Israël : du lâchage au lynchage ?

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Par Huguette Chomski Magnis

Alors qu’Israël a été la cible d’attaques de missiles iraniens dans la nuit de samedi à dimanche, retour sur le lâchage, prémisse du lynchage, d’un pays menacé dans son existence, cerné au sud comme au nord

Des manifestants iraniens brûlent les drapeaux israélien et américain lors d'un rassemblement à Téhéran en 2023.Des manifestants iraniens brûlent les drapeaux israélien et américain lors d’un rassemblement à l’occasion de la «Journée de Jérusalem», une manifestation annuelle de soutien aux Palestiniens, à Téhéran, en Iran, le 14 avril 2023. Photo : Vahid Salemi.

Après le 7 octobre, le Président Macron avait proposé une coalition contre le Hamas, inspirée de celle contre l’État Islamique. Les protestations ne tardèrent pas, puisant leur source à la fois dans une posture idéologique pour laquelle rien de ce qui est palestinien ne saurait être condamné et dans la peur panique de nouveaux attentats islamistes sur notre sol.

Pourtant, elle était fondamentalement juste, cette première position, vite abandonnée, de la France. Peut-être pas sous la forme d’une coalition militaire mais d’une coalition diplomatique, d’un front uni contre le terrorisme islamiste, expression d’une réprobation de la conscience universelle.

Cela ne fut pas. Israël dut se débrouiller seul, l’ONU, où les dictatures donnent le ton, et son secrétaire général, portant une lourde responsabilité devant l’Histoire.

Six mois plus tard, Antonio Guterres a enfin dit ce qu’il aurait dû dire alors, il a reconnu et condamné les crimes du 7 octobre. Que de vies perdues, que de souffrance pendant ces six mois !

Son revirement n’a pas été relayé et n’a pas influencé les influenceurs.

La tonalité générale des commentaires politiques, en particulier, sur la radio de service public, reste à l’accablement d’Israël et de son Premier Ministre-qui-persiste-cruellement-à vouloir-lancer-une-offensive-sur-Rafah, la position la plus modérée consistant à renvoyer dos à dos Sinwar et Netanyahou. Les appels d’auditeurs sont de la même veine, avec en prime le projet de poursuites judiciaires contre les franco-israéliens servant dans Tsahal, susceptibles d’avoir commis des crimes de guerre à Gaza. En résumé, pour ces indignés à géométrie variable, comme pour l’Afrique du Sud ou le Nicaragua, la justice c’est : impunité pour les crimes contre l’humanité du 7 octobre, poursuites contre des crimes de guerre présupposés à Gaza.

Tous ce petit monde n’a assurément pas entendu l’appel lancé par le grand-oncle des bébés-otages Ariel et Kfir Bibas : « Je demande au président français et à tous les Français, s’il vous plaît, aidez-nous, vous avez la possibilité de changer les choses, mettez la pression au Hamas. »

Mettre la pression au Hamas ?

Personne ne semble y songer, seule la pression sur Israël est à l’agenda.

Oubliés, les parrains du Hamas, le régime islamique d’Iran et l’Émirat du Qatar !

Le premier pratique la diplomatie des otages et cela lui réussit puisque, honni et combattu par son peuple, il se maintient au pouvoir, poursuit ses crimes et parade à l’ONU.

Le second excelle dans la diplomatie de l’arrosage qui fonctionne à merveille. Il se présente comme un intermédiaire impartial alors qu’il dispose de tous les leviers pour faire pression sur le Hamas, à commencer par l’expulsion de ses chefs et le gel de leurs avoirs fabuleux.

Encore faut-il lui demander d’actionner ces leviers !

Au plan international c’est bien le lâchage, prémisse du lynchage, d’un pays menacé dans son existence, cerné au sud comme au nord, qui est à l’ordre du jour.

 La France semble prête à s’y rallier.

On se prend à s’interroger : que serait-il advenu en 1945 si des ONG, horrifiées par le sort terrible de la population allemande, avaient imposé, photos à l’appui, de cesser le feu avant la chute du 3ème Reich ?

L’empathie pour la population civile de Gaza, pour les enfants Gazaouis, est légitime, humaine et normale. Ce qui ne l’est pas, c’est de taire leur utilisation cynique comme bouclier humain.

Ce qui ne l’est pas, c’est de condamner les frappes israéliennes sur hôpitaux et écoles sans dire que ces infrastructures civiles ont été transformées en QG terroristes, bourrés d’armes et reliés à des tunnels.

Là est la désinformation, là est la manipulation qui nourrit la diabolisation d’Israël.

Pourtant, en dépit de ce matraquage, le récent sondage IFOP pour le CRIF indique que 70% des sondés éprouvent de la sympathie pour les Israéliens, 56% trouvent juste d’éliminer le Hamas, 66% conditionnent le cessez-le-feu à la libération de tous les otages, 56% caractérisent les actes commis le 7 octobre comme des crimes contre l’humanité.

Cette majorité silencieuse fait preuve d’un haut degré de conscience.

Reste à faire entendre la voix de cette majorité silencieuse.

A rappeler haut et fort que la libération de tous les otages déportés à Gaza le 7 octobre est une exigence absolue. Tous doivent rentrer en Israël, les enfants, les femmes et les hommes, les jeunes et les vieux, les vivants et les morts !

A exiger la destruction des stocks de roquettes et autres armes offensives, détenus aux portes d’Israël par les groupes terroristes palestiniens et par le Hezbollah.

A cesser de dédouaner l’UNRWA de sa responsabilité, de sa duplicité, de sa complicité avec le terrorisme et l’enseignement de la haine.

A demander au Qatar de cesser tout soutien au Hamas.

A soutenir la résistance héroïque des Iraniennes et des Iraniens qui aspirent à la liberté et à la paix.

C’est possible ! C’est notre responsabilité commune.


Un texte écrit le 10 avril 2024.


Huguette Chomski Magnis, l’auteure de cette tribune, est la Secrétaire générale du Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme.

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