange de prisonniers contre Gilad Shalit. Il a été de nouveau placé en détention administrative en août 2017, soupçonné d’avoir renoué avec le Front populaire de libération de la Palestine puis libéré un an plus tard. Après sa sortie de prison, il a suivi des études de droit pour devenir avocat au barreau palestinien en août 2017. Cependant, il ne rompt pas avec le militantisme politique et se trouve de nouveau incarcéré en mars 2022 en raison de son soutien aux activités terroristes.

Par suite d’une action en justice, la ministre israélienne de l’Intérieur, Ayelet Shaked, a décidé de lui retirer sa résidence à Jérusalem et de l’expulser le 4 décembre vers la France dont il est citoyen. Il y retrouvera sa femme et ses enfants. Cette décision a été prise par la ministre sur recommandation des services de sécurité intérieures (Shin Bet) et avec le consentement du ministre de la Justice, Gideon Saar, et du premier ministre, Yaïr Lapid. Le gouvernement estime que les procédures judiciaires ont été totalement respectées et qu’il devait mettre fin à une procédure de détention administrative depuis environ neuf mois.

Ayelet Shaked s’est justifiée : «Hamouri est un terroriste, membre du Front populaire de libération de la Palestine et un citoyen français actuellement détenu en détention administrative. Demain, il devrait être libéré. Sa détention terminée, il sera bientôt expulsé vers la France».

Le Shin Bet confirme que Hamouri a profité de sa résidence en Israël pour promouvoir des actes de terrorisme. D’ailleurs il a été arrêté à plusieurs reprises et emprisonné pour des activités liées au terrorisme. Par principe, Israël n’expulse jamais un apatride mais ce n’est pas le cas de Hamouri. S’il décide de faire appel de son ordre d’expulsion, il sera gardé dans un centre de détention géré par les autorités israéliennes de l’immigration jusqu’à ce qu’une décision finale soit prise. Israël se targue d’être un État de droit et que d’autres pays ne respectent pas les droits de l’homme à l’instar de l’Iran. En effet, quatre personnes ont été condamnées à mort en Iran le 30 novembre pour espionnage au profit d’Israël dans un procès où les accusés n’ont bénéficié d’aucun droit ni d’aucune visite.

En revanche, le ministère français des Affaires étrangères a précisé qu’il est en contact permanent avec les membres de la famille d’Hamouri et avec les autorités israéliennes. Macron aurait évoqué la question lors d’un appel téléphonique avec le Premier ministre israélien Yaïr Lapid le 22 août. Le consulat français à Jérusalem a été informé par le ministère de l’Intérieur de la libération prévue d’Hamouri et de la révocation de sa résidence.

Le Quai d’Orsay a fait une déclaration le 1er décembre. «La France suit la situation de Salah Hamouri de très près et au plus haut niveau. Le Président de la République avait abordé son cas lors d’en entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien Y. Lapid. Les services du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sont en contact étroit avec sa famille et ses avocats. Salah Hamouri doit pouvoir mener une vie normale à Jérusalem, où il est né et où il réside, et son épouse et ses enfants doivent pouvoir s’y rendre pour le retrouver».

Israël s’estime dans son droit d’écarter un militant actif qui met en danger la sécurité de ses citoyens. Le tribunal a pris une décision après avoir permis à Hamouri de bénéficier d’une défense normale. Le ministère israélien de l’Intérieur va le placer dans un avion pour la France, après une nouvelle et hypothétique audience auprès de la Cour suprême concernant la révocation de son statut de résident. Bien sûr la France Insoumise, fidèle à ses amitiés islamistes, s’élève contre cette expulsion qui a été cependant décidée en respectant le droit israélien. Israël estime qu’il est maitre de ses décisions sécuritaires en conformité avec sa mission de défendre ses citoyens contre le terrorisme. La Nupes a réagi violemment à une simple expulsion mais a gardé le silence face aux condamnations à mort en Iran. C’est ainsi le courage politique.

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