Le rabbi de Kalov : la fête de Souccoth

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Au terme de deux guerres mondiales, qui affectèrent la vie de millions de personnes de chaque côté, et au cours de laquelle certains perdirent leur vie et d’autres, leurs biens, les nations du monde se réunirent pour créer un organisme, les Nations Unies, dans le but de promouvoir la paix en faveur du monde entier, et atteindre la vision de la fin des temps annoncée par le prophète Yecha’yahou : « Un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et on n’apprendra plus l’art des combats » (chapitre 2, verset 4).

Quatre-vingt ans se sont écoulés depuis lors, et nous sommes encore témoins de guerres et de frictions en constante augmentation, et d’une concurrence inédite pour obtenir les armes les plus dangereuses. La question se pose : qu’est-ce qui retarde l’obtention d’une paix désirée entre les nations du monde ?

Réponse : notre époque dominée par la technologie, qui détourne l’homme d’une réflexion sur des valeurs spirituelles, qui affaiblit la Émouna, et répand un vent de rejet du joug divin et d’hérésie contre la Providence divine, et qui est source de tous les défauts qui mènent aux conflits.

L’un des facteurs essentiels de la querelle est la jalousie. Elle provient d’une pensée hérétique stipulant que tout dépend de la force de notre poignet et de la volonté de chaque homme, et non de la Providence céleste. C’est pourquoi nous constatons à notre époque que plus la foi dans le Dirigeant du monde s’affaiblit, plus l’esprit de concurrence et de jalousie se répand dans tous les domaines de la vie, entre pays voisins, d’un parti à un autre, d’un homme à son prochain, et entre l’homme et son épouse, au point qu’elle devient le facteur essentiel et déterminant de toutes les décisions. Elle est responsable des crises de grande ampleur de notre époque, à l’échelle de la cellule familiale, des communautés et des nations.

Autre facteur de conflit : l’orgueil, comme l’indiquent nos Sages (Sota 47b) : « Depuis lors où les orgueilleux se sont multipliés, les conflits ont augmenté au sein du peuple juif.» Celui qui est entraîné par l’arrogance en vient à penser que dans tous les domaines, il dépasse tous les autres, et de ce fait, il rabaisse les qualités des autres et ne leur trouve que des défauts, et entretient le feu des conflits qui débouche sur la haine gratuite.
L’homme arrogant poursuit les honneurs : lorsqu’on accorde plus d’honneur à quelqu’un d’autre, ou lorsqu’il a le sentiment que quelqu’un méprise son honneur, il cherche à médire de son prochain pour le rabaisser, et la victime, qui n’est pas prête à ravaler sa fierté, se met à son tour à médire du premier, et tous deux se livrent une guerre où chacun cherche des preuves pour protéger son honneur. Deux partis se forment, chacun affirmant que c’est une Mitsva de combattre la partie adverse, et de nombreuses fautes en découlent, allumant le feu de la discorde et de la haine.

Il est très difficile de trouver des compromis et de mettre un terme à des controverses, car lorsque l’homme constate que sa vie en est très perturbée, il pense que son honneur serait atteint s’il cherchait à obtenir la paix, et il est prêt à renoncer à toute sa vie dans ce monde pour protéger son honneur.

Tout ceci est dû à une faille dans la Émouna, comme l’explique le Ramban dans sa célèbre missive envoyée à son fils qui résidait en Catalogne : toute personne qui a conscience que tout ce qui lui appartient est un cadeau de Hachem, et n’est pas dû à la force de son poignet, n’a pas de quoi se vanter, et n’attend pas d’être honoré par autrui, car il sait que les honneurs sont uniquement destinés au monde éternel.

Une faille dans la Émouna conduit également à la colère, autre motif des conflits, comme l’indiquent les textes du Baal Chem Tov. Ainsi, nos Maîtres (Zohar Beréchit 27b) expliquent que le colérique est comparable à un adorateur d’idoles. En effet, l’homme doit réfléchir que tout événement qu’il vit est orchestré par Hachem qui dirige le moindre de nos gestes. Lorsqu’un homme s’emporte contre son prochain suite à un malheur ou un échec, c’est le signe que sa Émouna dans la Providence céleste a disparu.

À l’époque du rabbi de Rouzyne, un non-Juif érudit étudiait également des textes sacrés au point de devenir spécialiste du Tanakh et des commentateurs. Lorsque la réputation du savoir du rabbi de Rouzyne se répandit, le chercheur voulut savoir à qui il avait affaire. Il se rendit auprès du rabbi de Rouzyne et lui demanda : « Il est écrit dans la paracha de ‘Houkat (Bamidbar 21,1) : ‘Le Cananéen, roi d’Arad, qui habitait au midi’ : Rachi commente : « Il entendit que Aharon était mort et que les nuées de gloire avaient disparu ». Une question se pose : quelle est la relation entre le décès d’Aharon et la disparition des nuées de gloire ? Comment expliquer que les nuées de gloire ont été créées par le mérite d’Aharon Hacohen ?»

Le rabbi de Rouzyne répondit : « Les scientifiques affirment que de fines vapeurs émanent du corps humain, des narines et de l’haleine. Si dans un lieu, se trouvent deux hommes qui s’apprécient, les vapeurs qui émanent d’eux se mélangent et s’unissent, mais lorsqu’il n’y a pas de relation d’affinité entre deux hommes, il n’y a pas non plus de mélange de vapeurs.
Nos Sages dans la Michna (Avoth 2,12) nous enjoignent : « Soyez des élèves d’Aharon, qui aime la paix et poursuit la paix. » Il se trouve qu’Aharon fit régner l’amour et l’entente entre 600 000 Bené Israël qui étaient comme un seul homme, dotés d’un seul cœur. Ainsi, l’haleine et les vapeurs qui émanèrent du Klal Israël se mélangèrent et s’unirent et de ce fait, les nuées de gloire furent formées. C’est pourquoi elles se nomment : « Nuées de gloire », car c’était une gloire pour le peuple d’Israël chez qui régnaient l’amour et l’unité, la paix et la fraternité. »

La mitsva de Souca nous est prescrite en souvenir des nuées de gloire, lorsque les enfants d’Israël résidaient dans le désert. En effet, Hachem voulait que les enfants d’Israël se remémorent la paix et de l’union qui régnait entre les tribus d’Israël à cette époque, à l’origine des nuées de gloire, afin qu’ils méditent et suivent également cette voie, en se renforçant dans leur Émouna. La sainteté de la Soucca y contribue, comme nous le voyons dans le Zohar : la Soucca se nomme «l’ombre de la Émouna», une référence à la Émouna originelle de nos ancêtres.

Les Écritures (Vayikra 23,43) mentionnent le motif de la Soucca : « Afin que vos générations sachent (Yéd’ou) » : il est question de la Émouna qui est une connaissance, comme il est dit (Yirméyahou 9,23) : « Pour Me comprendre et savoir (Yéda) que Je suis l’Éternel. » Il est aussi dit (Divré Hayamim I, 28,9) : « Reconnais (da’) le D.ieu de tes pères » : lorsque nous séjournons dans la Soucca, saisissons l’opportunité pour réfléchir et renforcer notre Émouna et notre reconnaissance de Hachem. Nous aurons ainsi le privilège de vivre dans la paix et l’unité.

‘Hag saméah !

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