Les Mollahs passent à l’euro pour défier les nouvelles sanctions des États-Unis

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En plein regain de tension avec les États-Unis, provoquée par l’intransigeance de Téhéran sur l’accord nucléaire, l’État-voyou  de l’Iran a décidé de passer du dollar à l’euro pour ses échanges internationaux. Téhéran a annoncé, le 18 avril 2018, qu’il passerait de la devise du dollar à l’euro dans ses rapports financiers. Cette decision coïncide avec les nouvelles sanctions de la Chambre des représentants, du 26 avril dernier, pour tenir le régime responsable de sa brutalité contre la population en 2009. 

Le ministère iranien de l’Industrie des Mines et du Commerce avait déjà annoncé la mise en vigueur de cette politique visant à stopper l’utilisation du dollar américain comme devise de choix dans les rapports financiers et de change depuis le début de la nouvelle année iranienne ( le 20 mars 2018).

Malgré l’accord sur le nucléaire iranien signé en juillet 2015, toutes les sanctions internationales contre l’Iran n’ont pas été levées et l’interdiction des transactions en dollars subsiste, notamment en raison du soutien iranien pour le terrorisme et aussi la question des droits de l’Homme.

Contourner les sanctions US avec la complicité européenne 

« En utilisant l’euro, l’Iran et l’Union européenne peuvent contourner les sanctions US et avoir sans souci leurs relations commerciales », a déclaré Eric Lob, professeur en sciences politiques à l’université de Floride.

« Ce geste de Téhéran vise à réduire la dépendance à l’égard de la devise américaine en raison des tensions politiques avec Washington et en guise de représailles à la menace de Donald Trump de se retirer de l’accord nucléaire international », insiste Eric Lob.

Pour l’universitaire, le remplacement du dollar américain par l’Euro en Iran a pour objectif d’assurer la stabilité du marché iranien en dépit des sanctions imposées par Washington. Les États-Unis peuvent pourtant mettre sous pression leurs partenaires européens pour l’offre de leurs lignes de crédit aux Iraniens, prévient cet expert.

Les Européens intéressés de plus en plus au marché iranien ont déjà annoncé leur intention de poursuivre les relations commerciales avec l’Iran même dans le cas du retrait unilatéral de Trump de l’accord nucléaire signé à Vienne, en Autriche, le 14 juillet 2015, sous son prédécesseur Barack Hussein Obama, entre Téhéran et le G5+1 (composé des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – la Russie, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Chine – et de l’Allemagne).

La décision prise par le gouvernement iranien pourrait aussi encourager les organismes et les entreprises publiques à accroître leur utilisation de la monnaie unique européenne au détriment du billet vert. Ainsi, malgré les sanctions US, l’Iran et l’Union européenne peuvent contourner les mesures unilatérales de Washington.

Des nouvelles sanctions américaines de la Chambre des représentants

Le 26 avril 2018, la Chambre des représentants américaine a adopté la loi sur les Droits de l’homme et la prise d’otages en Iran (H.R. 4744). La loi bipartisane met en lumière le long bilan du régime iranien en matière de violations des droits de l’homme et de prises d’otages. Elle prévoit également des sanctions à l’encontre des autorités iraniennes responsables de l’emprisonnement injustifié et politiquement motivé de citoyens américains.

Les nouvelles sanctions viennent pour tenir l’Iran responsable de sa brutalité en 2009.

À l’époque, des dizaines de milliers d’Iraniens étaient descendus dans la rue lors des plus grandes manifestations, depuis la révolution verte de 2009. Les protestations, qui visaient la stagnation économique, la corruption généralisée et le contrôle de l’économie par les Gardiens de la révolution (pasdaran), ont rapidement embrasé l’Iran alors que la population cherchait à exercer le droit fondamental de la liberté d’expression. De nombreux manifestants ont scandé des slogans visant le soutien onéreux de l’Iran au syrien Bachar el-Assad et à de groupes terroristes comme le Hezbollah.

Comme on pouvait s’y attendre, le régime des mollahs s’est empressé réprimer les manifestations et d’asphyxier les médias sociaux. Plus d’un millier d’Iraniens ont été emprisonnés et des dizaines ont été tués. La résolution H.R. 676 a condamné cette violence brutale et a appelé à des sanctions ciblées pour obliger le régime à rendre des comptes.

Les membres de la Chambre des représentants affirment dans cette résolution  :

« Aujourd’hui, nous agissons pour répondre à cet appel. Le projet de loi dont nous sommes saisis, la résolution H.R. 4744, exige que l’administration détermine si de hauts responsables iraniens devraient être sanctionnés pour violation des droits de la personne. Il faut également déterminer si les entreprises iraniennes devraient être sanctionnées pour corruption publique. Et elle prévoit des sanctions à l’encontre des responsables de l’emprisonnement injustifié et politiquement motivé de citoyens américains par l’Iran.. »

Le texte attire l’attention sur ce point :

« Monsieur le Président, pendant des années, le régime de Téhéran a systématiquement écrasé toute opposition en Iran. Il utilise régulièrement des méthodes brutales sur son territoire, notamment la torture et les exécutions massives, dans le but d’exporter la violence et l’idéologie radicale à l’étranger. Depuis sa révolution de 1979, l’Iran est un État voyou. »

Les législateurs américains rappellent aussi que :

«  Comme le précise cette loi, aujourd’hui, le régime n’honore pas de façon flagrante ses engagements à respecter les droits fondamentaux du peuple iranien. Beaucoup d’entre nous se souviennent des exécutions massives barbares qui se sont déroulées sur une période de quatre mois en 1988. Des milliers de prisonniers politiques ont été exécutés par pendaison et par peloton d’exécution pour avoir refusé de renoncer à leur affiliation politique.

Aujourd’hui encore, le régime persécute des groupes ethniques et religieux minoritaires, tels que les Baha’is, les chrétiens, les soufis, les sunnites et les musulmans chiites dissidents. Et nous nous souvenons tous de la façon dont l’ayatollah a violemment réprimé la dissidence politique pacifique pendant la révolution verte – au cours de laquelle l’administration américaine précédente a affiché un silence embarrassant. C’était une véritable opportunité que les États-Unis ont manqué.. »

Le texte de la Chambre des représentants ajoute :

«  Monsieur le Président, je tiens à remercier le président McCaul et le membre de haut rang Engel pour leur leadership dans ce projet de loi. Je suis heureux que nous ayons un appui solide et bipartisan pour cette action. Quelle que soit la façon dont on perçoit l’accord nucléaire avec l’Iran, il est essentiel que les États-Unis et nos alliés continuent de faire pression sur l’Iran pour ses actes dangereux et menaçants qui ne relèvent pas du JCPOA (…)»

Le texte finit par ce rappel important  :

« N’oubliez pas que c’est le même régime des mollahs qui détient des citoyens américains – y compris celui qui est en très mauvaise santé – sur de fausses accusations dans le cadre de l’un des plus importants stratagèmes de rançon jamais orchestrés. Ce régime, bien sûr, a tenu ses premiers otages américains en 1979 lorsque ses agents ont envahi notre ambassade américaine. Le mode opératoire du régime reste le même. Il est vraiment temps que le régime subisse les conséquences de ses attaques contre les Iraniens et les Américains. »

© Souhail Ftouh pour Europe Israël

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