Perles sur la parachath ‘Ekev

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Perles recueillies en survolant le séder de ‘Ekev   

Comme un chandelier.

« Et ce sera en acceptant ces lois, en les observant et en les appliquant, que Hachem ton tout-Puissant gardera l’alliance et la générosité dont Il fit serment à tes pères » (7,12)
Le terme qui exprime la relation de cause à effet est exprimé dans le texte par ‘EKEV, renvoyant à différentes significations, dont l’une d’elle évoque le « talon » ou la « finalité ».
Comme si la véritable rétribution pour les mitsvoth ne sera donnée qu’au bout de la vie, c’est-à-dire dans le monde à venir.
En effet, comme dit dans le traité de ‘Houlin (142b), « il n’y a pas de salaire pour les mitsvoth en ce monde. »
Pour mieux comprendre, on peut se tourner vers les curieux propos du Midrach, qui établissent un rapport entre le début de notre paracha et la loi concernant l’assemblage d’une menora (candélabre, luminaire) composée de plusieurs morceaux. Celle-ci ne peut être assemblée le jour de Chabbath, car on transgresserait l’interdiction de Boné, « construire ».
C’est grâce au génie du ‘Hatam Sofer, que nous allons saisir le sens de ce rapport : certains commentaires relèvent que le report du salaire des mitsvoth pour le monde à venir apparat comme une flagrante transgression de ce que le Créateur Lui-même enjoint par ailleurs, à savoir payer le salaire de l’employé à temps, sans laisser passer ne serait-ce qu’une nuit. D’ dérogerait-Il à ses propres règles ?
Pour comprendre, il faut donc se faire à l’idée que l’action de l’homme en ce monde ne se résume pas à l’accomplissement de mitsvoth encadrées dans une durée précise. En fait, l’accomplissement des mitsvoth est un travail de tout instant, certes composé d’actes bien définis, mais qui forment au final un assemblage dont la forme n’apparaîtra qu’au bout de l’existence, à la porte du monde à venir.
Ainsi, de la même manière qu’en assemblant les composants d’une menora, l’on enfreint l’interdit de construire parce que tous ces composants participent à la formation de la menora, ainsi en va-t-il du salaire des mitsvoth qui n’est justifié qu’une fois la vie achevée…
Le mot ‘EKEV, talon, prend alors tout son sens…

Fécondité.

« Il n’y aura parmi toi, ni homme ni femme stériles » (7,14)
Le Ba’al Hatourim, dans son commentaire d’une extrême concision, laisse entendre que la stérilité dont il est question est celle des « paroles de Tora ».
Pour comprendre, il est intéressant de rapporter les propos du Megalé ‘Amoukoth, qui établit un rapport entre le premier et le dernier commandement de la Tora. Le premier est celui de « Piria ourvia », c’est-à-dire fructifier, se multiplier, se reproduire. Le dernier est celui qui nous enjoint d’écrire la Tora. On peut dire, pour donner sens à la comparaison, que la fécondité ou l’engendrement en matière d’étude de la Tora consiste à mettre par écrit ce que notre intelligence, aidée par les Cieux, a compris de l’héritage du Sinaï.
C’est pourquoi des Sages de tous temps ont encouragés quiconque en a la faculté, à écrire et à diffuser les ‘hidouchim qu’il a eu le mérite de produire.

Sauterelles, nouvelle édition

Dans notre paracha, il nous est demandé de ne pas oublier les coups reçus par les Égyptiens (7,15).

Rabbi Yossef Messas raconta une histoire dont l’acteur principal fut rabbi Ya’akov de Barcelone.
Un jour, une véritable « plaie » toucha sa ville, lorsque des millions de sauterelles envahirent les lieux, dévastant le territoire.
Le gouverneur de la ville fit convoquer un conseil en urgence, et sortit de chez lui pour se rendre au palais. En chemin, il rencontra le rav qui, lui, se rendait à la maison d’étude. Il s’adressa au rav :
– Pourquoi, selon vous, les Juifs, sommes-nous touchés par les sauterelles ?
– A cause de la plaie des sauterelles, répondit le rav.
– Tes propos sont énigmatiques, explique-toi !
– Les jeunes de la ville s’en prennent régulièrement aux braves Juifs qui se présentent sur leur chemin, en les frappant comme de véritables sauterelles !
– Pourquoi ne s’en plaignent-ils pas aux autorités ?
– Ils se plaignent, mais ils ne sont pas écoutés.
– Et qui te dit que c’est bien à cause de cela ?
– Et bien prenez les dispositions nécessaires, et vous verrez bien !

Le gouverneur émis immédiatement un arrêt qui menaça de punir très sévèrement quiconque s’en prendrait à un Juif de la ville. A peine l’ordre fut-il donné, que la plaie cessa et les sauterelles avaient disparues…

(Ma’ayan Hachavoua)

Triple bénédiction

« Afin que vous viviez, vous vous multipliiez et vous héritiez du pays » (8,1).

Selon rabbi ‘Ovadia Sforno, les trois bénédictions promises correspondent aux trois domaines de réussite que les hommes recherchent généralement : la vie, les enfants, et l’aisance matérielle (voir traité Mo’èd Katan 28a). Dans ce contexte, l' »héritage du pays » est l’installation dans l’opulence et la gloire.

Une référence

« Un pays de blé, d’orge, de vigne, de figue et de grenade » (8,8).

Le rav Hirch rapporte que le Talmud (Berakhot 41a) interprète ce verset comme une énumération de toutes les unités de poids et mesures utiles pour la Halakha.
Il raconte ensuite avoir rencontré l’auteur d’un livre traitant justement des questions de mesures dans la Halakha, et qu’il trouva dans l’ouvrage de cet auteur une remarque qui lui sembla très importante. Dans l’antiquité, raconte l’ouvrage, on fixait les poids et les mesures en se référant à des fruits. Il fallait, bien entendu, que ces unités soient universelles. Mais comme les fruits sont différents d’un pays à l’autre, on devait désigner un pays comme référence. Or c’est le pays d’Israël qui fut choisi, car on considérait ses fruits comme les meilleurs et les plus parfaits !
Voilà donc une belle illustration des compliments que la Tora formule à propos des fruits d’Erets Israël !

R. Chmouel Olivier. – www.torahacademy.fr

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