A priori, rien de plus naturel que de décréter la peine capitale pour les terroristes qui tentent d’assassiner des Juifs, non ? A quel titre peut-on s’y opposer ? L’éditorial du Yated Nééman en date du dimanche 7 janvier peut nous permettre de comprendre le contre-pied de cette initiative…
On peut subodorer derrière cette opposition une vengeance de la part du groupe parlementaire orthodoxe de la part de ce parti qui propose cette loi avec fureur et furie, mais qui menace de s’opposer à cet autre projet de loi réglementant la vie publique le Chabbath dans les villes, dans le domaine de l’ouverture des commerces… Toutefois les arguments présentés par cet éditorialiste ont du poids, comme on pourra le constater.
On ne peut imaginer de pas plus stupide que cette loi que le ministre de la Défense Liebermann tente de promouvoir : la peine capitale pour les terroristes. Tout terroriste peut mourir, et si possible, sur le terrain, quand il vient accomplir ses funestes projets, ou au moins après cela, que D’ nous épargne ce genre de situations. Mais le jeter en prison, décréter contre lui la peine de mort au tribunal, puis faire trainer l’affaire quelques mois durant encore, à faire passer le dossier d’une instance plus élevée à l’autre, c’est une situation jamais connue, et qui ne le sera pas à l’avenir ! On ne sera pas étonné que les responsables de la sécurité, toutes composantes confondues, s’opposent à cela de manière la plus ferme possible. Du reste, la loi actuelle permet aux tribunaux martiaux de décréter de tels verdicts, et une nouvelle décision est superflue : elle n’a jamais été appliquée, car les dirigeants militaires comprennent les conséquences dramatiques d’une telle décision.
Dans certains Etats des Etats Unis la peine capitale est permise dans des cas d’actes particulièrement graves, et elle est appliquée de temps à autres, sans que le monde entier n’émette d’opposition, c’est qu’il s’agit d’une conduite localisée en Amérique. Mais si ici un terroriste était capturé, aussi cruel soit-il, et que la peine capitale soit décrétée contre lui, il deviendra aussitôt une star internationale, et toute la presse du monde, connue pour sa haine d’Israël, se mobilisera pour l’aider. Les Nations du monde feront front pour influencer le gouvernement israélien à annuler cette décision « immorale » à leurs yeux… L’Etat d’Israël sera mené au pilori des pays barbares, et finira par se plier et par ôter cette peine.
Voyez : dans les prisons d’Israël on peut trouver un terroriste répugnant, coupable de la mort de dizaines de Juifs, qui est devenu un symbole ! Des hommes politiques israéliens sont même capables de lui rendre visite et de le considérer comme digne de diriger l’Entité palestinienne. Imaginons-nous seulement ce qui se serait passé si l’on avait prononcé contre lui la peine capitale ! Il serait devenu une star incontestable pour les média, et une personne à imiter pour de nombreux autres palestiniens qui viendraient en faire comme lui afin de devenir eux aussi des stars internationales. En revanche, dans la conjoncture actuelle, ce genre de terroristes a droit à une aura ponctuelle, qui se poursuit encore quelques jours après l’attentat, et c’est tout ; si par contre il était condamné à mort, il aurait droit à une publicité durant des mois, voire des années, et on ne peut imaginer de motif plus important que celui d’avoir la possibilité de devenir une personne connue du monde entier.
De plus, conclut l’éditorialiste, aucun tribunal normal n’appliquera une telle sentence, et les responsables de l’Etat, entre les mains desquels la possibilité de grâce est donnée, jamais n’accepteront une telle exécution, d’autant plus qu’il est de notoriété publique que Netaniahou s’y oppose, si ce n’est la furie qui a prise son ministre de la Défense… Le Premier ministre a même été amené à œuvrer afin d’organiser une majorité en faveur de cette loi – mais c’était juste pour assurer le maintien en place de son gouvernement…
Cela peut paraître triste, mais telles sont les considérations à prendre en compte quand on veut prendre une telle décision de nos jours. Nous vivons dans un village global, dans lequel notre conduite est observée avec mille fois plus de critique et de haine que nul autre pays dans le monde : c’est une réalité que l’on ne peut pas ignorer et négliger si l’on veut assurer la sécurité du pays.